Après le retrait de Joe Biden de la présidentielle américaine : Le Parti démocrate à la recherche d’un candidat

23/07/2024 mis à jour: 02:57
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La vice-présidente Kamala Harris s’est dite prête à se lancer pour battre Trump

Après le retrait du président américain Joe Biden de la course à la Maison-Blanche, les démocrates comptent évaluer si la vice-présidente Kamala Harris est la mieux placée pour battre Donald Trump à l’élection du 5 novembre.


Tout en annonçant dimanche sa décision historique après des semaines de spéculations sur ses capacités physiques et mentales, Joe Biden  a apporté son soutien à sa vice-présidente. «Je pense qu’il est dans l’intérêt de mon parti et du pays que je me retire et que je me concentre uniquement sur l’exercice de mes fonctions de président jusqu’à la fin de mon mandat», a déclaré J. Biden, 81 ans, dans un communiqué. «Aujourd’hui, je veux apporter mon soutien total et mon appui à Kamala pour être la candidate de notre parti cette année», a-t-il ajouté sur le réseau social X depuis sa résidence à Delaware, où il est confiné après avoir contracté la Covid. Il jette ainsi l’éponge à un mois de la convention démocrate, prévue entre le 19 et le 22 août, qui aurait dû l’introniser candidat, et à quatre mois de l’élection présidentielle prévue en novembre. 


Ainsi, en huit jours seulement, la course à la Maison-Blanche a connu deux rebondissements historiques : la tentative d’assassinat de Donald Trump le 13 juillet, le retrait de Joe Biden, contraint à céder sous la pression de son propre camp.


La vice-présidente Kamala Harris s’est déclarée dans la foulée prête à «remporter l’investiture» démocrate en vue de «battre Donald Trump». Agée de 59 ans, elle affiche une image de jeunesse face à Donald Trump, 78 ans, qui est sorti renforcé le 18 juillet lors de la convention du Parti républicain à Milwaukee (Wisconsin) qui l’a officiellement intronisé candidat à la présidentielle. 

Le retrait de Biden bouleverse la stratégie du républicain. «Nous devons tout recommencer», a-t-il écrit sur son réseau social, taclant au passage Kamala Harris, qui sera «encore pire» que Joe Biden. L’équipe de campagne de D. Trump a jusque-là multiplié les publicités électorales mettant en scène un Joe Biden gaffeur, bégayeur, ou qui trébuche. Autant d’arguments qui risquent de se retourner contre le républicain, s’il est opposé à Kamala Harris, de près de 20 ans sa cadette.


«Terrain inconnu»

Lors de la convention du Parti démocrate, mi-août à Chicago, le choix de Kamala Harris sera-t-il possible ? Elle a déjà reçu un autre appui de poids, l’ancien président Bill Clinton et son épouse Hillary Clinton, ancienne secrétaire d’Etat, ayant annoncé dimanche leur soutien à Kamala Harris. D’autres personnalités du Parti démocrate ont déclaré qu’ils la soutiennent, à l’exemple du l’ex-secrétaire d’Etat américain, John Kerry, et de plusieurs gouverneurs, dont certains sont considérés comme de potentiels rivaux : Gretchen Whitmer (Michigan), Gavin Newsom (Californie), Wes Moore (Maryland), Andy Beshear (Kentucky) ou J. B. Pritzker (Illinois) et la représentante du 14e district de New York Alexandria Ocasio-Cortez. «Aujourd’hui plus que jamais, il est crucial que notre parti et notre pays s’unissent rapidement pour vaincre Donald Trump et la menace qui pèse sur la démocratie américaine», a déclaré l’influente élue de New-York.


De son côté, le sénateur indépendant Joe Manchin, un ancien démocrate connu pour ses positions conservatrices, a annoncé, hier sur la chaîne CBS, ne pas être candidat à la présidentielle. Cependant, l’ex-président Barack Obama, l’une des personnalités démocrates les plus influentes, s’est contenté d’exprimer sa «confiance» dans son parti pour instaurer «un processus qui permettra l’émergence d’un candidat exceptionnel», sans mentionner Kamala Harris. Tout en estimant que Joe Biden est «convaincu que c’était la bonne (décision) pour l’Amérique», Barack Obama a mis en garde les démocrates qui vont «naviguer en terrain inconnu dans les jours à venir». 

Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, le chef de la minorité démocrate à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, ont salué le retrait de Joe Biden mais sans pour autant soutenir la vice-présidente, la candidate naturelle pour affronter Donald Trump en novembre. Nancy Pelosi, ancienne présidente de la Chambre américaine des représentants, serait en faveur d’un processus «ouvert» de désignation. Le dernier mot revient aux délégués du Parti démocrate, 3900 personnes au profil très varié et pour la plupart complètement inconnues du grand public. Le processus de sélection sera «transparent et discipliné», a d’ailleurs promis dans un communiqué le chef du Parti démocrate, Jaime Harrison.


Le retrait de Joe Biden a déjà rapporté gros au Parti démocrate, qui a enregistré la plus grande collecte de fonds en une seule journée pour la présidentielle, soit 46,7 millions de dollars (42,8 millions d’euros), a annoncé ActBlue, le groupe de levée de fonds pour le parti. 

Le scénario de dimanche s’est déjà présenté pour les démocrates en mars 1968, quand le président Lyndon B. Johnson a publiquement annoncé qu’il ne briguerait pas de second mandat, en pleine guerre du Vietnam. Le candidat choisi pour le remplacer in extremis, Hubert Humphrey, a perdu. Amnay Idir

 

 

 

De la volte-face au renoncement
 

En mars 2020, Joe Biden, 77 ans, en campagne pour la Maison-Blanche, fait, déjà, face à des critiques récurrentes sur son âge. 

