Agression israélienne contre Ghaza : Le Conseil de sécurité de l’ONU adopte une résolution pour un cessez-le-feu

12/06/2024 mis à jour: 00:50
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Photo : D. R.

Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a exhorté Israël et le Hamas à saisir cette opportunité afin de parvenir à un accord sur le plan de cessez-le-feu soutenu par le président américain.

Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté, lundi, une résolution qui soutient le plan de cessez-le-feu à Ghaza annoncé le 31 mai par le président américain Joe Biden, avec 14 voix pour et l’abstention de la Russie. Après plus de huit mois de dévastation et des dizaines de milliers de civils palestiniens massacrés par l’armée israélienne, le plan se veut être comme un coup de billard à deux bandes.

L’approbation d’Israël de ce plan ouvre, du coup, la voie aux Etats-Unis de presser le mouvement de résistance Hamas afin de l’accepter en appliquant pleinement ses termes sans délai et sans conditions. Ledit plan se décline en trois phases, selon les termes de la résolution de l’ONU.

Il prévoit, dans une première phase, un cessez-le-feu de six semaines accompagné d’un retrait israélien des zones densément peuplées de Ghaza, de la libération des prisonniers israéliens détenus par les factions palestiniennes et de prisonniers palestiniens en Israël.

Il indique aussi que, si la première phase prend plus de six semaines, le cessez-le-feu sera maintenu aussi longtemps que les négociations se poursuivront. La résolution s’oppose d’autre part à toute tentative de modification démographique ou territoriale de la bande de Ghaza, y compris toute action qui réduirait son territoire.

La décision du Conseil de sécurité a été favorablement accueillie, dans la foulée, par l’Autorité palestinienne et le Hamas. Israël l’a déjà accepté et les combats «pourraient s’arrêter aujourd’hui si le Hamas faisait de même», a indiqué l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield.

«Ce texte n’est pas parfait, mais il offre une lueur d’espoir aux Palestiniens», a réagi l’ambassadeur d’Algérie, Amar Bendjama, dont les efforts consentis au sein des Nations-Unies pour un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Ghaza ont été constants et cruciaux.

«Attaques scandaleuses et incessantes»

Le mouvement Hamas a salué, hier, cette résolution et assuré de sa volonté de coopérer avec les médiateurs (Egypte, Qatar et Etas-Unis) pour entamer des négociations indirectes concernant la mise en œuvre de ces principes.

Si Joe Biden a décrit le plan comme venant d’Israël, le Premier ministre Benyamin Netanyahu a dit vouloir «poursuivre la guerre» jusqu’à la destruction du Hamas et les divisions politiques dans son pays pourraient compliquer les efforts diplomatiques américains.

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a, lui, salué le vote, y voyant un «pas dans la bonne direction», tandis que son ambassadeur à l’ONU, Riyad Mansour, a insisté sur le fait que la charge de l’application d’un tel cessez-le-feu «incombe» à Israël.

La présidence palestinienne considère l’adoption de cette résolution comme un pas dans la bonne direction pour mettre fin à la guerre de génocide en cours «contre (notre) peuple dans la bande de Ghaza», ont indiqué les services de M. Abbas dans un communiqué diffusé par l’agence officielle Wafa.

L’entreprise génocidaire de l’entité sioniste a profondément choqué les opinions publiques dans le monde et jeté un lourd discrédit sur le rôle de l’instance onusienne incapable, jusqu’ici, de mettre un terme à l’impunité d’une entité placée sous l’emprise d’un cabinet de guerre suprématiste d’extrême droite.

Depuis le 7 octobre, le Conseil de sécurité a d’ailleurs eu toutes les peines à parler d’une seule voix. De nombreux projets de résolution ont été rejetés, soit par manque de voix, soit en raison de veto américain d’un côté, russe et chinois de l’autre.

Les Américains, principaux alliés d’Israël, ont longtemps repoussé la possibilité de mettre un terme à l’enfer que vivent les Palestiniens, endossant ainsi la responsabilité morale des massacres commis en territoires occupées. Après deux résolutions principalement centrées sur l’aide humanitaire, le Conseil de sécurité avait finalement exigé fin mars un cessez-le-feu immédiat, pour la durée du Ramadhan ; un appel précédemment bloqué plusieurs fois par les Etats-Unis, qui s’étaient cette fois abstenus.

Israël est, faut-il le rappeler, poursuivi pour «crime de génocide» devant la Cour internationale de justice, dont la dernière ordonnance a enjoint Tel-Aviv de cesser immédiatement ses opérations dans la ville de Rafah, au sud de la bande de Ghaza, où plus d’un million de Palestiniens s’étaient réfugiés avant que la ville ne soit envahie, le 6 mai dernier.

Aussi, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé, hier, Israël et le Hamas à parvenir à un accord sur le plan de cessez-le-feu soutenu par le président américain. «Je salue l’initiative de paix récemment présentée par le président Biden et j’exhorte toutes les parties à saisir cette opportunité et à parvenir à un accord», a-t-il déclaré lors d’une conférence internationale en Jordanie visant à récolter des fonds pour l’aide humanitaire destinée aux Palestiniens de la bande de Ghaza.

Il a, en outre, qualifié la situation dans l’enclave palestinienne de Ghaza de «déplorable». Guterres s’est, en outre, prononcé pour un soutien actif en faveur de l’Office d’aide aux réfugiés (UNRWA) qui fait face, a-t-il précisé, «à des attaques scandaleuses et incessantes». Le patron de l’ONU a ajouté : «L’ampleur des carnages et des meurtres à Ghaza dépasse tout ce que j’avais pu observer au cours de mes années en tant que secrétaire général».

Bendjama : l’Algérie attachée à la poursuite des responsables d’Israël

Intervenant suite au vote sur la résolution, le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies à New York, Amar Bendjama, a affirmé que l’Algérie a voté en faveur du projet de résolution car elle considère qu’il peut représenter un pas vers un cessez-le-feu immédiat et durable.

Il a, dans ce contexte, affirmé que l’Algérie a participé de bonne foi au processus de négociations, en travaillant à l'élaboration avec les Palestiniens et les médiateurs pour déboucher sur une résolution garantissant un cessez-le-feu immédiat, espérant que cette résolution puisse avoir un résultat palpable.

«L’Algérie a voté en faveur de ce texte pour donner une chance à la diplomatie de déboucher sur un accord qui mettrait fin à l’agression sioniste contre le peuple palestinien qui dure depuis très longtemps», a-t-il dit, soulignant que «la poursuite des agressions barbares par les forces d’occupation n'entraînera que davantage de décès, comme nous l’avons vu en fin de semaine au camp de réfugiés de Nusseirat».

Par ailleurs, il a réitéré l’engagement de l’Algérie à l’impératif de poursuivre les responsables de l’entité sioniste pour les crimes commis dans tous les territoires palestiniens occupés, ayant fait des milliers de victimes palestiniennes, enfants et femmes.

M. Bendjama a également mis l’accent sur l’impératif de s’attaquer aux causes profondes, et d’avoir au Conseil comme premier objectif, celui de mettre un terme à l’occupation, réitérant l’engagement sans faille de l’Algérie à appuyer le peuple palestinien jusqu’à ce qu’il puisse atteindre ses droits inaliénables, y compris le droit à l’autodétermination et l’établissement de son Etat avec El-Qods comme capitale. 

 

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