Algérie-Union européenne : Discussions sur la révision de l’accord d’association à la mi-novembre à Alger

04/11/2024 mis à jour: 00:25
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Photo : D. R.

Le nouvel ambassadeur de l’Union européenne (UE) en Algérie, Diego Mellado, a annoncé cette visite dans un entretien accordé à l’agence de presse espagnole EFE, précisant qu’il ne s’agit pas d’une procédure d’arbitrage.

Une délégation de la direction générale du commerce de la Commission européenne (CE) est attendue à Alger pour une visite de deux jours avant la mi-novembre, pour discuter avec les autorités algériennes sur la révision de l’accord d’association (AA). Les consultations seront d’ordre technique et porteront sur les différends commerciaux entre les deux parties. L’accent sera mis sur les règles d’origine, les normes sanitaires et phytosanitaires, ainsi que les procédures douanières. Ce qui était prévu conformément à la procédure lancée en juin dernier par la CE.

Le nouvel ambassadeur de l’Union européenne (UE) en Algérie, Diego Mellado, a annoncé cette visite dans un entretien accordé à l’agence de presse espagnole EFE, précisant qu’il ne s’agit pas d’une procédure d’arbitrage. Ce que le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté algérienne à l’étranger, Ahmed Attaf, a déjà écarté en septembre dernier («un cas peu probable»), précisant que le différend sera réglé par consentement mutuel. «Les consensus sont généralement atteints au stade de la consultation», avait-il répondu à un député.

Ce sera donc l’occasion de faire le point sur les clauses à revoir dans cet accord signé en 2002 et entré en vigueur en 2005, de manière à prendre en charge les attentes et les préoccupations des deux parties. Ce seront les premières consultations qui se pencheront sur le dossier pour aboutir à des mesures susceptibles d’améliorer le niveau des échanges et de réduire le déséquilibre.

Car, cet accord n’a fait l’objet d’aucun processus de réexamen bilatéral global. Il y a eu réexamen partiel lié au plan de démantèlement douanier en 2010 et une évaluation conjointe sur demande de l’Algérie en 2015, en complément d’une évaluation des accords commerciaux préférentiels en 2020, selon Ahmed Attaf. L’évaluation faite en 2015 sur dix ans (2005-2015) a montré un déséquilibre, avec des exportations hors hydrocarbures atteignant 14 milliards de dollars, tandis que les importations depuis l’UE ont atteint 220 milliards de dollars. C’est ce déséquilibre que l’Algérie cherche à réduire.

La volonté de l’UE à atteindre cet objectif est affichée. L’UE, qui considère l’Algérie comme un partenaire «privilégié, essentiel et fondamental», souhaite en effet continuer à travailler avec l’Algérie pour intégrer les économies algérienne et européenne. Ce que l’ambassadeur a souligné au terme de la cérémonie de remise de ses lettres de créance au président de la République. Et c'est ce qu’il a rappelé dans l’entretien accordé à l’agence espagnole. «Il existe un engagement clair» en faveur d’une relation stratégique avec Alger en tant que «partenaire fiable».

Échanges en hausse

Le représentant de l’UE en Algérie a même reconnu le déséquilibre dans les échanges. «Les clauses de l’accord n’ont pas permis à l’Algérie de diversifier ses échanges, bien qu’il lui ait été très favorable, si l’on inclut les hydrocarbures dans la balance commerciale», a-t-il indiqué. 
Cette révision est somme souhaitée par des deux parties. Les changements sont attendus en 2025, comme l’a annoncé, à l’occasion de sa dernière sortie médiatique, le président Abdelmadjid Tebboune, pour qui la révision est «nécessaire» avec les développements qu’a connus l’économie nationale. «A l’époque, la contribution de l’industrie au revenu national ne dépassait guère 3% et nous importions des produits agricoles sans en exporter.

En d’autres termes, l’Algérie d’alors n’avait pas de capacités d’exportation», a expliqué Abdelmadjid Tebboune à ce sujet. Et de souligner que «la donne a changé, l’Algérie produisant et exportant désormais une grande variété de produits manufacturés, électroménagers et autres». Ce qui justifie cette révision. «L’essence même de l’accord avec l’Union européenne repose sur le libre-échange, et nous souhaitons le faire dans un esprit amical sans entrer en conflit», a résumé le chef de l’Etat.

Il reste à attendre quel serait le bilan de ces consultations, prévues entre les 10 et 12 novembre (selon des sources proches du dossier). Il y a d’un côté les préoccupations de l’Algérie, qui cherche à renforcer sa présence sur le marché européen, à drainer plus d’investissements et à arracher l’équité de l’accord. De l’autre côté l’UE, en quête d’une sécurité pour ses approvisionnements énergétiques. Faudrait-il trouver l’équilibre entre les intérêts des deux parties ?

Pour rappel, depuis l’entrée en vigueur de l’accord, le volume des échanges commerciaux entre l’Algérie et l’UE a atteint 1000 milliards de dollars avec des investissements de l’UE ne dépassant pas 13 milliards de dollars, majoritairement dans les hydrocarbures en échange de transferts de bénéfices d’une valeur de 12 milliards de dollars sur la période allant de 2005 à 2022, selon Ahmed Attaf. Notons aussi que ces échanges ont enregistré une augmentation de plus de 20% en 2023 par rapport à 2022, et de 15% au premier trimestre 2024 par rapport à la même période de l’année 2023.



 

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