Depuis son investiture à la tête de l’Etat, il y a trois ans, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a fait de l’Agriculture la pierre angulaire de son programme économique, et ce, pour assurer la sécurité alimentaire du pays, mais aussi pour booster l’économie nationale en général, et ces efforts ne sont pas vains. En effet, l’Algérie a enregistré des performances remarquables en matière de production agricole. Des performances liées, selon l’ingénieur agronome Djamel Belaid, à plusieurs facteurs. Il y a par exemple l’investissement public avec les récents relèvements du prix des céréales ou les subventions relatives aux équipements pour l’irrigation. «On doit aussi ces performances au travail des agriculteurs, entrepreneurs et aux ouvriers agricoles», ajoute M. Belaid. Il précise au passage que ces performances sont également liées aux barrières douanières qui ont permis la réduction des importations de pommes, ail et tomate en conserve, ce qui a rendu confiance aux producteurs locaux. En ce qui concerne la filière des céréales, celle-ci a également connu un important rebond avec une production qui a atteint 41 millions de quintaux durant la saison agricole 2021/2022, soit une hausse de 48% par rapport à la saison précédente. S’agissant de la filière des légumineuses, la production a atteint 1,2 million de quintaux, soit une hausse de 20% par rapport à la saison dernière. Une hausse saluée par M. Belaid, d’autant que cette culture enrichit naturellement le sol en azote, ce qui est bénéfique aux cultures suivantes. Idem pour la production de la pomme de terre, un produit de base au même titre que les céréales qui a augmenté de 30% avec 44,2 millions de quintaux récoltés en 2022. Les progrès de la production agricole nationale sont finalement indéniables. Si, selon M. Belaid, nous n’importons plus de concentré de tomates et de pommes et que la production de semences de pomme de terre est en nette augmentation, le spécialiste insiste sur l’importance de concentrer les efforts sur les produits stratégiques. «Les bananes, avocats et pastèques, très gourmands en eau, n’en font pas partie. Les produits d’origine animale apportent des protéines mais obligent à des productions fourragères également gourmandes en eau comme le maïs. Les pois chiches et lentilles peuvent constituer des produits de substitution riches en protéines», estime-t-il. Pour M. Belaid, il est donc important de procéder, dès aujourd’hui, à des choix. D’ailleurs, et dans le but de protéger les eaux souterraines potables du danger de la salinité, le Président a insisté sur le durcissement du contrôle de forages non planifiés de puits, ce qui constitue, selon M. Belaid, la «mère des batailles». A cet effet, il explique : «Nous oublions trop souvent que nous sommes un pays à dominance semi-aride et aride. Il faut former les agriculteurs au fonctionnement des nappes souterraines. S’il ne pleut pas, les nappes ne se reconstituent pas.»
C’est pourquoi, le spécialiste estime qu’une politique de contrat de nappes par petite région associant les irrigants et les services de l’hydraulique devient indispensable. «L’attribution d’une autorisation de forage devrait être conditionnée à la participation de l’agriculteur au développement de la petite hydraulique», souligne-t-il. En outre, et toujours dans le but de développer davantage le secteur de l’agriculture, le Président a appelé à la nécessité de faire passer l’agriculture d’un caractère social à un caractère scientifique, et ce, suivant une vision moderne qui comprend la formation et la qualification de la ressource humaine. De ce fait, M. Belaid assure que les progrès seront d’autant plus rapides en mobilisant les compétences locales. Les entrepôts abritant les récoltes agricoles n’ont pas été oubliés et M. Tebboune a appelé à accélérer le processus de leur construction. Une décision salutaire, selon M. Belaid, notamment pour les céréales, la pomme de terre, les oignons ou encore les viandes blanches. «Il est possible de faire appel aux capacités nationales tant publiques que privées. Là aussi, la formation est nécessaire», recommande le spécialiste. A noter qu’en termes de subventions, dans le cadre du programme de relance et de renouveau économique engagé par le Président, le secteur agricole a bénéficié de 130 milliards de dinars pour 2021-2022 sous forme de subventions en faveur du développement de l’investissement agricole, de la régulation de la production et des projets structurels. Une initiative «importante», selon M. Belaid mais qui mériterait, selon le spécialiste, «d’être conditionnée». A cet effet, il explique : «Ces dernières devraient aller à condition que l’agriculteur s’engage dans des cultures stratégiques. Rappelons que le matériel d’irrigation est subventionné de la même façon que l’agriculteur produise des pastèques ou des pommes de terre.» Et enfin, une plate-forme numérique sera créée au niveau de l’Office national des terres agricoles (ONTA), comportant toutes les informations sur l’investissement agricole, notamment la disponibilité des terres à mettre en valeur, les procédures d’accès au foncier et les dossiers de concession. Une démarche louable, selon M. Belaid, car elle ne peut qu’accélérer les procédures d’attribution. En ce qui concerne les superficies d’attribution de la grande mise en valeur pour certains agro-économistes, des concessions de 500 à 1000 hectares correspondent, selon M. Belaid, à la taille idéale pour faire ses preuves. «On ne connaît pas d’investisseurs de plusieurs milliers d’hectares ayant réussi. Rappelons qu’il s’agit de produire dans les conditions agressives d’un milieu aride», conclut-il.