Alors que Washington et Séoul préparent des manœuvres : Le dirigeant du Nord appelle à intensifier la production de missiles

15/08/2023 mis à jour: 09:04
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La Corée du Nord est déterminée à se doter d'un puissant arsenal nucléaire - Photo : D. R.

L’armée nord-coréenne doit disposer d’une «force militaire écrasante» et être «prête à faire face à n’importe quelle guerre à n’importe quel moment», a déclaré  Kim Jong Un, affirmant qu’elle doit «anéantir» l’ennemi en cas d’attaque.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a appelé à une «intensification radicale» de la production de missiles, a rapporté hier l’agence de presse d’Etat KCNA, citée par l’AFP, au moment où Séoul et Washington préparent des manœuvres militaires conjointes.

Le dirigeant nord-coréen a visité vendredi et samedi des usines produisant des missiles, des munitions pour des lance-roquettes multiples de très gros calibre et des véhicules blindés de combat, a rapporté KCNA.

Il a fait part de sa «satisfaction» lors de la visite d’un centre de production de missiles qui est parvenu à «perfectionner les questions scientifiques et technologiques liées à la production» et a modernisé les armes. «Il a fixé un objectif important : augmenter considérablement la capacité de production de missiles», et relevé le rôle de l’usine dans «l’accélération» des préparatifs en vue d’une guerre, selon KCNA. Comme il a souligné «la nécessité de stimuler la production d’obus» et a personnellement conduit un véhicule blindé de combat, a affirmé l’agence.

Au cours de ces inspections, il s’est également rendu dans des usines de production de munitions pour des lance-roquettes multiples de très gros calibre et des transporteurs-érecteurs-lanceurs (TEL).

L’armée nord-coréenne doit disposer d’une «force militaire écrasante» et être «prête à faire face à n’importe quelle guerre à n’importe quel moment», a déclaré  Kim Jong Un, affirmant qu’elle doit «anéantir» l’ennemi en cas d’attaque. Ces visites se sont déroulées au moment où la Corée du Sud et les Etats-Unis préparent des manœuvres conjointes, baptisées «Ulchi Freedom Shield», qui doivent se dérouler du 21 au 31 août.

Pyongyang considère tous ces exercices comme des répétitions en vue d’une invasion et a averti à plusieurs reprises qu’elle prendrait des mesures «écrasantes» pour y répondre. En mars, Kim Jong Un a ordonné à ses troupes d’intensifier leurs exercices en vue d’une «guerre réelle».

L’état-major interarmées de Séoul a qualifié ces manœuvres d’«exercice difficile et réaliste visant à renforcer le dispositif de défense conjoint et les capacités de réaction de l’alliance».

Un sommet entre les dirigeants de la Corée du Sud, des Etats-Unis et du Japon doit se tenir vendredi à Washington, avec pour objectif de renforcer leur coopération en matière de sécurité face à une Corée du Nord de plus en plus menaçante.

Série de tests

Pyongyang est confronté depuis des années aux salves de sanctions internationales pour stopper son développement de programmes nucléaire et de missiles, et n’a montré aucun signe d’être prête à abandonner son arsenal qu’elle voit comme une assurance contre toute tentative de renversement du régime. Il a mené une série de lancements cette année, notamment un test de son premier missile balistique à combustible solide, une percée technologique clé pour les forces armées de Kim Jong Un.

A la mi-juin, le Nord a tiré deux missiles balistiques à courte portée en réponse aux exercices des Etats-Unis et de la Corée du Sud. En juillet il a tiré un missile balistique intercontinental (ICBM) présumé, selon des responsables japonais et sud-coréens. Le missile à longue portée a volé pendant plus d’une heure avant d’atterrir à proximité des eaux japonaises.

Ce lancement intervient après que le pays a menacé de riposter à ce qu’il a qualifié de récentes incursions d’avions espions américains au-dessus de son territoire. La Corée du Nord a qualifié l’an passé d’«irréversible» son statut de puissance nucléaire, écartant ainsi toute possibilité de négociations sur la dénucléarisation.

Lors de sa visite en avril dernier aux Etats-Unis, le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a adopté avec son homologue américain, Joe Biden, la «Déclaration de Washington», qui renforce leur coopération en matière de défense, y compris nucléaire. Parmi les mesures décidées dans le cadre de cet accord, figure l’escale d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins en Corée du Sud, pour la première fois depuis quatre décennies.

Pour la sœur du dirigeant Kim Jong-un, Kim Yo-jong, cet accord va «seulement contribuer à exposer à un plus grave danger la paix et la sécurité en Asie du Nord-Est et dans le monde, et c’est donc une action qui ne peut en aucun cas être bienvenue». La Corée du Nord est convaincue de la nécessité de «perfectionner encore plus» son programme de dissuasion nucléaire, a-t-elle ajouté.

La Chine n’est pas restée indifférente à cet accord en exhortant la Corée du Sud et les Etats-Unis à ne pas «provoquer une confrontation» avec Pyongyang. «Toutes les parties doivent faire face au nœud du problème de la péninsule (coréenne) et jouer un rôle constructif dans la promotion d’un règlement pacifique de la question», a déclaré la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning.

Comme elle a appelé à ne pas «attiser délibérément les tensions, provoquer la confrontation et brandir des menaces». Elle a observé que Washington «ignore la sécurité régionale et s’obstine à exploiter la question de la péninsule pour créer des tensions».

La diplomate a affirmé que «ce que font les Etats-Unis (…) provoque une confrontation entre les camps, sape le régime de non-prolifération nucléaire et les intérêts stratégiques d’autres pays». Les actions américaines, a-t-elle indiqué, «aggravent les tensions dans la péninsule, compromettent la paix et la stabilité régionales et vont à l’encontre de l’objectif de dénucléarisation de la péninsule».

 

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