Admission de la Palestine comme membre de l’Organisation des Nations Unies : La bataille de l’Algérie à l’ONU

18/04/2024 mis à jour: 23:19
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L’Algérie s’est toujours tenue aux côtés des Palestiniens

Aune heure avancée de la nuit de mardi à mercredi derniers, l’Algérie a introduit et mis en bleu son projet de résolution auprès du Conseil de sécurité de l’Onu, dans lequel elle réclame l’admission de la Palestine, en tant qu’Etat membre des Nations unies à part entière.

 Le vote sur ce projet, appuyé par le groupe arabe à New York, qui aura lieu aujourd’hui, en début de soirée (heure algérienne) est le fruit d’un long et intense combat de la diplomatie algérienne, pour mobiliser le plus grand nombre d’Etats afin de permettre à la Palestine, d’obtenir un statut à part entière au sein de l’Onu. 

La première réaction à cette initiative a été faite par le Groupe arabe à travers un communiqué, dans lequel, il a réaffirmé son «soutien sans faille» au projet de résolution algérien et appelé «tous les membres du Conseil de sécurité à voter en faveur du projet de résolution soumis par l’Algérie au nom du groupe arabe (...). Au minimum, nous implorons les membres du Conseil de ne pas faire obstruction à cette initiative essentielle», lit-on sur le communiqué publié sur X (anciennement Twitter).

 Le groupe a estimé qu’il s’agit «d’une mesure tant attendue depuis longtemps et qui aurait dû être mise en œuvre non seulement depuis 2011, mais depuis 1948» avant d’exhorter «tous les membres» du Conseil de sécurité à «voter en faveur» de la résolution présentée par l’Algérie et à «s’abstenir, au moins, d’entraver cette initiative décisive». 

Il a indiqué, en outre, que l’adhésion de la Palestine à l’ONU «est un pas décisif dans la bonne direction vers une solution juste et durable de la question palestinienne, conformément au droit international et aux résolutions pertinentes des Nations unies». 

Pour le groupe arabe : «Le déni de la place légitime de la Palestine au sein de la communauté des nations a duré trop longtemps» et de ce fait, «il est temps de corriger cette injustice historique et de réaliser les droits inaliénables du peuple palestinien à l’autodétermination, à la souveraineté et à la création d’un Etat».

Les signataires ont exhorté le Conseil de sécurité à «tenir compte de l’appel de la communauté internationale et d’approuver sans plus tarder la demande d’adhésion de la Palestine». 

Selon eux, « ne pas le faire constituerait une abdication flagrante de la responsabilité du Conseil de faire respecter les principes de la Charte des Nations unies et du Droit international». Il est important de signaler que la séance de vote d’aujourd’hui coïncide avec une autre réunion prévue depuis plusieurs semaines, consacrée à la situation à Ghaza, et à laquelle de nombreux ministres arabes prendront part. 


La représentante de Malte, Mme Frazier, a proposé que le Comité d’admission, un organe subsidiaire du Conseil de sécurité, se réunisse à 15h (heure de New York et 20h heure algérienne), le même jour pour examiner la candidature. 

Réunion consacrée à l’UNRWA

Les réunions du Comité se tiennent à huis clos, sauf décision contraire de celui-ci. Ainsi, la question palestinienne vient de faire un grand pas en avant après avoir été renvoyée aux calendes grecques, durant ce vent de normalisation des relations de certains pays arabes avec Israël. Les graves dérives de l’armée d’occupation sous prétexte de riposte aux attaques du 7 octobre ont relancé en début du mois en cours la demande d’adhésion à l’Onu, introduite le 23 septembre 2011, soit 36 ans après la proclamation à Alger, de la naissance de l’Etat de la Palestine, en 1988.

 Ce processus a obtenu le soutien indéfectible et ininterrompu de l’Algérie, qui a fait de la question palestinienne une de ses constantes nationales. L’automne 2022 et à l’occasion du Sommet arabe qu’a abrité Alger, le président Tebboune a réussi la prouesse de réunifier les rangs des factions palestiniennes qui s’entre-déchiraient depuis des années. Une aubaine historique qui a permis aux frères ennemis de resserrer leurs rangs. L’élection (avec un vote majoritaire) de l’Algérie en tant que membre non permanent au Conseil de sécurité, pour un mandat de deux ans, entré en vigueur au mois de janvier dernier, est venue à point nommé pour défendre le dossier au plus haut niveau des institutions de l’Onu.

 D’abord à travers les projets de résolution pour un cessez-le feu immédiat à Ghaza suivis par la demande d’adhésion à l’Onu en tant qu’Etat membre à part entière des Nations unies. Le vote en faveur de ce projet de résolution et sauf surprise, apparaît toutefois voué à l’échec. Les Etats-Unis, fervents défenseurs et alliés d’Israël, pourraient s’y opposer en usant de leur droit de veto, surtout qu’ils ne cessent de répéter ces dernières semaines que leur position «n’a pas changé» depuis 2011. 

Il faut savoir que l’admission d’un Etat à l’Onu se fait sur décision de l’Assemblée générale, à une majorité des deux tiers, mais uniquement après un vote positif du Conseil de sécurité. Ce dernier, conformément au règlement intérieur, décidera si à son avis, le candidat à l’adhésion «est attaché à la paix» et «capable et désireux de s’acquitter des obligations contenues dans la Charte des Nations unies et, en conséquence, s’il doit recommander l’adhésion de l’Etat candidat». En cas de recommandation dans ce sens, elle sera transmise à l’Assemblée générale avec un compte rendu complet des délibérations. 

Dans le cas où le Conseil ne recommande pas l’adhésion de l’Etat candidat ou reporte l’examen de la demande, il soumet un rapport spécial accompagné d’un compte rendu des discussions à l’Assemblée générale. Il est à rappeler que sur les 193 Etats membres de l’Onu, 137 reconnaissent de manière unilatérale l’Etat Palestinien à ce jour, alors que de nombreux pays, à leur tête l’Espagne, la Belgique, Malte, se mobilisent pour pousser à l’adhésion de la Palestine en tant qu’Etat membre de l’Onu à part entière. 

 Hier, le Conseil de sécurité a tenu une réunion consacrée aux défis auxquels fait face l’Unrwa à Ghaza, et ce à la demande de la Jordanie. Un exposé sur l’état des lieux désastreux a été présenté par le Commissaire général de l’Unrwa, Philippe Lazzarini, aux membres du Conseil. Il a été question aussi de la situation financière de l’agence. 

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