Le président chinois, Xi Jinping, a appelé cette semaine les troupes à renforcer leur préparation à la guerre, ont rapporté hier les médias d’Etat, relayés par l’AFP. Le président chinois a fait ces commentaires jeudi alors qu’il visitait une brigade de la Force des roquettes de l’armée, selon la chaîne de télévision publique CCTV.
Il a déclaré que l’armée devait «renforcer de manière complète l’entraînement et la préparation à la guerre, (et) s’assurer que les troupes disposent de solides capacités de combat», a rapporté CCTV. Les soldats doivent «améliorer leurs capacités de dissuasion stratégique et de combat», a-t-il ajouté.
La Chine, qui revendique Taïwan comme faisant partie de son territoire, a intensifié ses démonstrations de force autour de l’île autonome ces dernières années. Lundi, Pékin a déployé des avions de chasse, des drones, des navires de guerre et des garde-côtes pour encercler Taïwan. Il s’agit de sa quatrième série de manœuvres de guerre à grande échelle autour de l’île en un peu plus de deux ans. Les dirigeants communistes chinois insistent sur le fait qu’ils n’excluent pas de recourir à la force pour placer Taïwan sous le contrôle de Pékin. Jeudi, Xi Jinping a encore affirmé que l’armée chinoise devait «sauvegarder fermement la sécurité stratégique et les intérêts fondamentaux du pays», selon CCTV.
La Chine revendique Taïwan comme faisant partie de son territoire. Elle dit privilégier une réunification «pacifique», mais n’a pas renoncé à employer la force militaire. La Chine et Taïwan sont gouvernés séparément depuis 1949 et la fuite des forces nationalistes de Tchang Kaï-chek sur l’île, défaites par les combattants communistes menés par Mao Tsé-toung.
En juin 1950, le président Truman ordonne à la Septième Flotte d’être prête à s’opposer à une attaque contre Taïwan. Dans un contexte de tensions entre la République populaire de Chine (RPC) et la République de Chine (Taïwan), cette dernière conclut un traité de défense mutuelle avec les Etats-Unis en décembre 1954. Ce geste est dénoncé par le Premier ministre de la RPC, Zhou Enlai, comme une intrusion dans ses affaires intérieures. En 1971, la Chine remplace Taïwan.
En 1979, Washington établit des relations diplomatiques avec Pékin.
Fin 1987, le fils de Tchang Kaï-chek autorise les résidents taïwanais à se rendre sur le continent. Des familles séparées depuis 1949 peuvent se réunir pour la première fois.
«Mesures nécessaires»
Avec le Taiwan Relations Act (TRA) voté par le Congrès en 1979, les Etats-Unis sont tenus de livrer des armes défensives à Taipei selon ses besoins et de considérer toute tentative chinoise de modifier le statut de l’île par la force comme un fait «extrêmement préoccupant», une formulation connue pour son «ambiguïté stratégique», dans la mesure où elle ne dit pas clairement si Washington interviendra ou pas.
En 1991, Taipei met fin à l’état de guerre avec la Chine. En mars 2005, Pékin adopte une loi anti-sécession prévoyant des moyens «non pacifiques» si Taïwan déclare l’indépendance.
En 2008, Pékin et Taipei reprennent leur dialogue suspendu en 1995. En 2010, ils signent un accord-cadre de coopération économique, puis nouent, quatre ans plus tard, un dialogue entre gouvernements. Les relations entre Pékin et Taipei se sont envenimées en 2016, avec l’arrivée à la présidence de Tsai Ing-wen.
La dirigeante du parti DPP défend «l’identité nationale» de l’île et réclame un dialogue «d’égal à égal» avec la Chine. Pékin suspend toute communication et accentue sa pression diplomatique et économique sur l’île.
En janvier 2020, Tsai Ing-wen, réélue, affirme que Taïwan est «un pays en tant que tel». Début octobre, Xi Jinping demande à l’armée de «se préparer à la guerre». En octobre 2021, Taipei et Washington ont confirmé la présence de soldats américains sur l’île.
Lors d’un discours prononcé à Pékin en janvier 2019, le président chinois, Xi Jinping, a promis que Taïwan sera réunifiée à l’Empire du Milieu. Comme il a réaffirmé que Pékin ne renoncera pas à la force pour récupérer l’île. «Nous ne promettons pas de renoncer au recours à la force et nous nous réservons le droit de prendre toutes les mesures nécessaires», a déclaré le président chinois.
Dans cet esprit, il a évoqué les «forces extérieures» qui agissent contre la réunification pacifique et «les actions indépendantistes et séparatistes». «L’indépendance de Taïwan ne pourra conduire qu’à une impasse», a prévenu le président Xi Jinping. «La Chine doit être réunifiée et elle le sera.» En octobre 2021, la Chine rejette une proposition américaine d’accorder à Taïwan une «participation significative» à l’ONU.
En mai 2022, le président Biden a répondu par l’affirmative à la question de savoir si les Etats-Unis défendraient militairement Taïwan. Rapidement, la Maison-Blanche a précisé que la position américaine sur Taïwan n’a pas changé et a réitéré son engagement envers la politique d’«une seule Chine».
Lors de discussions militaires organisées en janvier dernier au ministère américain de la Défense à Washington, de hauts responsables militaires chinois ont affirmé à leurs homologues américains que la Chine ne fera «jamais le moindre compromis» sur Taïwan et exhorté les Etats-Unis à «cesser d’armer» l’île. «Sur la question de Taïwan, la Chine ne fera jamais le moindre compromis ou concession», a affirmé la délégation militaire chinoise lors de ces entretiens bilatéraux, selon un communiqué du ministère chinois de la Défense rendu public. Elle exige des Etats-Unis qu’«ils respectent le principe d’une seule Chine, qu’ils respectent leur promesse de façon concrète en cessant d’armer Taïwan et en s’opposant à toute indépendance de Taïwan», a-t-il indiqué.