Producteur, réalisateur et scénariste issu de l’école de l’ex-RTA qu’il rejoint après des études de cinéma en France, Ali Fateh Ayadi est connu pour ses documentaires sur l’histoire, une centaine à son actif, sur l’Emir Abdelkader, les enfumades du Dahra, l’OAS, le 8 Mai 1945, les avocats du FLN ou autour du soutien d’Enrico Matteï à Algérie. Ami de nombreuses personnalités historiques, il est inépuisable sur le sujet, entre anecdotes et faits sérieux, il suit tranquillement et sans histoires son chemin de conteur d’histoire.
Propos recueillis par Chawki Amari
Pourquoi avoir choisi ce secteur, des documentaires sur l’histoire, principalement celle de
l’Algérie ?
J’ai choisi de me spécialiser dans les documentaires sur l’histoire, et plus particulièrement celle de l’Algérie, parce que c’est une histoire riche et complexe qui mérite d’être racontée et mieux comprise. L’Algérie possède un passé marqué par des luttes, des résistances et des transformations profondes qui ont façonné non seulement le pays, mais aussi influencé des mouvements mondiaux. Documenter cette histoire, c’est rendre hommage à ceux qui ont vécu ces événements et offrir des perspectives nouvelles et nuancées sur des périodes souvent méconnues ou mal comprises.
Les mauvaises langues disent que c’est facile de faire un documentaire historique, quelques images d’archives et une voix off…
Faire un documentaire historique de qualité va bien au-delà de la simple utilisation d’images d’archives et d’une narration en voix off. Il s’agit d’un processus rigoureux de recherche, de vérification des faits et de mise en contexte. Les images d’archives doivent être soigneusement sélectionnées pour leur pertinence et leur impact visuel, et la narration doit être écrite de manière à captiver et informer le public tout en restant fidèle à la vérité historique. De plus, il est crucial de donner la parole aux témoins, aux experts et d’inclure des perspectives diverses pour offrir un tableau complet et équilibré des événements.
Le tournage de votre dernier documentaire à paraître sur l’Île de Sainte Marguerite où de nombreux militants algériens ont été emprisonnés n’a pas été facile. Pouvez-vous nous raconter ?
Le tournage de ce documentaire sur l’Ile de Sainte Marguerite a été une expérience à la fois éprouvante et enrichissante. L’île elle-même est chargée d’histoire, et il était essentiel de capter cette atmosphère tout en respectant la mémoire des prisonniers algériens qui y ont été détenus. Les défis logistiques étaient nombreux, notamment en raison de l’accès limité à certaines parties de l’île et des conditions météorologiques parfois difficiles. Nous avons également dû surmonter des obstacles administratifs pour obtenir les autorisations nécessaires pour filmer dans des lieux sensibles. Malgré ces difficultés, l’équipe a réussi à recueillir des témoignages poignants et à capturer des images qui, nous l’espérons, rendront justice à cette page tragique de l’histoire algérienne.
Est-ce que vous vous autocensurez ou évitez des sujets particuliers quand vous réalisez vos documentaires historiques ?
La question de l’autocensure est délicate. En tant que réalisateur de documentaires historiques, il est essentiel de traiter tous les sujets avec rigueur et impartialité. Cependant, il arrive que certaines contraintes, qu’elles soient politiques, sociales ou même personnelles, influencent le choix des sujets et la manière de les aborder. Mon objectif principal reste de raconter la vérité et de rendre justice aux faits historiques, mais il est parfois nécessaire de naviguer prudemment entre les sensibilités contemporaines et les impératifs de la vérité historique. En fin de compte, chaque sujet est évalué en fonction de son importance et de sa pertinence, avec un engagement à respecter la mémoire des événements et des personnes concernées.