Asie-pacifique : Le Quad s’oppose à tout «changement du statu quo par la force»

25/05/2022 mis à jour: 17:56
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Photo : D. R.

Lundi, le président américain, Joe Biden, a affirmé que son pays défendrait Taïwan en cas d’invasion de l’île autonome par les forces de Pékin. Il a cependant précisé hier que «l’ambiguïté stratégique» de Washington, consistant à ne reconnaître diplomatiquement que la Chine continentale tout en s’engageant à donner à l’île autonome les moyens militaires pour se défendre en cas d’invasion, reste inchangée.

Les Etats-Unis, l’Inde, le Japon et l’Australie s’opposent à tout «changement du statu quo par la force», en particulier en Asie-Pacifique. C’est ce qu’a déclaré hier le Premier ministre nippon, Fumio Kishida, à l’issue d’une réunion à Tokyo du Dialogue quadrilatéral pour la sécurité (Quad) regroupant ces quatre pays, rapporte l’AFP.

Les membres du Quad, qui s’inquiètent notamment de l’influence grandissante et des manœuvres militaires de la Chine dans la région, ont également annoncé un plan visant à consacrer au moins 50 milliards de dollars (environ 47 milliards d’euros) à des projets d’infrastructure et à des investissements en Asie-Pacifique ces cinq prochaines années.

«Alors que l’invasion de l’Ukraine par la Russie ébranle les principes fondamentaux de l’ordre international», les dirigeants américain, indien, australien «et moi-même sommes d’accord sur le fait que les tentatives unilatérales de changer le statu quo par la force ne seront jamais tolérées nulle part, particulièrement dans la région indo-pacifique», a déclaré F. Kishida.

Lundi, le président américain, Joe Biden, a affirmé que son pays défendrait Taïwan en cas d'invasion de l'île autonome par les forces de Pékin. Il a cependant précisé hier que «l’ambiguïté stratégique» de Washington, consistant à ne reconnaître diplomatiquement que la Chine continentale tout en s’engageant à donner à l’île autonome les moyens militaires pour se défendre en cas d’invasion, reste inchangée.

La Chine n’a pas tardé à réagir. «Je veux rappeler à la partie américaine qu’aucune force au monde, y compris les Etats-Unis, ne peut empêcher le peuple chinois d’accomplir une unification nationale complète», a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin.

Si Washington «persiste sur la mauvaise voie, cela aura non seulement des conséquences irrémédiables pour la relation sino-américaine, mais aussi un coût insupportable pour les Etats-Unis», a-t-il ajouté.

Accusations

Les quatre membres du Quad s’inquiètent régulièrement des manœuvres militaires et des tentatives chinoises de «grignotage» autour d’îles du Pacifique. Dans leur déclaration hier, les quatre chefs d’Etat ont fait spécifiquement référence à «la militarisation» de secteurs contestés, à «l’utilisation dangereuse de navires de garde-côtes et de milices maritimes et aux efforts visant à perturber les activités d’exploitation des ressources offshore d’autres pays», autant d’activités que la Chine est accusée de mener dans la région.

La déclaration a toutefois évité de condamner explicitement la Chine ou la Russie. L’Inde est le seul membre du Quad ayant refusé de critiquer publiquement Moscou pour son invasion de l’Ukraine. A l’issue de leurs discussions à Tokyo, les pays du Quad se sont également mis d’accord pour lancer une nouvelle initiative de surveillance maritime destinée à renforcer la surveillance des activités chinoises dans la région.

Ces mesures, avec le plan visant à consacrer au moins 50 milliards de dollars à des projets d’infrastructure et à des investissements, font suite aux inquiétudes suscitées par les récents efforts déployés par la Chine pour nouer des liens avec les nations du Pacifique, notamment les îles Salomon, qui ont conclu un pacte de sécurité avec Pékin le mois dernier.

«Nous nous engageons à travailler en étroite collaboration avec nos partenaires de la région pour stimuler les investissements publics et privés», ont déclaré les dirigeants américain, indien, japonais et australien dans leur déclaration commune.

Par ailleurs, des bombardiers chinois et russes ont volé ensemble hier à proximité du territoire japonais, a annoncé le ministre nippon de la Défense, Nobuo Kishi, précisant que Tokyo a officiellement protesté contre Pékin et Moscou en exprimant ses «graves inquiétudes».

«Deux bombardiers chinois ont rejoint deux bombardiers russes en mer du Japon et ont effectué un vol groupé vers la mer de Chine orientale», a-t-il déclaré à la presse. Après cela, quatre avions au total, dont probablement deux autres bombardiers chinois et deux autres russes, «ont opéré un vol groupé de la mer de Chine orientale à l’océan Pacifique», a ajouté le ministre.

Un avion russe de surveillance et de renseignement a, par ailleurs, volé le même jour au nord de l’île japonaise septentrionale de Hokkaido jusqu’à la péninsule de Noto (centre du Japon), a poursuivi N. Kishi, qualifiant ces agissements de particulièrement «provocateurs» le jour du sommet du Quad à Tokyo.

«Nous avons exprimé par les canaux diplomatiques nos graves inquiétudes du point de vue de notre pays et pour la sécurité régionale», a-t-il affirmé. Pékin a confirmé ces vols, soutenant qu’ils entrent dans le cadre du «plan annuel de coopération militaire» entre la Chine et la Russie. 

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