Selon la BAD, «la configuration actuelle de l’architecture financière mondiale n’est pas adaptée aux besoins de financement du développement durable et aux réponses nécessaires aux chocs». D’où la nécessité d’amorcer une réforme de fond.
Les assemblées annuelles du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) s’ouvrent, aujourd’hui, à Nairobi, au Kenya, et se poursuivront jusqu’au 31 mai. Les réunions qui comprennent la 59e Assemblée annuelle de la Banque africaine de développement et la 50e réunion du Fonds africain de développement se tiendront sous le thème : «La transformation de l’Afrique, le Groupe de la Banque africaine de développement et la réforme de l’architecture financière mondiale».
L’événement marque le 60e anniversaire du groupe de la BAD.Ce sera également l’occasion de lancer le rapport sur les perspectives économiques en Afrique 2024. Le document fera le point sur les progrès réalisés par l’Afrique dans la transformation de son économie et le maintien de son développement au cours des dernières décennies. Objectif : comprendre les principaux facteurs favorables et les contraintes.
Il s’agit aussi d’identifier les lacunes et de proposer des politiques pragmatiques. Et ce, de manière à accélérer le rythme de la transformation de l’Afrique. Une transformation qui tarde à se faire, notamment, sur le plan structurel dans de nombreux pays du continent. D’où le retard dans la transition économique.
La BAD explique cette lenteur par une dépendance excessive à l’égard d’une croissance tirée par les matières premières, des infrastructures inadéquates : bassin insuffisant de travailleurs qualifiés et faible accès à un financement abordable, une gouvernance institutionnelle faible, des conflits récurrents, les effets du changement climatique, le resserrement des conditions financières mondiales et des vulnérabilités croissantes en matière d’endettement.
La BAD le souligne clairement : «Malgré une croissance économique soutenue au cours des deux dernières décennies, la transformation économique de l’Afrique reste incomplète.» Rappelant en effet que le PIB réel de l’Afrique a augmenté chaque année de 4,3% entre 2000 et 2022, contre une moyenne mondiale de 2,9%, et bon nombre des dix économies à la croissance la plus rapide au monde se trouvent en Afrique, la BAD relève : «La structure des économies africaines n’a pas changé de manière significative au cours des deux dernières décennies, les secteurs de l’agriculture, de l’industrie et des services représentant en moyenne respectivement 16,33 et 51% du PIB global de l’Afrique sur la période 2000-2022. Cela correspond aux niveaux atteints dans les années 1990.»
Autre indicateur, l’emploi dans le secteur manufacturier a également diminué en raison d’une désindustrialisation prématurée. «Malgré l’augmentation du nombre d’emplois manufacturiers, de 20,2 millions en 2000 à 33,3 millions en 2021, le secteur représente moins de 10% de l’emploi total. L’emploi dans le secteur manufacturier représentait 7,7% de l’emploi total en Afrique en 2000», souligne la BAD.
Ce taux qui représente la moitié de la moyenne mondiale qui était de 14,6% en 2000 a encore baissé en 2021 pour se situer à 7,4%. Globalement, le continent représente une petite fraction des emplois manufacturiers mondiaux : 6,9% en moyenne sur 2000-2021, contre 52,6% en Asie de l’Est et Pacifique et 7,9% pour l’Amérique latine et les Caraïbes.
Comme conséquence, un retard dans la réalisation de «presque toutes les cibles» des Objectifs du développement durable (ODD) d’ici 2030. Faudrait-il rappeler dans ce cadre que l’extrême pauvreté reste la plus élevée au monde (33%). L’Afrique reste aussi, selon les données de la BAD, la deuxième région du monde la plus inégalitaire sur le plan économique, après l’Amérique latine et les Caraïbes.
Ce sont donc autant d’éléments qui appellent à l’accélération de la transformation économique de l’Afrique. «Cela nécessitera toutefois des ressources substantielles. Le coût de la réalisation des ODD d’ici 2030 en Afrique est estimé à environ 1300 milliards de dollars américains par an, soit l’équivalent de 42% des 3100 milliards de dollars américains du PIB de l’Afrique en 2023 (AEO 2023)», analyse à ce sujet la BAD qui poursuit : «La configuration actuelle de l’architecture financière mondiale n’est pas adaptée aux besoins de financement du développement durable et aux réponses nécessaires aux chocs». D’où la nécessité d’amorcer une réforme dans ce cadre. Ce qui explique le choix du thème pour ces réunions. «Il est nécessaire d’accélérer la transformation de l’Afrique dans le contexte d’un système financier international réformé», préconise la BAD.
Laaziz Faid à Nairobi pour les réunions de la BAD
Le ministre des Finances, Laaziz Faid, prendra part aux réunions annuelles de la BAD en tant que représentant du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. C’est ce qu’a indiqué un communiqué rendu public hier. En sa qualité de gouverneur de la BAD pour l’Algérie, M. Faid dirigera, par ailleurs, une délégation de son département ministériel pour participer à une série de réunions et d’événements de haut niveau, a fait savoir le communiqué. Au programme, figure notamment la session du Conseil des gouverneurs, qui sera dédiée à l’examen et l’approbation du bilan de la BAD, à l’adoption des états financiers et des rapports annuels, et aux discussions sur les priorités stratégiques de la Banque.
Le programme prévoit également le dialogue des Gouverneurs qui offre une plateforme de dialogue avec le Président et la haute direction de la Banque sur des questions d’importance stratégique pour le continent et la banque, souligne le ministère. Et d’expliquer que cette année, le dialogue portera, essentiellement, sur le rôle de la Banque dans la mobilisation du secteur privé dans le contexte de l’agenda de réformes des BMD, et sur la manière d’améliorer la facilitation du secteur privé en vue d’une croissance inclusive et durable en Afrique. S. I.