Le président de la République d’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, a réaffirmé, vendredi, à la faveur d’un discours prononcé lors de la session extraordinaire des deux chambres du Parlement réunies au Palais des nations (Alger), le soutien inconditionnel de son pays au droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.
Le discours historique prononcé par M. Ramaphosa marque indéniablement un tournant décisif dans le processus visant à consolider les revendications légitimes exprimées en faveur de la cause sahraouie. Sur le plan de la forme, le fait qu’il a prononcé son discours devant les élus des deux chambres du Parlement algérien dénote d’un intérêt essentiel accordé par les autorités algériennes aux relations avec ce pays axial en Afrique.
C’est un rappel du fait que l’axe stratégique qui passe forcément par Abuja (Nigeria) va désormais peser de tout son poids sur les questions importantes dans le continent. Il s’agit, principalement, de relancer le processus de décolonisation du Sahara occidental. Sur ce plan, il est utile de relever qu’avant la visite de M. Ramaphosa en Algérie, il y a eu la signature d’un communiqué commun entre le Nigeria et l’Afrique du Sud dans lequel il est question de soutenir les revendications légitimes du Front Polisario, représentant légitime du peuple sahraoui.
Autre symbolique : la visite de Ramaphosa est porteuse d’espoir pour l’action politique commune entre deux grands pays au sein de l’UA, notamment pour une meilleure implication de cette organisation dans le règlement des conflits en Afrique. Et cela, loin des interférences étrangères, en particulier celles des anciennes puissances colonialistes.
En outre, M. Ramaphosa a affirmé que l’Algérie et l’Afrique du Sud restaient déterminées à soutenir le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, saluant le soutien de l’Algérie à la lutte de ce peuple. Le président sud-africain a, à cet égard, rappelé à la communauté internationale sa responsabilité envers le peuple sahraoui, l’exhortant à «respecter le droit international et la Charte des Nations unies», tout en insistant sur «l’impératif de construire un nouvel ordre mondial fondé sur le droit et la justice».
Le président de d’Afrique du Sud a, à l’occasion, salué, le rôle de l’Algérie au Conseil de sécurité des Nations unies, réitérant l’appel de son pays en faveur d’une réforme de cet organe onusien afin qu’il soit «plus représentatif». «Nous devons être ensemble pour réformer le système mondial et financier afin qu’il serve les intérêts de tous les pays et peuples», a-t-il dit à ce propos.
M. Ramaphosa a également souligné «la nécessité de soutenir les plus faibles et les marginalisés dans toutes les régions du monde et d’aider les civils dans les guerres et les conflits pour parvenir à une solution durable aux problèmes et unifier l’Afrique».
Historiquement engagée auprès des luttes pour les droits des peuples d’Afrique pour le recouvrement de leur souveraineté, l’Afrique du Sud multiplie, depuis quelques mois, les efforts pour consolider une coopération interafricaine axée sur un développement inclusif et alternatif. L’unification de l’Afrique vise «à atteindre un développement durable et une économie prospère, et ce, à travers l’approfondissement de la coopération entre l’Algérie et l’Afrique du Sud et la coopération entre les Parlements des deux pays», a-t-il soutenu.
Le président sud-africain a, en outre, affirmé que son pays et l’Algérie «entretiennent des relations fraternelles solides», soulignant que l’Algérie «jouit d’une expérience» et «nous avons beaucoup à apprendre d’elle». A cette occasion, il a longuement évoqué le phénomène du colonialisme dont ont souffert de nombreux pays africains par le passé, rappelant que l’Algérie et l’Afrique du Sud avaient toutes deux souffert des affres du colonialisme, de l’oppression et de l’expropriation des terres, et que les deux pays avaient un long parcours de lutte contre le colonialisme.
«Nous partageons les mêmes valeurs»
Ces deux pays, a-t-il ajouté, «ont rencontré les mêmes défis dans le passé», renouvelant «les remerciements de son pays à l’Algérie pour son soutien à sa lutte contre l’apartheid». Le peuple d’Afrique du Sud «est aujourd’hui libre et l’Algérie a contribué à sa liberté», a-t-il déclaré, rappelant que l’Algérie «est le premier pays dans lequel s’est rendu le leader Nelson Mandela après sa libération». «Il avait alors dit : ‘‘L’Algérie a fait de moi un homme’’», a encore rappelé le président sud-africain.
Et d’assurer que les relations entre l’Algérie et l’Afrique du Sud «ne faibliront jamais car leur histoire est profonde et enracinée et leur avenir est prometteur». Aussi, M. Ramaphosa s’est félicité de la tenue de la 7e session de la haute commission bilatérale de coopération entre les deux pays et du Forum d’affaires, assurant qu’ils seront «mis à profit pour développer la coopération dans les domaines de l’hydrogène vert, des énergies renouvelables, de l’aviation et des infrastructures».
Il a, également, insisté sur «la nécessité pour les pays africains d’exploiter leurs ressources naturelles et de ne pas les laisser à la portée des puissances coloniales», et ce, afin de «permettre aux entreprises africaines de se développer, de prospérer et de créer des emplois». L’Algérie et l’Afrique du Sud «partagent les mêmes valeurs, le même parcours militant et une vision commune dans l’Union africaine et l’édification du continent africain telle que rêvé par les aïeux», a-t-il précisé.
Par ailleurs, le président sud-africain a souligné que son pays et l’Algérie ont «une position ferme» en faveur des peuples sahraoui et palestinien, insistant sur l’impératif que «cesse maintenant» la guerre menée par l’occupation sioniste contre la bande de Ghaza.
L’Algérie et l’Afrique du Sud «savent ce que c’est que d’être sous le joug colonial», d’où «leur position ferme en soutien au peuple palestinien», a-t-il dit, ajoutant que la guerre d’occupation sioniste menée contre la bande de Ghaza «doit cesser» et «nous réclamons qu’elle cesse maintenant».
Rappelant que son pays avait intenté une action devant la Cour internationale de justice (CIJ) contre l’occupation sioniste, le président Ramaphosa a affirmé que cette dernière «commet un génocide contre les civils dans la bande de Ghaza», ajoutant que «tuer des femmes, des enfants et des personnes sans défense, bombarder les maisons, les écoles et les hôpitaux et empêcher l’accès des aides humanitaires est une honte». «Nous ne pouvons tolérer ces violations et il nous incombe de mettre fin à ce génocide», a-t-il martelé.