Agression israélienne contre Ghaza : L’OMS dénonce les entraves à l’aide humanitaire

04/11/2023 mis à jour: 00:53
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L’arrivée de l’aide humanitaire au compte-gouttes dans la Bande de Ghaza, qui vit sous l’enfer des bombardements incessants israéliens, est toujours confrontée à une multitude d’obstacles. Le Croissant-Rouge palestinien a annoncé, avant-hier, avoir reçu seulement 102 camions d’aide humanitaire provenant du Croissant-Rouge égyptien au terminal de Rafah, au 27e jour de l’agression israélienne. 

Les véhicules étaient chargés de «provisions, telles que de la nourriture, de l’eau, des trousses de secours, des médicaments et du matériel médical», a détaillé le Croissant-Rouge palestinien, dans un message publié sur X (anciennement Twitter). «Jusqu’à présent, 374 camions au total ont été reçus, mais aucune autorisation n’a encore été obtenue pour acheminer du carburant», a déploré l’organisation alors que l’ONU réclame une aide plus massive. 

Face à cette situation, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a dénoncé, le même jour, la multitude d’obstacles qui limitent drastiquement l’arrivée de l’aide humanitaire dans la Bande de Ghaza dont les populations et les infrastructures de santé ont un besoin vital. Le patron de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a jugé que la situation «sur le terrain à Ghaza est indescriptible», lors d’un point de presse à Genève, réclamant «à tout le moins une pause humanitaire et idéalement un cessez-le feu». 

Le docteur Mike Ryan, chargé des situations d’urgence au sein de l’organisation, a dénoncé les obstacles à la distribution de l’aide, quand elle arrive à entrer sur le territoire palestinien. «Faire passer les camions à la frontière c’est une chose mais les amener là où ils sont nécessaires en est une autre, et cela n’a pas été facilité, cela n’a pas été soutenu et en fait, c’est même plutôt le contraire», a fustigé le médecin irlandais qui s’est rendu récemment en Egypte où se trouve Rafah, actuellement le seul point de passage avec la Bande de Ghaza. «A l’heure actuelle, nous n’avons pas de processus de déconfliction efficace, il n’y a pas d’accès humanitaire et tous ceux qui disent que l’aide humanitaire arrive, ce n’est pas vrai !» a souligné Mike Ryan.

 «Franchement, j’en ai marre d’entendre que l’on donne toutes ces assurances qui n’existent pas vraiment sur le terrain pour les personnes avec lesquelles nous travaillons», a-t-il dénoncé, ajoutant qu’«il est de la responsabilité de toutes les parties au conflit de permettre le réapprovisionnement de ces hôpitaux.» «Les autorités d’occupation ont la responsabilité particulière de veiller à ce que ces installations soient non seulement protégées mais également dotées pour répondre aux besoins des populations qu’elles servent», a-t-il insisté. La situation humanitaire dans le petit territoire, soumis depuis le 9 octobre à un «siège complet» par Israël, est alarmante, privant les habitants de livraisons d’eau, de nourriture et d’électricité. 
 

«Nous manquons de mots pour décrire l’horreur»

Le territoire était déjà soumis à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis 2007. «Nous manquons de mots pour décrire l’horreur qui se déroule à Ghaza», est indigné le patron de l’OMS. Hôpital bondé de blessés gisant dans les couloirs, morgues débordantes, médecins pratiquant des opérations sans anesthésie, a détaillé le Dr Tedros. 

De son côté, l’ONU a estimé les besoins en aide pour la population de Ghaza et de la Cisjordanie à 1,2 
milliard de dollars jusqu’à fin 2023. «Le coût pour répondre aux besoins de 2,7 millions de personnes – c’est-à-dire la totalité de la population de Ghaza, et 500 000 personnes en Cisjordanie occupée – est estimé à 1,2 milliard de dollars», a précisé l’OCHA, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, ajoutant que l’appel de fonds lancé initialement le 12 octobre est insuffisant. 

L’OCHA doit dévoiler, demain lundi 6, les détails de son appel révisé aux donateurs, mais il détaillera «les besoins en nourriture, en eau, en soins de santé, en abris, en hygiène et d’autres priorités urgentes, suite aux bombardements massifs dans la Bande de Ghaza». «Nous exhortons les donateurs à mettre rapidement à disposition des ressources», souligne le communiqué. 

Outre «un financement adéquat», l’organisation insiste aussi sur «un accès sûr et durable à toutes les personnes dans le besoin où qu’elles se trouvent, un flux suffisant de fournitures humanitaires et – surtout – le carburant». «Le fonctionnement du secteur privé et des ONG dépendra également de la protection et des assurances données par les parties au conflit. L’ouverture des points de passage israéliens sera primordiale», a ajouté le communiqué. Il est estimé que 1,4 million de personnes sont déplacées à l’intérieur de la Bande de Ghaza et qu’environ 629 000 d’entre elles ont trouvé refuge dans 150 abris d’urgence de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). 

Par ailleurs, des experts de l’ONU, dont la rapporteuse spéciale sur la situation des droits humains dans les Territoires palestiniens occupés, ont estimé que le peuple palestinien «court un grave risque de génocide», dans un communiqué commun diffusé à Genève. «Nous restons convaincus que le peuple palestinien court un grave risque de génocide», ont écrit ces experts indépendants mandatés par le Conseil des droits de l’homme mais qui ne parlent pas au nom de l’ONU. 

«Nous exigeons un cessez-le-feu humanitaire pour garantir que l’aide parvienne à ceux qui en ont le plus besoin. Un cessez-le-feu signifie également que des canaux de communication peuvent être ouverts pour garantir la libération des otages», ont-ils exigé. 

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