Alors que Biden soutient le cessez-le-feu à Ghaza : La «pause tactique» ou le nouveau récit trompeur israélien

19/06/2024 mis à jour: 05:45
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Photo : D. R.

L’aide humanitaire reste insuffisante et entravée, tandis que les conditions de vie des habitants de Ghaza continuent de se détériorer. Selon la chaîne El Jazeera, seulement quatre camions commerciaux et cinq camions de carburant ont été autorisés à y accéder. Comparé aux besoins énormes sur le terrain, cette aide est dérisoire.

Le président américain Joe Biden a défendu le plan de cessez-le-feu soutenu par son pays à Ghaza dans un message aux musulmans pour l’Aïd el-Adha, y voyant le meilleur moyen de venir en aide aux civils victimes de ce qu’il nomme les «horreurs de la guerre entre le Hamas et Israël». «Trop de personnes innocentes ont été tuées, parmi lesquelles des milliers d’enfants.

Des familles ont fui leurs foyers et vu leurs communautés détruites. Leur peine est immense», a-t-il écrit dans un communiqué publié à l’occasion de la Fête du sacrifice.

«Je crois fermement que la proposition de cessez-le-feu en trois phases formulée par Israël au Hamas et que soutient le Conseil de sécurité de l’ONU est le meilleur moyen de mettre un terme à la violence à Ghaza et, au bout du compte, de faire cesser la guerre», a ajouté le président américain.

Il avait annoncé, pour rappel, un plan qui prévoit, dans une première phase, un cessez-le-feu de six semaines accompagné d’un retrait israélien des zones densément peuplées de la bande de Ghaza, de la libération de certains otages et de la libération de Palestiniens emprisonnés par Israël. Les Etats-Unis pressent Israël et le mouvement palestinien Hamas d’accepter formellement le projet approuvé par le Conseil de sécurité de l’ONU la semaine dernière.

Dans une Déclaration  commune, les chefs d’État et de gouvernement du G7 de Borgo Egnazia, en Italie, ont affirmé soutenir unanimement l’accord général qui a été présenté et prévoit un cessez-le-feu immédiat à Ghaza, la libération de tous les otages et une voie crédible vers la paix menant à la solution à deux États. «Nous appelons également à un accroissement important et durable de l’aide humanitaire», ont-ils précisé.

La pause tactique, un récit trompeur ?

Par ailleurs, l’annonce d’une «pause tactique» quotidienne par l’armée d’occupation  israélienne dans le sud de la bande de Ghaza suscite des réactions mitigées. Officiellement destinée à permettre l’entrée de l’aide humanitaire dans l’enclave, cette pause est perçue par beaucoup comme un autre récit trompeur et contradictoire.

L’armée d’occupation israélienne a déclaré qu’une «pause tactique locale de l’activité militaire pour des raisons humanitaires» serait observée de 8h00 à 19h00 chaque jour, du point d’entrée israélien de Kerem Shalom jusqu’à la route Salah al-Dine, puis vers le nord. Pourtant, cette annonce résonne de manière troublante avec les précédents récits des zones d’évacuation et de sécurité à Ghaza où des civils ont été tués malgré les assurances de sécurité.

En dépit de cette pause déclarée, le nombre de camions autorisés à entrer dans Ghaza par le point de passage de Kerem Abu Salem reste largement insuffisant pour répondre aux besoins vitaux des habitants. Actuellement, selon la chaîne El Jazeera, seulement quatre camions commerciaux et cinq camions de carburant y sont autorisés. Comparé aux besoins énormes sur le terrain, cette aide est dérisoire. Les conditions de vie difficiles continuent de peser lourdement sur la population civile, exacerbant une crise humanitaire déjà désespérante.

Le schéma observé est soit la fermeture totale des passages pour les camions commerciaux, soit des conditions sur le terrain qui rendent extrêmement difficile l'acheminement de l’aide. Les incidents récents témoignent de cette réalité tragique : huit agents de la force publique ont été tués avant-hier en sécurisant la livraison de camions commerciaux vers le marché de Khan Younès, dans le sud de Ghaza.

Cette décision intervient dans un contexte diplomatique tendu où les espoirs d’un cessez-le-feu s’amenuisent, en raison des exigences contradictoires d’Israël et du Hamas. L’opération terrestre lancée par l’armée israélienne sur Rafah, le 7 mai dernier, a intensifié les combats, suscitant de vives critiques internationales et des craintes pour le sort des civils massés dans la ville, après avoir été déplacés par les affrontements ailleurs.

Dans les faits, la «pause tactique» annoncée par l’armée d’occupation israélienne semble être en décalage avec la réalité du terrain. L’aide humanitaire reste insuffisante et entravée, tandis que les conditions de vie des habitants de Ghaza continuent de se détériorer. Faut-il préciser, à ce propos, que plus de 8 000 enfants de moins de cinq ans ont été traités pour malnutrition aiguë à Ghaza, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS)…

 

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