L’entreprise turque Özgün Insaat, chargée de la réalisation du projet d’aménagement des gorges de Kherrata (RN09), à une soixantaine de kilomètres à l’est de Béjaïa, a été surprise au début du mois par la nouvelle du blocage de son compte bancaire.
Cette décision de la banque, liée à un contentieux autour d’un contrat de travail concernant Özgün et son partenaire chinois en 2008, a complètement paralysé les activités de ce tunnelier.
Cette situation a en effet contraint l’entreprise à arrêter les travaux au niveau de son chantier depuis le 18 mai, à cause de son incapacité à verser les salaires de 175 travailleurs locaux et étrangers depuis deux mois. Mais aussi, le payement des fournisseurs et le déblocage d’équipements au niveau du port de Béjaïa.
«Nous avons promis lors de la précédente visite du wali ainsi qu’à la population de la région de livrer ce programme la fin du mois en cours. Malheureusement, nous apprenons, alors que nous nous apprêtons à verser les salaires que notre compte bancaire a été bloqué», a déclaré le directeur du projet.
Derrière cette entreprise, plus d’une centaine de travailleurs qui risquent de perdre leurs emplois. Dans une lettre adressée au wali, la section syndicale d’Özgün-Kherrata interpelle les autorités locales et nationales dans le but de lever ce blocage financier qui pénalise des dizaines de familles. Le syndicat craint la résiliation des contrats des travailleurs locaux.
Une des premières mesures prises par l’employeur est la mise en congé annuel de l’ensemble des travailleurs, et ce, jusqu’à la fin du mois en cours. Quant aux ouvriers étrangers, le directeur a indiqué qu’il «maintiendra ses effectifs sur place jusqu’à la fin de ce mois en cours, mais au-delà de cette date, nous n’avons plus le choix, les billets de retour vers le pays sont déjà prêts».
Pour rappel, le projet en question a connu depuis 2015, date de son lancement, plusieurs blocages. En plus de la suspension des travaux imposés par la pandémie Covid-19, et d’autres contraintes financières et administratives, le chantier a été retardé, notamment, suite aux démêlés avec la justice de l’ancien partenaire d’Ozgun, en l’occurrence, l’ETRHB de Ali Haddad, qui a débouché sur le transfert, en 2020, de sa part du marché à l'entreprise turque.