Lors d’une réunion de levée de fonds, le démocrate déclare se voir comme un «candidat de transition». «Il y a toute une génération de dirigeants que vous avez vus se ranger derrière moi. Ils sont l’avenir de ce pays», assure-t-il. Des propos immédiatement interprétés comme un engagement solennel du candidat à n’être le président que d’un seul mandat. Le 20 janvier 2021, il devient le plus vieux président américain à prêter serment. Durant les 18 premiers mois de sa présidence, il fait adopter plusieurs projets d’investissement pour le climat et les infrastructures américaines. Il ne cesse en parallèle d’alerter sur le danger que Donald Trump représente pour la démocratie.


Le président démocrate souffre malgré tout d’une cote de popularité anémique et on lui prédit une déroute monumentale aux élections de mi-mandat, des législatives. Mais c’est bien l’inverse qui se produit. Les démocrates gardent le contrôle du Sénat, infligeant un camouflet sévère au Parti républicain. Dans la foulée, Donald Trump annonce être à nouveau candidat à la Maison-Blanche.


Balayés les doutes sur son âge, les démocrates voient désormais en Joe Biden la meilleure option pour la victoire.
Réuni en congrès à Philadelphie en février 2023, les démocrates accueillent Joe Biden sur scène aux cris de «Quatre ans de plus !» Sa candidature est formalisée le 25 avril 2023. Dans un tweet publié vers 6h, Joe Biden annonce être candidat à sa réélection. «Finissions le travail», lance-t-il, en choisissant sa vice-présidente, Kamala Harris, pour le seconder dans la course.


Joe Biden mène toutefois une campagne largement en sourdine, interrompue par de nombreux longs week-ends qu’il passe dans sa résidence de vacances, dans le Delaware. Les vidéos du démocrate, trébuchant, bégayant, souriant dans le vide, hagard, se répandent sur les réseaux sociaux. Le 27 juin 2024, le président américain et son prédécesseur républicain ont rendez-vous sur CNN pour le premier débat de la campagne. Sur scène, J. Biden apparaît confus, mâche ses mots, tandis que D. Trump est plein d’aplomb. A peine le débat terminé, un torrent de messages de démocrates anonymes et paniqués se répand dans la presse. Ils exhortent le Président, qu’ils ont trouvé bien trop vieux, à se retirer pour éviter un naufrage face aux républicains en novembre. En meeting en Caroline du Nord, J. Biden assure qu’il «peut faire le boulot», mais chez les riches donateurs du Parti démocrate, le doute s’est installé. Une première digue cède le mardi suivant. La ténor démocrate Nancy Pelosi, ancienne présidente de la Chambre des représentants, estime qu’il est «légitime» de s’interroger sur l’état de santé de Joe Biden. Dans la foulée, un premier élu démocrate appelle le Président à renoncer à briguer un second mandat. Un deuxième parlementaire lui emboîte le pas 24 heures plus tard, tandis qu’une poignée d’autres expriment, pour la première fois publiquement, de vives réserves sur l’âge du Président. Ces appels sont un temps mis en sourdine après la tentative d’assassinat de Donald Trump. Mais ils seront au total plus d’une trentaine à l’exhorter à jeter l’éponge. Jusqu’au communiqué de Joe Biden dimanche. 

 

 

RÉACTIONS INTERNATIONALES

 

RUSSIE

Le Kremlin a réagi en se disant «attentif» à l’évolution de la situation. «L’élection est dans quatre mois. C’est une longue période pendant laquelle beaucoup de choses peuvent changer. Nous devons être attentifs, suivre ce qui va se passer», a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, au média Life.ru. L’ex-président Dmitri Medvedev a souhaité «une bonne santé» à Joe Biden dans un message sur Telegram, ajoutant que «les objectifs de l’opération militaire spéciale (seraient) atteints», en référence à l’offensive menée par Moscou en Ukraine.
  
UKRAINE

Le président Volodymyr Zelensky a remercié Joe Biden pour les «mesures courageuses» qu’il a prises pour soutenir l’Ukraine, saluant sa «décision difficile mais forte» de ne pas se représenter.
 
FRANCE
«Un grand Président, un grand homme : Joe Biden choisit l’intérêt de son pays. Acteur du progrès aux Etats-Unis, ardent défenseur de la démocratie et de la stabilité du monde, il parachève ce soir son œuvre politique avec courage et sagesse», a salué sur X la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet.

ALLEMAGNE 
Le chancelier Olaf Scholz a salué une décision qui mérite «le respect». 
«Mon ami Joe Biden a accompli beaucoup de choses : pour son pays, pour l’Europe, pour le monde», a écrit le chancelier sur X, ajoutant : «Sa décision de ne pas se représenter mérite le respect.»

GRANDE- BRETAGNE
Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a dit «respecter» la décision du président américain. «Je sais que comme il l’a fait tout au long de sa remarquable carrière, il aura pris sa décision en fonction de ce qu’il estime être le mieux pour le peuple américain», a-t-il ajouté sur X.

CANADA
«Je connais le président Biden depuis des années. C’est un grand homme, et tout ce qu’il fait est guidé par l’amour qu’il porte à son pays. En tant que Président, il est un partenaire des Canadiens et un véritable ami», a écrit le Premier ministre canadien, Justin Trudeau,, sur X.

AUSTRALIE
Le Premier ministre australien, Anthony Albanese, a salué le «leadership» de Joe Biden et son engagement «en faveur des valeurs démocratiques, de la sécurité internationale, de la prospérité économique et de l’action climatique pour les générations actuelles et futures».

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