Agression génocidaire israélienne contre la population de Ghaza : Les hôpitaux hors service

10/07/2024 mis à jour: 06:38
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De nombreux enfants palestiniens sont morts faute de soins - Photo : D. R.

Le bureau des droits de l’homme de l’ONU s’est dit «consterné» hier par les nouveaux ordres d’évacuation émis par l’armée israélienne dans la ville de Ghaza, qui poussent des déplacés à aller dans des secteurs «où des civils se font tuer».

La guerre d’extermination que mène Israël contre la population de Ghaza s’accentue davantage. La poursuite de cette agression génocidaire a fait 50 morts et 130 blessés au cours des dernières 24 heures, selon le ministère palestinien de la Santé. La même source a indiqué qu’un certain nombre de victimes palestiniennes se trouvaient encore sous les décombres et sur les routes et que les forces de l’occupation empêchaient les ambulances et les équipes de la Protection civile de leur porter secours.

Le bilan global des bombardements israéliens contre Ghaza fait état de 38 243 morts et de 88 033 blessés, a ajouté la même source. Même si le conflit s’achève aujourd'hui, de nombreux habitants de l’enclave palestinienne continueront de mourir en raison de causes «indirectes» liées à la guerre. «Les conflits armés ont des implications sanitaires indirectes (...). Même si le conflit se termine immédiatement, il continuera d’y avoir de nombreuses morts indirectes dans les mois et années à venir, en raison de maladies reproductives, transmissibles ou non», a révélé The Lancet.

Ce bilan «indirect» risque d’être élevé en raison de «l’intensité du conflit, qui a détruit les infrastructures médicales, des pénuries sévères de nourriture, d’eau et du manque d’abris, de l’incapacité de la population à fuir vers des endroits sûrs et de la suspension du financement de l’UNRWA, une des seules organisations humanitaires encore présentes» à Ghaza.

Se basant sur des images satellites, l’ONU  avait, rappelons-le, estimé le 31 mai 2024, dans son dernier rapport du genre, que 55% «des infrastructures totales de Ghaza» ont été endommagées, soit 135 142 logements, parmi lesquels 36 591 sont entièrement détruits. Dans ce contexte, The Lancet a appelé à un  «cessez-le-feu immédiat et urgent, accompagné d’une distribution de vivres et d’autres ressources fondamentales» à Ghaza.

Pour sa part, le bureau des droits de l’homme de l’ONU s’est dit «consterné» hier par les nouveaux ordres d’évacuation émis par l’armée israélienne dans la ville de Ghaza, qui poussent des déplacés à aller dans des secteurs «où des civils se font tuer». L’occupant israélien a appelé, faut-il le préciser, lundi, les résidents de quartiers du centre-ville de Ghaza à évacuer, après avoir lancé deux avertissements similaires depuis le 27 juin dans cette ville du nord du territoire palestinien, poussant des dizaines de milliers de personnes sur les routes.

«Le bureau des droits de l’homme de l’ONU est consterné par le fait que l’armée israélienne appelle de nouveau des résidents de la ville de Ghaza, dont de nombreux ont déjà été déplacés de force à plusieurs reprises, à fuir vers des secteurs où les opérations militaires de l’armée sont en cours et où des civils continuent d’être tués et blessés», a-t-il dit dans un communiqué publié sur la plateforme X.

Évacuations suspendues

L’armée israélienne a, par ailleurs, indiqué hier «poursuivre son opération antiterroriste dans la ville de Ghaza (…)». En même temps qu’elle émettait cet ordre d’évacuation, elle a intensifié ses frappes dans le sud et dans l’ouest de la ville de Ghaza, «ciblant les mêmes secteurs vers lesquels elle avait ordonné de se déplacer», a dénoncé le bureau de l’ONU pour les droits de l’homme.

Celui-ci a noté que Deir El Balah, localité au sud de la ville de Ghaza vers laquelle les résidents sont précisément invités à se rendre, «est déjà fortement surpeuplée de Palestiniens déplacés d’autres endroits (...), et où il y a peu d’infrastructures et d’accès à l’aide humanitaire». 

