Afrique, le cri de la jeunesse

03/08/2023 mis à jour: 04:00
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Au commencement, c'était l’invasion américaine de l’Irak sans l'aval de l’Onu, sous un faux prétexte, avec une violence inouïe, suivie, quelques années après, de la déstabilisation de la Syrie et de la Libye.

 Dès ce moment-là, le Tiers-Monde s’est rendu à l’évidence que le colonialisme était une doctrine loin d’être achevée et que seules ses méthodes avaient changé : globalement, l’Occident n’arrête pas de se serrer les coudes, avec arrogance, pour défendre ses intérêts économiques et stratégiques.
 

Les Etats-Unis privilégient toujours le recours direct à la canonnière, la France s’accroche à ses résidus néocoloniaux de la «France Afrique» (Françafrique) et les autres pays occidentaux s’alignent derrière l’OTAN, y compris pour contrer la Russie lorsque celle-ci exige que, pour sa sécurité, l’Ukraine ne doit pas être intégrée dans l’organisation. Aussi ne faut-il pas s’étonner aujourd'hui que, un à un, les Etats du Tiers-Monde se rebellent contre cette résurgence du colonialisme que la vague libératrice des années 1960 n’a pas balayée. 
 

Du fait de sa fragilité et surtout de son potentiel de richesses naturelles, l’Afrique est devenue la proie idéale. Les capitales occidentales y ont installé des bases militaires sous le couvert d’assistance sécuritaire contre le terrorisme, parfois avec l’aval des Nations unies. Sont mis à leur profit les appétits et les trahisons de certaines élites politiques africaines conduites à tourner le dos à leurs peuples pour leurs propres intérêts. Niger, Mali, Burkina Faso, la vague émancipatrice déferle, même si certaines méthodes sont sujettes à caution, tel le recours aux coups d’Etat contre des autorités élues démocratiquement .
 

D’autres pays africains sont mûrs pour se joindre à ce raz-de-marée qui commence à inquiéter l’Occident et surtout éveille les consciences sur la réalité du néocolonialisme dans un continent où 50 millions de personnes vivent dans l’extrême dénuement et où le commerce intra-africain ne représente que 15% des échanges totaux. La guerre entre la Russie et l’Ukraine et les sanctions internationales ont ébranlé les faibles économies africaines et plongé nombre d’entre elles dans de graves difficultés. 

En outre, le continent reste toujours le théâtre d’affrontements armés, notamment dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) ou dans le bassin du lac Tchad. Quant au Sahel, il est investi par les hordes du terrorisme fondamentaliste qui visent à placer les populations sous leur bannière. La présence occidentale leur a servi de levier idéal de propagande. 
 

Ce qui est important aujourd’hui, c’est la montée au créneau de la jeunesse africaine. Elle joue son avenir dans un continent extrêmement riche par son sol et son sous-sol, mais réduit à l’extrême pauvreté par le pillage à large échelle opéré par des multinationales. Elle a décidé de prendre en main son destin, c’est elle que nous voyons déferler dans les rues pour dénoncer les Etats occidentaux qui les oppriment ou qui les utilisent dans leurs plans géostratégiques. Elle n’épargne pas les affidés locaux, de moins en moins arrogants et impunis. 
 

Cette jeunesse-là, qui constitue 70% de la population totale du continent, a compris que l’Occident ne peut être un rêve d’exil et que les mers à traverser clandestinement ne sont que des mouroirs. Sa terre natale c’est l’Afrique et son milieu de vie et d’avenir ne peut être que l’Afrique libre , comme l’ont évoqué avec force Lumumba, Nelson Mandela, Nkrumah, Agostino Neto, Frantz Fanon et tant d’autres révolutionnaires.

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