Comme de coutume, à l’approche du douzième hégirien, une effervescence s’empare de la ville et dans sa périphérie. Nos cités deviennent une aubaine pour certains revendeurs de moutons qui ne ratent pas l’occasion de transformer le moindre empan en lieu commercial où ils font leurs choux gras, tirant de substantiels dividendes.
A la faveur de la célébration de l’Aïd El Adha, les maquignons engrangent de juteux profits dans les terrains qu’ils louent pour la circonstance. Pour cette édition, les quartiers offrent moins ce décor d’enclos de fortune bondé, les années passées, de moutons qui bêlent au milieu de bottes de foin et de crottes.
On voit moins en ce mois de ‘’Dhou el hidja’’ des gosses tenir en laisse la bête et gambader dans leur ‘’houma’’. Le mouton ne court pas trop les rues cette année... Il y va de même pour les rémouleurs de circonstance qui, vu la faible demande, proposent moins leurs services. Les aiguiseurs de couteaux qui ont l’habitude, avant le jour du sacrifice de la bête (yawm ennahr), de prendre d’assaut les coins de rue avec leurs meules, s’affairent moins à affûter les instruments tranchants que leur tend la clientèle. La raison est on ne peut plus évidente. Celle-là même qui est liée à la mercuriale du mammifère ruminant qui fait réfléchir sept fois le papa : s’offrir le bélier pour répondre à la ‘’sunna’’ ou faire l’impasse sur un produit dont le prix est affolant …
Certains espéraient avec l’importation de la viande, le mouton local proposé sur le marché virerait vers une tendance baissière. Loin s’en faut, le ‘’kebch’’ ne reste pas moins cher, même si dans l’enclos de l’Alviar à Birtouta, où les gens cafouillent pour se l’arracher – au point où certains ont laissé leur vie –, le prix démarre, apprend-on, à 60.000 dinars.
La hausse infernale du mouton n’est pas imputée aux éleveurs, sinon à l’augmentation du prix de l’aliment de bétail, qui, parfois, sont multipliés par quatre, selon M. Boukarabila, membre du bureau national de la Fédération nationale des éleveurs.