Le ministre des Affaires étrangères a affirmé, lors de la réunion interministérielle du Mouvement des non-alignés, qu’il est impératif de «s’engager collectivement et de manière efficace dans l’action multilatérale pour formuler des solutions communes et globales aux problèmes auxquels est confrontée l’humanité toute entière».
De Bakou en Azerbaïdjan, où s’est tenue hier la réunion ministérielle du Mouvement des non-alignés (MNA), le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a mis en avant la contribution de l’Algérie pour un monde plus sûr et plus stable. Il a dans ce sillage défendu la doctrine des pays non alignés dans un contexte international très tendu, marqué par la multiplication des conflits armés.
«Ce qui se passe aujourd’hui sur la scène internationale, où l’on assiste à une accélération des fissures et une montée des tensions dans un climat de polarisation exacerbée, est une source de grande préoccupation pour nous, compte tenu de ses répercussions profondes sur divers aspects de la vie internationale», a-t-il souligné dans une allocution prononcée à l’ouverture de cette réunion interministérielle.
Pour Ahmed Attaf, «la mondialisation heureuse, telle qu’elle a été décrite, est en déclin (...). Le système de sécurité collective est en crise constante, et les cadres de partenariat multilatéraux ont été minés par une résurgence de l’égoïsme, de la suspicion vis-à-vis de l’autre et du repli sur soi».
«Cette situation, a-t-il poursuivi, nous amène une fois de plus à réitérer notre attachement collectif aux principes fondamentaux et aux idéaux sur lesquels est fondé notre mouvement, et qui ont constitué une source d’inspiration constante et une raison d’être inébranlable, dont la justesse et la prépondérance ont été prouvées par le contexte mondial général que nous vivons actuellement.»
Le ministre des Affaires étrangères a précisé que le non-alignement «ne signifie pas que nous tournions le dos à nos responsabilités internationales par peur de leur poids ou pour éviter d’en payer le prix» et qu’il «ne peut en aucun cas être interprété comme un manquement à nos devoirs internationaux, par négligence ou par crainte d’injonctions».
«Responsabilité historique»
Le non-alignement ne peut être décrit, a-t-il noté, «comme un regroupement d’apathiques, non concernés ou peu enthousiastes à occuper leurs positions au niveau international afin d’éviter d’être impactés par les obligations et les responsabilités qu’elles exigent». «Le non-alignement tel que nous l’envisageons est l’accomplissement d’une responsabilité historique et d’un devoir qui a une dimension politique noble», a insisté M. Attaf, selon lequel, la responsabilité de ce mouvement est celle de «contribuer à construire un système de relations internationales qui implique et n’exclut pas, qui rassure et n’inquiète pas et qui satisfait les besoins et ne fuit pas.
C’est un système international dans lequel la voix de nos pays est entendue, leur sécurité garantie, leur souveraineté préservée et leurs intérêts respectés». Ce mouvement, a-t-il relevé, a toujours œuvré pour le respect des principes, des règles et des lois internationales qui garantissent «une coexistence pacifique, sûre et bénéfique pour tous».
Le ministre des Affaires étrangères a assuré que «l’Algérie, qui s’apprête à occuper un siège non permanent au Conseil de sécurité, grâce au soutien et à l’appui de nos frères et amis des Etats membres de ce mouvement, affirme son attachement à toutes ces valeurs et principes qui sous-tendent ses positions mesurées et équilibrées vis-à-vis des différents développements régionaux et internationaux, et représentent, en même temps, une source pour ses efforts et initiatives visant à répandre la sécurité et la stabilité».
«Solution pacifique»
M. Attaf a ainsi relevé les efforts consentis par l’Algérie dans la résolution de conflits aussi bien au niveau régional qu’international. Il a cité dans ce sens l’initiative lancée par le président Abdelmadjid Tebboune pour la médiation dans le conflit russo-ukrainien. Une initiative qu’il a qualifiée de «contribution sérieuse et efficace» visant à «mettre fin à cette crise» à travers une «solution pacifique» garantissant «le respect des principes et objectifs des Nations unies» et prenant en compte «les préoccupations sécuritaires des deux parties».
M. Attaf a aussi affirmé que l’Algérie intensifie sa coopération avec ses partenaires pour atténuer un tant soit peu les répercussions néfastes de cette crise mondiale, notamment en ce qui concerne l’approvisionnement en hydrocarbures, «en renforçant son rôle de fournisseur fiable».
L’Algérie, a poursuivi le ministre, considère qu’il est aujourd’hui primordial de «s’engager collectivement et de manière efficace dans l’action multilatérale pour formuler des solutions communes et globales aux problèmes auxquels est confrontée l’humanité toute entière».
Au niveau régional, M. Attaf a fait part de la «ferme conviction» de l’Algérie qu’«il est impossible d’affronter les défis multidimensionnels qui pèsent lourdement sur la région sahélo-saharienne sans tenir compte de l’interdépendance entre la sécurité et le développement».
«C’est ce à quoi mon pays cherche à contribuer de façon modeste à travers les nombreux projets de développement, qui ont été approuvés au profit de plusieurs pays africains frères», a-t-il souligné. M. Attaf a affirmé dans ce sillage que l’Algérie poursuit ses efforts visant à réactiver l’Accord de paix et de réconciliation au Mali issu du processus d’Alger.
Abordant la situation en Libye, M. Attaf a réitéré le soutien de l’Algérie aux efforts de l’ONU pour résoudre la crise dans ce pays à travers, notamment, des «élections libres et régulières qui répondent aux aspirations du peuple libyen». Evoquant la crise au Soudan, le ministre des Affaires étrangères a précisé que l’Algérie a appelé à «faire avancer les perspectives d’une solution pacifique à cette crise» et sortir le Soudan du «cycle de la violence et de la division».