AI réclame l’ouverture d’une enquête sur les frappes israéliennes : Massacre à Rafah

28/05/2024 mis à jour: 00:56
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Photo : D. R.

Depuis octobre 2023, Amnesty International mènent des investigations approfondies sur 16 frappes aériennes israéliennes ayant fait 370 morts parmi les civils, dont 159 enfants, et des centaines de blessés.

Onde de choc au nord-ouest de Rafah, dans le sud de Ghaza. Une frappe israélienne nocturne a visé, dimanche, le centre de déplacés palestiniens de Barkasat, au quartier de Tell Al Sultan, faisant 45 morts, selon un dernier bilan établi par le ministère palestinien de la Santé. Cette frappe a été à l’origine d’un incendie qui s’est propagé à des tentes occupées par des civils ayant fui les massacres perpétrés par l’armée israélienne dans le centre et le nord de Ghaza.

Le centre de Barkasat est géré par l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). L’attaque a jeté l’effroi et suscité une vague d’indignation dans le monde entier, donnant lieu à des condamnations en chaîne. «Le massacre commis par l’armée d’occupation israélienne dans les tentes de réfugiés (...) a fait 40 morts et 65 blessés», a indiqué, hier, Mohammed Al Mughayyir, un responsable de la Défense civile palestinienne, décrivant des scènes d’horreur et un afflux massif de déplacés souffrant de brûlures vers des hôpitaux de campagne.

«Nous venions de terminer les prières du soir. Nos enfants dormaient (...), soudain, nous avons entendu un grand bruit et il y avait du feu tout autour de nous. Les enfants criaient. Le bruit était terrifiant. On aurait dit des éclats d’obus traversant les pièces», selon le témoignage d’une Palestinienne recueilli par la presse. L’ONU a condamné cette frappe israélienne et demandé une enquête «complète et transparente» après l’attaque du centre de déplacés de Rafah, où Israël a lancé des opérations au sol le 7 mai en dépit des mises en garde de la communauté internationale.

L’Union européenne (UE) et l’Union africaine (UA) ont également dénoncé la frappe israélienne.  Le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, s’est dit «horrifié», tandis que la Jordanie a fermement condamné les «crimes de guerre en cours». Elle a estimé que la frappe israélienne «défie les décisions de la CIJ et constitue une grave violation du droit international et du droit international humanitaire». L’Egypte a aussi condamné un «bombardement délibéré des forces israéliennes sur des tentes de déplacés» à Rafah.

«L'Impunité d’Israël»

Le Koweït a dénoncé des «crimes de guerre flagrants», le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a, de son côté, promis que son pays fera «tout son possible pour que les autorités israéliennes barbares rendent des comptes». La présidence palestinienne a accusé Israël hier d’avoir délibérément visé le centre de réfugiés de Barkasat. «Cet atroce massacre perpétré par les forces d’occupation israéliennes est un défi à toutes les résolutions internationales sur la légitimité», a écrit la présidence palestinienne dans un communiqué.

La rapporteuse spécial des Nations unies sur la Palestine, Francesca Albanese, a affirmé qu’«Israël commet un génocide à Ghaza». «Ce qui s’est passé hier (dimanche, ndlr) à Rafah est horrible», a-t-elle dit, citée par Al Jazeera. «Les massacres auraient pu être arrêtés, mais ils se poursuivent en raison de l’impunité d’Israël», a-t-elle ajouté.  «Ghaza est un enfer sur terre et les images de la nuit dernière en sont un nouveau témoignage.

Nous ne sommes pas en mesure de confirmer la localisation de nos collègues dans la zone ciblée et nous sommes profondément inquiets pour leur sécurité et celle de toutes les personnes déplacées», a, pour sa part, indiqué Philippe Lazzarini, commissaire de l’UNRWA. L’attaque menée sur le centre Barkasat survient alors qu’Amnesty International (AI) a demandé à la Cour pénale international (CPI) d’ouvrir une enquête sur trois frappes israéliennes meurtrières qui ont eu lieu les 16, 19 et 20 avril sur le camp de réfugiés d’Al Maghazi et à Rafah.

Ces frappes ont provoqué la mort de 44 civils palestiniens, dont 32 enfants, selon un communiqué d’AI. «Ces frappes dévastatrices ont décimé des familles et ôté la vie à 32 enfants», a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice générale des recherches à Amnesty International.  Et d’affirmer : «Nos conclusions apportent des éléments de preuve essentiels pointant des attaques illégales imputables à l’armée israélienne, à un moment où le procureur de la CPI demande des mandats d’arrêt à l’encontre de hauts responsables israéliens, dont le Premier ministre Benyamin Netanyahu, et de dirigeants du Hamas.» 

Depuis octobre 2023, AI a mené des investigations approfondies sur 16 frappes aériennes israéliennes ayant fait 370 morts parmi les civils, dont 159 enfants, et des centaines de blessés. Elle a recueilli des preuves de crimes de guerre commis par les forces israéliennes, notamment des attaques menées directement ou sans discernement contre des civils, ainsi que d’autres attaques illégales et des sanctions collectives contre la population civile.

Dans les trois cas sus-indiqués, l’organisation n’a trouvé «aucune preuve de la présence de cibles militaires» dans ou autour des lieux ciblés par l’armée israélienne. «Ce qui fait craindre que ces frappes ne s’apparentent à des attaques directes contre des civils et des biens de caractère civil, qui constituent des crimes de guerre», lit-on dans le communiqué. «Ce type d’attaques (…) constituent des crimes de guerre.

Les éléments de preuve recueillis indiquent également que l’armée israélienne n’a pas donné d’avertissement, tout au moins aux personnes vivant dans les endroits touchés, avant de lancer les attaques», explique Amnesty. Le 16 avril, vers 15h40, une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés d’Al Maghazi tue 10 enfants âgés de 4 à 15 ans et 5 hommes âgés de 29 à 62 ans. Plus d’une dizaine d’habitants, la plupart des enfants, ont été blessés. Les munitions ont atterri au milieu de la rue d’un marché, où des enfants jouaient autour d’un babyfoot.

Le 19 avril, vers 22h15, une bombe aérienne frappe la maison à quatre étages de la famille d’Abu Radwan dans le quartier de Tal Al Sultan, tuant 9 membres de la famille (6 enfants, 2 femmes et un homme) et en blessant 5 autres (3 enfants, un homme et une femme).  Le lendemain, le 20 avril, vers 23h20, une frappe détruit la maison de la famille Abdelal, dans le quartier d’Al Jneinah dans l’est de Rafah, faisant 20 victimes – 16 enfants et 4 femmes – et blessant 2 enfants. Les victimes dormaient... 


 

 

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