Après l’analphabétisme, l’illettrisme

14/09/2023 mis à jour: 01:11
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Le vendredi 8 septembre 2023, a été célébrée la Journée mondiale de l’alphabétisation. A part des cérémonies de remise des diplômes aux apprenantes des centres d’alphabétisation, car il s’agit en grande majorité de femmes âgées, l'événement s'est déroulé presque dans l’anonymat en Algérie. C’est vrai que pour les autorités dans les wilayas, la priorité du moment est pour le nettoyage et l’embellissement des écoles.

Ce qui prime sur l’amélioration des conditions de travail des enseignants et du niveau scolaire des élèves. Mais au fond, la question de la lutte contre l’analphabétisme semble être reléguée au second plan ces dernières années. Pourtant, depuis la création, en 1966, de l'Office national d'alphabétisation et d'enseignement pour adultes (ONAEA), placé sous la tutelle du ministère de l’Education nationale, l’Algérie a toujours été un modèle dans le monde en matière d’alphabétisation.

Des efforts qui ont permis, depuis 2008, de réduire le taux d’analphabétisme à 7,94% en 2021, puis 7,4% en 2022. Un chiffre qui demeure encore important pour une population de 44,5 millions d’habitants. Aujourd’hui, la réalité est bien différente des chiffres de l’ONAEA.

Avec les taux d’échec et de déperdition scolaires, dus aux carences dans l’apprentissage, mal pris en charge au sein d’une école en déphasage et dépassée par ses problèmes, on est en train de passer du stade de l’analphabète, celui qui ne sait pas lire et écrire, parce qu’il n’a pas fréquenté l’école, à celui de l’illettré, c'est-à-dire celui qui a été scolarisé, mais dont l’apprentissage ne lui a pas permis de maîtriser la lecture et l’écriture, avec le risque de perdre cette maîtrise avec le temps. Dans cette nouvelle catégorie, qui aura tendance à donner, avec le temps, de nouveaux analphabètes, la situation est plus délicate.

Elle prend de l’ampleur avec ces milliers d’élèves qui trouvent des difficultés à suivre à l’école et qui auront des problèmes pour passer d’un palier à un autre de l’enseignement. Dans plusieurs régions de l’Algérie profonde où les conditions de scolarisation demeurent encore pénibles, en dépit des efforts de l’Etat, des élèves, notamment les filles, sont contraints de rompre leur scolarité pour des raisons liées à la pauvreté, aux conditions sociales et, surtout, au chômage. Comme pour l’analphabétisme, qui touchait beaucoup plus les adultes des années post-indépendance, l’illettrisme risque d’avoir des conséquences sociales et économiques pour ces jeunes.

A l’instar de leurs parents, et en raison de leur situation d’illettrés, ces futurs citoyens auront des difficultés à trouver un emploi et se prendre en charge, car n’ayant pas les compétences de base pour être autonomes dans la vie courante. Des citoyens qui auront aussi des difficultés d’accès à la formation, à l’information, à l’insertion sociale, mais aussi à prendre part à la vie publique et jouer un rôle dans la communauté, surtout qu’ils seront appelés, un jour, à voter.

Après l’analphabétisme des décennies précédentes, l’illettrisme est le grand défi auquel est déjà confronté l’Etat algérien, en pleine révolution numérique et informatique. Il est urgent d’engager une sérieuse réflexion au sein des institutions publiques et des associations. Cela va de l’avenir du pays dans un monde en nette évolution où il n’y aura plus de place pour les recalés.

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