Le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a, quant à lui, indiqué, lundi soir, que l’armée d’occupation avait émis des ordres d’évacuation «à des dizaines de milliers de personnes» dans la ville de Ghaza. Aussi, selon l’agence de presse palestinienne Wafa, le Croissant-Rouge palestinien a révélé hier que tous les points médicaux et cliniques d’urgence qui lui sont affiliés sont «hors service». Elle a, en outre, expliqué que la mise hors service de ses installations était due aux mesures d’expulsion forcée de l’occupation dans diverses zones du gouvernorat.

Il convient de noter que seuls 15 des 36 hôpitaux de la bande de Ghaza fonctionnent partiellement, et sont confrontés à une grave pénurie de carburant et de fournitures médicales. A cela s’ajoute le fait qu’environ 500 membres du personnel du secteur de la santé palestinien ont été tués et des centaines d’autres blessés.

De son côté, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a averti que le volume de fournitures médicales entrant à Ghaza est insuffisant pour soutenir la réponse sanitaire, mentionnant que toutes les évacuations médicales en dehors de Ghaza restent suspendues.

Le mouvement de résistance palestinien Hamas a, quant à lui, estimé que l’offensive de l’armée d’occupation contre Ghaza est l’une des plus intenses depuis des mois. Le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a d’ailleurs fait savoir, dans un communiqué cité par le Middle East Eye, que cette offensive pourrait «ramener le processus de négociations à la case départ». «Netanyahu et son armée porteront l’entière responsabilité de l’échec de cette voie», a-t-il souligné hier.

Alors que la diplomatie américaine affirmait en fin de semaine dernière qu’une «percée» dans les négociations autour d’un cessez-le-feu à Ghaza avait été réalisée par les médiateurs, les pourparlers se heurteraient à de nouvelles exigences de Benyamin Netanyahu, selon le même média.

Nouveau round de négociations

Le Premier ministre israélien a répété que l’accord devait contenir la possibilité de «reprendre les combats» dans l’enclave palestinienne même en cas de trêve permettant la libération des otages israéliens. «Des deux côtés, on voit des commentaires publics qui ne reflètent pas nécessairement les conversations privées que nous avons avec eux ou avec leurs interlocuteurs», a tempéré hier John Kirby, le porte-parole de la Maison-Blanche.

Dans ce contexte, le président égyptien, Abdel Fattah Al Sissi, a rencontré hier le chef de la CIA, William Burns, au Caire, où les délégations américaine et israélienne ont discuté des efforts en vue d’une  trêve dans la bande de Ghaza.

Le bureau d'Al Sissi a déclaré que les deux hommes avaient «discuté des derniers développements dans les efforts conjoints pour parvenir à un accord de trêve et de cessez-le-feu dans la bande de Ghaza», théâtre d’un génocide sans précédent. «Les négociations sur la trêve se poursuivent au Caire», a rapporté Al Qahera News, réputé proche des renseignements égyptiens.

En début de semaine, la même source avait affirmé que des délégations israélienne et américaine étaient attendues dans la capitale égyptienne où, selon les médias israéliens, le chef du Shin Bet, Ronen Bar, serait également présent. Les médiateurs égyptien et qatari tentent depuis des mois d’arracher une trêve et un échange entre otages israéliens retenus à Ghaza et prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Les pourparlers, récemment mis en stand-by, semblent reprendre cette semaine au Caire et à Doha, où une source de haut niveau a déclaré à Al Qahera News qu’une délégation égyptienne chargée de la sécurité s’y rendrait aujourd’hui. Leur objectif est de «rapprocher les points de vue du Hamas et d’Israël afin de parvenir à un accord de trêve le plus rapidement possible», a expliqué cette source.

Une autre source au fait des négociations a déclaré lundi à l’AFP que le directeur de la CIA et le chef du Mossad israélien, David Barnea, se rendraient à Doha aujourd'hui, et rencontreraient le Premier ministre qatari.

Le pape François a lancé hier un appel à la communauté internationale pour prendre des «mesures sérieuses et concrètes» afin de mettre fin à l’agression israélienne contre la bande de Ghaza. Selon l’agence Wafa, le pape a exprimé sa «douleur» face à «l’attaque contre une école abritant des personnes déplacées à Ghaza» et sa «profonde inquiétude face à l’escalade de la violence à Ghaza». Il a exprimé son espoir de voir se dégager «des voies concrètes pour mettre fin à la guerre en cours». 
 

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