Ansej : Tebboune veut assainir l’héritage de Bouteflika

16/05/2023 mis à jour: 00:57
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Photo : D. R.

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a ordonné, avant-hier, la mise en place d’une commission chargée de traiter le dossier de l’ex-Agence nationale de soutien à l’emploi des jeunes (Ansej), a indiqué un communiqué de la présidence de la République. Il s’exprimait lors de la réunion du Conseil des ministres.

Le chef de l’Etat a également affirmé que «les dossiers de litige et de corruption découlant des précédentes politiques de la issaba, dans le cadre de l’Ansej, doivent être traités à un autre niveau de compétence, après mise en place d’une commission chargée de les régler de manière définitive, cette mesure ne relevant pas des prérogatives du ministère des Start-up», a ajouté la même source. Il a en outre souligné que «les tâches de cette agence consistent en l’appui et l’accompagnement des jeunes dans leurs activités créatrices de richesses et d’emplois», saluant à cette occasion «la coordination et la synergie entre le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et le ministère de l’Economie de la connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises».

Le Premier magistrat du pays veut, à travers l’installation d’une commission chargée de traiter le dossier de l’ex-Ansej, rebaptisée Anade, assainir l’héritage encombrant de Bouteflika en matière d’emploi, marqué par des scandales de corruption et de népotisme. Confronté à une jeunesse en mal d’emploi, le régime de Bouteflika avait procédé à l’achat de la paix sociale à coups de crédits gratuits. Dans le cadre de l’ex-Ansej, créée en 1996, des sommes astronomiques ont été dépensé dans le soutien à l’emploi des jeunes.

Des milliers de micro-entreprises ont vu le jour dans un contexte de bonne santé financière du pays. Cependant, beaucoup d’entreprises n’ont pas survécu, tantôt en raison de la mauvaise gestion, tantôt conséquemment à des projets mal conçus et/ou mal étudiés en amont. En outre, la gestion opaque au sein de cette agence a été marquée par des passe-droits, des surfacturations et un non-respect de la vocation initiale des projets.

En février dernier, l’Anade avait révélé l’ampleur de la prolifération du phénomène des projets fictifs et de la dilapidation de l’argent public. Plus de 12 000 PME n’ont aucune existence sur le terrain, alors que 1448 ont acheté les équipements nécessaires, sans qu’elles ne soient en état d’activité. Le nombre de sociétés actives était de 8464. L’Anade avait également lancé des poursuites judiciaires contre les fournisseurs impliqués dans des affaires de corruption et ceux ayant escroqué les porteurs de projets.

Par contre, ces statistiques ne représentent qu’une partie infime des financements accordés aux jeunes entrepreneurs durant les 20 dernières années dans le cadre de l’Ansej et autres dispositifs de création des entreprises.

Suite à ces dépassements, le ministère de l’Economie de la connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises avait annoncé, en janvier dernier, le début de l’examen approfondi de l’état de l’Agence depuis que cette dernière a été placée sous sa tutelle en octobre dernier. Une commission ministérielle présidée par le ministre en chargé du secteur a aussi conclu à la nécessité d’introduire des «changements structurels au sein de cette agence», en vue d’assurer son passage d’une approche sociale à une approche économique. 

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