Amélioration de la qualité de vie : Le milieu rural à la traîne

22/01/2023 mis à jour: 01:57
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Les rencontres gouvernement-walis initiées par le président de la République ont pris depuis peu leurs distances avec le faste protocolaire et circonstancié d’avant pour tendre à devenir des haltes ponctuelles où sont débattus les grands dossiers de l’heure et contrôler, chiffres à l’appui, le suivi des opérations engagées, au préalable, sur le terrain. L’opinion publique peut ainsi avoir une idée sur le travail entamé par différents secteurs et être imprégnée de leurs évolutions graduelles. L’amélioration des conditions de vie des citoyens a été un thème récurrent des interventions du chef de l’Etat, qui en fait un référent constant de sa politique sociale en direction du plus grand nombre et surtout des couches les plus défavorisées.

L’amélioration des conditions de vie du citoyen doit s’imprégner aujourd’hui de l’idée que notre société est devenue tributaire du contexte international teinté de doutes et d’incertitudes sur la nature, la dureté et la durée de la situation antagonique d’affrontement qui anime, armée contre armée, le centre de l’Europe et qui, par extension, a rallumé le feu russo-occidental comme aux grandes années de la guerre froide. L’intervenant présidentiel a assuré jeudi dernier que la facture alimentaire de l’Algérie a été circonscrite en 2022 à 40 milliards de dollars (au lieu de 68 milliards l’année précédente) et qu’il restait suffisamment dans les caisses, en cas de crise mondiale majeure, «de quoi tenir» deux ans… Un langage chiffré qui plaît au commun des Algériens décontenancés qu’ils étaient auparavant par les communiqués langue de bois sans indications, ni repères transparents. Pour ceux qui accordent du crédit au discours officiel, l’amélioration de ces conditions est nettement perçue depuis un ou deux ans, particulièrement depuis que tous les secteurs de la vie nationale ont été sommés de se remettre, au pas de charge, à l’heure de la performance et de l’efficacité socioéconomique. La production de logements, eau potable, énergie, produits agricoles et disponibilité des produits alimentaires ont été largement présents malgré le contexte international défavorable, ce qui n’a pas altéré leur disponibilité sans pression, contrairement à certains autres pays. Les Algériens traversent donc confortablement une période de crise internationale qui ne nuit pas, pour l’heure, à ses approvisionnements. D’un autre côté, cette étape, somme toute conjoncturelle liée à la situation internationale et son peu de conséquences sur notre mode de vie, ne fait pas oublier les déséquilibres sociaux qui président au sein des populations de notre vaste territoire national. Car améliorer les conditions de vie renvoie aux circonstances dans lesquelles les personnes naissent, grandissent, étudient, vivent, travaillent et vieillissent en fonction d’une politique de l’Etat central qui doit, en principe, veiller à ce que l’équité soit respectée en matière de répartition des richesses et de l’injection d’équipements publiques et collectifs répartis de façon réfléchie. Les citoyens, de leur naissance à leur extinction, doivent être gratifiés des mêmes chances à l’intérieur d’une même société. Pour avoir été de longues années un commis de l’Etat versé dans des zones rurales et désœuvrées, Tebboune sait que la manière dont sont organisées les relations centrales et décentralisées provoque souvent une iniquité dans la répartition des richesses (les problèmes du milieu urbain ne sont pas du même type que ceux des zones d’ombre ou enclavées, par exemple). Les inégalités sont visibles dès la petite enfance, dans la scolarisation, l’emploi et les conditions de travail, la qualité du bâti et de l’environnement naturel. 

La hiérarchie sociale crée aussi des disparités dans l’accès à certains services, comme les soins de santé de qualité, que l’on soit journalier, travailleur agricole, employé ou financièrement bien pourvu. Tous les membres des groupes sociaux n’ont pas accès, par exemple, à des soins de qualité conditionnant, dans des cas extrêmes, leurs chances de rétablissement ou de survie. L’amélioration des conditions de vie n’est donc pas de la même teneur que l’on soit issu du milieu rural ou urbain. Donc, pour l’enfant qui naît et évolue dans un milieu déshérité, son parcours dans la vie est plus contraignant et, s’il n’émigre pas sous d’autres cieux plus cléments, sa vie d’adulte sera tout aussi difficile. Pour preuve, 70 % de la population algérienne est concentrée au Nord et surtout dans les villes à cause d‘un milieu rural qui a généré au fil des décennies un exode massif du même nom. Depuis quelques mois, ce constat aura donc eu le mérite de nous rappeler à ces grands déséquilibres structuraux qui coupent la population nationale en deux groupes sociaux, l’un, urbain, assez correctement pourvu, et l’autre, rural, moins nanti. Ce dernier mérite toute l’attention que le gouvernement lui accorde pour rétablir la justice sociale en matière de distribution des richesses et surtout faire en sorte de fixer les populations du pays profond sur place en mettant à leur disposition des conditions de vie décentes et en les améliorant continuellement, particulièrement en matière d’accès à l’éducation et à la santé. 

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