C’est une première nationale par laquelle se distingue la wilaya de Témouchent en créant un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) pour assurer la préservation d’une zone protégée, en l’occurrence l’ile de Rachgoun, qui présente un triple intérêt écologique, historique et économique.
Ce site, de 28,5 ha, 2 222m de linéaire côtier et d’une altitude maximum de 85m, soit la plus grande île à l’ouest du pays, qui, contrairement aux zones humides terrestres qui relèvent d’une seule administration, les forêts en l’occurrence, est sous tutelle de quatre, même si, dans les faits, il ne dépend à vrai dire d’aucune, dilution des responsabilités oblige d’une part et d’autre part son inaccessibilité qui n’est pas un des moindres obstacles.
Ainsi «Layella», l’autre nom que lui donnent ses riverains, est du domaine à la fois du secteur de la Culture parce qu’il s’agit quand même d’un site archéologique comportant des vestiges puniques avec une nécropole remontant au viie siècle avant JC.
Par ailleurs, parce que zone maritime, elle est aussi sous juridiction de la direction de la pêche de même qu’elle dépend également de l’Environnement parce que reconnue zone humide d’importance internationale (RAMSAR) depuis 2011. Enfin, parce site touristique en façade de la station balnéaire de Rachgoun, la direction du tourisme possède elle aussi un droit de regard dessus.
De la sorte, la proposition du wali de la mettre sous la protection d’un Epic et de la valoriser par ce biais a reçu l’assentiment de l’APW. Il en est ressorti qu’un conseil d’administration soit désigné aussitôt, comprenant les compétences nécessaires. Pour ce qui est de sa budgétisation, les sources de financement sont multiples du fait de sa dépendance de diverses institutions pour ce qui et des subventions, en plus de l’autofinancement par de recettes que produiraient des activités touristiques non dégradantes.
Soulignons que l’île de Rachgoun, comme la plupart des îles algériennes, n’a pas fait l’objet d’investigations et d’études scientifiques suffisantes, l’essentiel des connaissances existantes porte sur les aspects halieutiques ou sur la fertilité des eaux autour de l’île. Aussi, elle est reconnu comme le principal site d’hivernage de plusieurs espèces d’oiseaux qui s’y reposent et nichent durant leur migration entre l’Eurasie et l’Afrique.
Parmi eux, il y a de nombreuses espèces de mouettes et de goélands, dont la mouette rieuse et le goéland d’Audouin. Elle abrite également des espèces d’oiseaux menacées dont le macareux moine. Sous l’eau, elle est le refuge de grands cétacés tels que le cachalot Physeter macrocephalus. Par ailleurs, la posidonie de Méditerranée, une espèce clé pour différents organismes marins, couvre un vaste espace autour de l’île.
À cet égard, il déploré que les interventions humaines aient dégradé l’intégrité écologique et physique de l’île et de son écosystème fragile. Ainsi, la partie orientale de l’île constituait une des vastes régions de Méditerranée occidentale fréquentées par le phoque moine de Méditerranée, en danger au plan mondial. Sur le plan historique, des traces de groupes numides, avec femmes et enfants, ont été décelés vers 650. Ils occupaient prés de 3 ha à la pointe sud de l’île. Au 10ème siècle, le portus sigenis, port romain devient le port de l’île d’Erechgoul. En 1835, l’Émir Abdelkader utilisait l’île comme lieu de transit d’armement depuis Tanger en provenance d’Angleterre.
L’île de Rachgoun a été occupée par les Français en octobre 1835. En 1879, la construction du phare au même lieu que la nécropole punique a certainement bouleversé une partie des anciens vestiges dont 144 tombes ont pu être fouillées.