Aïmene Benabderrahmane inaugure le 26e Salon international du livre d’Alger : «Notre défi est d’élever le niveau de la lecture chez les jeunes»

28/10/2023 mis à jour: 00:54
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Comme pour les précédentes éditions, le 26e Sila draîne les foules (Photo : Souhil B)

Le coup d’envoi du 26e Salon international du livre d’Alger (SILA) a été donné, mercredi soir, au Palais des expositions des Pins maritimes (Safex), à l’ouest d’Alger. Le SILA durera jusqu’au 4 novembre avec la participation de 61 pays. «L’Afrique écrit son avenir» est le slogan choisi cette année pour le salon.

 L’inauguration officielle a été retardée de deux heures en raison de la tenue du Conseil des ministres mercredi après-midi. Accompagné de plusieurs membres du gouvernement, dont la ministre de la Culture et des Arts, Soraya Mouloudji, et le ministre de la Communication, Mohamed Lagab, et d’ambassadeurs, le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, a visité des stands au niveau du pavillon central ainsi que l’espace consacré à la Palestine, à côté de l’esplanade du Palais des expositions. Au niveau de Dar El Houda, il a évoqué le théologien Abderrahmane Djillali et appelé à rééditer les livres de l’historien Abou El Kacem Saadallah et l’écrivain Mebarek El Mili. 

Les livres de ces auteurs doivent être mis, selon lui, à la disposition du grand public, et pas uniquement des universitaires. «Abou El Kacem Saadallah a fourni de grands efforts de recherches et fait de nombreux voyages pour vérifier les faits et écrire ses livres», a-t-il dit. «Nous devons lutter pour que le livre retrouve sa place au sein de la société. Les ministères de la Culture, de la Communication, de l’Industrie et d’autres sont au service de la culture. Continuez à produire et nous vous accompagnons», a déclaré le Premier ministre au niveau de Casbah édition. «Notre défi est d’élever le niveau de la lecture chez les jeunes (...) Il n’y a aucun complexe par rapport au livre numérique, mais le livre papier doit rester maître, avoir toute sa place», a-t-il insisté. Il a estimé que le livre est un moyen de lutter contre les fléaux sociaux «comme la consommation de drogues».Au niveau du stand des éditions Chihab, il a plaidé pour la traduction à l’anglais du roman Le fils du pauvre, de Mouloud Feraoun (paru en 1950).

 «Nous devons montrer au monde ce qu’a fait le colonialisme français. Les écrits de Mouloud Feraoun en sont un témoin», a-t-il dit. «Il faut donner la parole aux militants de la cause nationale, simplifier l’histoire de l’Algérie et attirer les jeunes. L’histoire ne doit pas être uniquement dans les livres, mais doit être racontée. Il faut évoquer les actes du colonialisme destructeur dans le ce pays, les souffrances du peuple avec les tentatives d’effacer son histoire et de sa personnalité. 

D’ailleurs, ils essaient toujours. Ils n’ont pas perdu espoir», a soutenu Aimene Benabderrahmane. Au stand du ministère des Moudjahidine, il a appelé à bien préparer le 70e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale, prévu le 1er novembre 2024. On lui a annoncé qu’une application sur l’histoire de l’Algérie est en préparation. Le Premier ministre a fait un plaidoyer pour une plus grande vulgarisation des sites préhistoriques de Aïn Hanech et Aïn Boucherit (Sétif). «Pourquoi il n’y a pas assez de travaux sur ces sites et des découvertes qui y ont été faites ? Il faut réaliser des reportages sur ces sites importants. 

Des ossements de dinosaure ont été découverts en Algérie. Il faut que le monde le sache. L’histoire de l’Algérie est grande et immense, mais elle est mise sous l’ombre», a déclaré le Premier ministre.  Au niveau du stand du Soudan, il a évoqué l’écrivain Tayeb Salih, auteur du célèbre roman Saison de migration vers le Nord.  «Tayeb Salih est un grand nom de la culture arabe, voire mondiale avec ses écrits et ses livres. Nous souhaitons que le Soudan retrouve son apaisement», a-t-il plaidé. Aïmene Benabderrahmane a appelé, au stand des éditions de l’Armée nationale populaire (ANP), de distribuer les revues El Djeich et Strategica, notamment au niveau des établissements universitaires «eu égard à leur contenu profond et intéressant».
 

Hommage à Waciny Laredj, Djillali Khellas, Maïssa Bey et autres

Le 26 octobre, Soraya Mouloudji a assisté une cérémonie officielle de lancement du SILA au niveau de la salle Tassili (à côté du hall de l’Ahaggar). Un hommage a été rendu aux écrivains Waciny Laredj, Djillali Khellas et Maïssa Bey, et, à titre posthume, à Souleima Rahal, Hamid Nacer Khodja, Mouloud Achour et Othman Loucif. 
 

La ministre a animé ensuite un point de presse au même espace. «En tant qu’Algériens, nous ne partageons pas uniquement la géographie avec le continent africain mais également des enjeux, un destin et un avenir. Nous voulons que la culture soit la force motrice de ces échanges interafricains. Il s’agit d’un soft power pour construire l’avenir de l’Afrique», a-t-elle dit. Elle a précisé que des questions importantes concernant l’Afrique seront débattues durant le SILA, surtout sur le plan culturel. «Un espace est consacré à ces débats et rencontres avec la présence de grands noms de la pensée et de la littérature africaines. Il est prévu une rencontre sur le soufisme et un hommage sera rendu à Nelson Mandela, dix ans après sa disparition», a-t-elle ajouté.
 

Le livre comme une arme  dans la résistance culturelle

Un espace est consacré à la Palestine à côté de l’esplanade du Palais des expositions où auront lieu des débats chaque jour à 16h. «Je ne sais pas comment décrire ce qui se passe en Palestine. Une violation des droits humains ? Une boucherie ? C’est une horreur ! Sur instruction du président de la République, nous avons suspendu toutes les activités festives et maintenu le SILA. Le livre est lui-même un moyen de résistance, contribue à éveiller les consciences humaines. Nous considérons le livre comme une arme puissante dans la résistance culturelle», a soutenu la ministre. 

«Le SILA offre aussi la possibilité de mobiliser les intellectuels des quatre continents pour la Palestine et pour sa cause. Une cause juste. Vous n’êtes pas sans savoir que des salons internationaux du livre ont exprimé leur soutien à l’entité sioniste. Et nous, en Algérie, au Salon du livre, exprimons ouvertement notre position constante en faveur de la cause palestinienne», a-t-elle ajouté. 
 

L’Union des éditeurs arabes a, pour rappel, décidé de boycotter la prochaine Foire du livre de Francfort (Allemagne) à cause du soutien apporté à Israël. Juergen Boos, directeur de la foire, a évoqué «les crimes du Hamas» sans dénoncer les bombardements meurtriers de l’armée israélienne contre la population civile de Ghaza. 
 

Soraya Mouloudji a précisé que certaines activités, annulées dernièrement à cause de la situation dramatique en Palestine, n’ont pas été annulées, mais reportées à une autre date. 
 

Les débats du SILA ont débuté, jeudi après-midi, dans l’espace Afrique (au niveau du pavillon central) et la salle Tassili. 

Les portes du SILA restent ouvertes jusqu’à 22h. 

 

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