Alors que les rapports entre Bamako et Paris se sont dégradés : L’armée française quitte la base militaire malienne de Ménaka

14/06/2022 mis à jour: 21:37
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Photo : D. R.

L’opération française Barkhane au Sahel a mobilisé jusqu’à 5500 hommes sur le terrain en 2020. Paris a décidé de réduire la voilure l’été dernier, fermant ses bases militaires avancées les plus au nord du Mali (Kidal, Tessalit et Tombouctou). Le président français Emmanuel Macron a ensuite décidé en février un retrait militaire total du Mali.

L’armée française a quitté hier la base militaire de Ménaka, dans le nord-est du Mali, avant-dernière étape du départ de la force antidjihadiste Barkhane du pays, rapporte l’AFP citant l’état-major français.

Les militaires français quitteront le Mali pour de bon «à la fin de l’été» avec le transfert aux FAMa de leur principale emprise de Gao, a souligné le porte-parole de l’état-major, le général Pascal Ianni, lors d’un point presse.

Ouverte en 2018, la base de Ménaka, dans la région dite des trois frontières, aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso, hébergeait notamment le groupement de forces spéciales françaises et européennes Takuba, qui a pour but d’aider les forces maliennes à gagner en autonomie.

Son PC est maintenu à Gao, avant sa disparition. «Il n’est pas envisagé de transférer Takuba au Niger», a précisé l’état-major. Le départ de Ménaka ce lundi «a été conduit en bon ordre, en sécurité et en toute transparence, dans un contexte où la force Barkhane fait face à des attaques informationnelles régulières visant à entacher son action et sa crédibilité», a affirmé l’état-major.

Toutefois, «la réarticulation de la force Barkhane et le transfert de l’emprise de Ménaka, après celle de Gossi, ne marquent pas le départ des armées françaises de la bande sahélo-saharienne», a-t-il soutenu, en assurant que «l’engagement dans la lutte contre le terrorisme, aux côtés des Etats de la région, à leur demande (...) reste une priorité absolue».

L’opération française Barkhane au Sahel a mobilisé jusqu’à 5500 hommes sur le terrain en 2020. Paris a décidé de réduire la voilure l’été dernier, fermant ses bases militaires avancées les plus au nord du Mali (Kidal, Tessalit et Tombouctou). Le président français Emmanuel Macron a ensuite décidé en février un retrait militaire total du Mali, alors que les rapports entre la junte au pouvoir et l’ancienne puissance coloniale se sont dégradés.

Convulsions

En mai 2021, des militaires maliens déposent le Président et le Premier ministre de transition qui ont été installés au pouvoir suite au putsch de l’été 2020.

Quelques jours plus tard, le colonel Assimi Goïta, leader de la junte, prête serment en tant que Président de transition. Le président Macron dénonce en la circonstance «un coup d’Etat dans le coup d’Etat inacceptable qui appelle à des sanctions». En juin, il a annoncé la réduction du dispositif de l’opération Barkhane.

Option vue par le Premier ministre malien, Choguel Maïga, à la tribune de l’ONU en septembre, comme un «abandon en plein vol». Pour la ministre des Armées, Florence Parly, ces accusations sont «indécentes» et «inacceptables». Le président Macron parlera d’une «honte». Propos qui vaudront à l’ambassadeur français d’être convoqué par Bamako.

Quelques semaines plus tard, Paris et ses alliés européens reprochent au Mali d’avoir fait appel à la société de sécurité privée russe Wagner, laquelle, selon les Occidentaux, est proche du Kremlin et déjà engagée en République centrafricaine, entre autres. La junte dément et évoque la souveraineté nationale. Le 12 janvier dernier, Bamako a dénoncé une «violation» de son espace aérien par un avion militaire français.

Comme il est reproché à Paris de soutenir les sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), «parmi lesquelles figure la fermeture des frontières terrestres et aériennes de ses pays membres avec le Mali». Le 16, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale malien, Abdoulaye Diop, a annoncé que Bamako a demandé en décembre, officiellement, à la France la révision des accords de défense qui lient les deux pays.

Accords signés à la suite du déclenchement de l’opération militaire française Serval, le 11 janvier 2013. Alors que des groupes terroristes venus du Nord avançaient vers la capitale Bamako, le gouvernement malien a fait appel à la France, qui a déployé en urgence quelque 4000 soldats.

L’accord prévoit de «concourir à une paix et une sécurité durables (…), notamment par la sécurisation des espaces frontaliers et la lutte contre le terrorisme». Il permet aussi l’accès au territoire malien, «y compris ses eaux territoriales et son espace aérien», avec le consentement préalable de l’Etat. Le partenariat sécuritaire entre la France et le Mali est jusqu’alors défini par un accord de coopération technique, signé en 1985.

Le 31 janvier, la télévision d’Etat a annoncé que la junte a expulsé l’ambassadeur français de Bamako. Le 7 février, le Premier ministre malien a qualifié l’intervention militaire française de janvier 2013 au Mali d’«opération de partition» qui a permis de «créer un sanctuaire où les terroristes ont pu s’organiser».

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