Affaire des migrants algériens portés disparus au large de la tunisie depuis 2008 : L’ambassadeur d’Algérie à Tunis douche l’espoir des familles

24/04/2022 mis à jour: 03:41
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Les 39 harraga algériens, portés disparus en 2008 près des côtes tunisiennes, n’ont toujours pas été retrouvés

Où sont passé les 39 harraga algériens portés disparus depuis 2008 ? Sont-ils toujours en vie ? L’ambassadeur d’Algérie à Tunis, Azzouz Baalal, vient de refroidir leurs familles qui nourrissaient l’espoir de les retrouver sains et saufs, quatorze ans après.

 Pour ses familles, leurs enfants se sont retrouvés dans les prisons tunisiennes suite à l’échec de leur traversée vers l’Europe. Dans sa première réaction sur le sujet, le diplomate algérien laisse entendre que les concernés ne sont pas détenus en Tunisie. «Ces jeunes sont portés disparus depuis 2008 et leur nombre s’élève, d’après les témoignages et les différents signalements, à 39 personnes», a déclaré l’ambassadeur dans une déclaration à l’agence APS. 

Selon lui, des «parties», sans préciser lesquelles, ont évoqué leur «éventuelle présence» dans les prisons en Tunisie en indiquant que ces migrants algériens sont «toujours en vie». Assurant que les services de l’ambassadeur d’Algérie à Tunis ont engagé les «démarches nécessaires auprès des autorités tunisiennes pour s’assurer de la véracité des faits», l’ambassadeur précise qu’il n’y a aucun élément confirmant la présence de ces migrants à Tunis. 

Selon Azzouz Baalal, les autorités tunisiennes n’ont jamais signalé la présence de détenus algériens dans leur pays. «Elles ont officiellement et à maintes reprises nié la présence de détenus algériens dans les prisons tunisiennes, non signalés aux autorités algériennes, et ce, conformément aux us diplomatiques et les dispositions des traités internationaux régissant les relations consulaires», indique-t-il. 

Les autorités tunisiennes, ajoute-t-il, ont enquêté sur cette affaire «sans parvenir à un quelconque indice quant à la présence de citoyens algériens victimes de disparition forcée en Tunisie». 

Ce faisant, Azzouz Baalal souligne que «l’Algérie ne ménagera aucun effort pour tenir les familles des migrants portés disparus informées de tout développement pouvant survenir dans cette affaire». Il demande, dans la foulée, aux familles des harraga de «faire preuve de confiance en les autorités algériennes qui les informeront de tout développement pouvant survenir dans cette affaire déplorable et douloureuse». 

Le 15 avril dernier, des membres des familles des concernés ont fait le déplacement à Tunis pour assister «au procès des leurs qui serait programmé par la justice tunisienne, et plus précisément le tribunal correctionnel d’El Kef». Mais une fois arrivés sur place, ils n’ont rien trouvé. La justice tunisienne les a informés qu’aucune affaire du genre n’était programmée. Qui leur a donné l’information sur le prétendu jugement de ces harraga ?

 Selon ces familles, dont certaines habitent au niveau de la commune de Baraki, à Alger, l’information sur la tenue de ce procès leur a été communiquée par l’intermédiaire du représentant d’Interpol en Algérie. Revenus bredouilles de Tunis, les représentants de ces familles continuent de nourrir l’espoir de retrouver les leurs. 

«Nous sommes devant un coup de théâtre»

Les déceptions des familles des migrants clandestins algériens disparus depuis 2008 en Tunisie se multiplient. Après l’histoire du procès devant se tenir en Tunisie qui n’a pas eu lieu, l’ambassadeur d’Algérie dans ce pays voisin, Azzouz Baalal vient d’enterrer leurs espoirs.

 Mais le diplomate algérien n’a pas expliqué les raisons ayant poussé les services de sécurité algériens à notifier les 39 familles algériens à l’effet d’assister le 15 avril au procès de leurs enfants au niveau du tribunal correctionnel d’El Keuf. Contacté, Me Nasr Eddine Lezzar nous livre ses impressions : «Nous sommes devant un coup de théâtre dans cette tragédie qui dure depuis 14 ans et qui est une affaire d’Etats, au pluriel, c’est-à-dire l’Algérie et la Tunisie. Le document présenté est une notification qui semble avoir été transmise par le canal diplomatique. Il s’agit en fait d’une information émise par des officiers algériens avisant les 39 familles algériennes : ‘‘Votre fils a été arrêté par les gardes-côtes de l’Etat tunisien’’. Les notifications judiciaires sont transmises par le canal des ministères des Affaires étrangères des pays impliqués.
La déclaration de l’ambassadeur d’Algérie à Tunis est un démenti officiel à l’encontre de l’information relayée par ce procès-verbal de notification. Deux possibilités aussi troublantes l’une que l’autre. Soit l’ambassadeur algérien est mal informé, ce qui est, a priori, exclu, soit l’Etat tunisien est impliqué dans la disparition et continue à l’entretenir, il se pourrait aussi que nous soyons devant une fuite organisée d’une fake news.
Ces informations contradictoires pourraient également s’expliquer par les divergences au sein du pouvoir tunisien quant à la gestion de ce dossier. Il ne faut pas oublier que le déni de Tunis dure depuis 14 ans.»
Déçu par les déclarations de l’ambassadeur d’Algérie en Tunisie, Kamel Benabed, le représentant des familles des harraga disparus à Annaba, a tonitrué : «Après avoir cru que, pour la première fois, les autorités tunisiennes reconnaissent officiellement, à travers les convocations, que nos enfants disparus sont toujours vivants, voilà que l’Etat algérien intervient pour la première fois à l’effet de réduire à néant tout espoir de les retrouver. 
A l’Etat algérien, nous avons remis depuis le 1er janvier 2016 plusieurs dossiers ficelés avec des preuves matérielles attestant que nous enfants sont vivants sans aucun retour d’information. Bref, il n’y a pas de volonté politique pour traiter sérieusement le dossier de nos enfants disparus.» 
Afin de rassurer les victimes de cette situation, l’ambassadeur d’Algérie en Tunisie a dit «compatir avec les sentiments des familles des jeunes disparus et leurs peines suite à la disparition de leurs enfants», appelant ces familles à «faire preuve de confiance en les autorités algériennes qui les informeront de tout développement pouvant survenir dans cette affaire déplorable et douloureuse». M. F. G.

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