Accord entre la Russie et l’Ukraine pour la reprise de leurs exportations de céréales : Les cours du blé reviennent à leur niveau d’avant-guerre

24/07/2022 mis à jour: 18:08
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Photo : D. R.

La Russie jouit d’un fort potentiel céréalier qui engrange cet été entre 88 et 91 millions de tonnes de blé.

L’accord russo-ukrainien pour autoriser l’exportation des céréales à partir des ports de la mer Noire a provoqué une baisse des cours du blé sur les marchés internationaux. En attendant de savoir quand les bateaux chargés de blé pourront quitter les ports d’Odessa, de Pivdenny et de Tchornomorsk, la tonne de blé pour livraison en septembre a perdu sur Euronext 25 euros pour se vendre à 325 euros en une seule séance vendredi.

Un niveau bien en deçà du pic du mois de mai dernier, où la tonne s’est vendue à 438 euros, soit plus d’un quart du prix actuel. A Chicago, la même tendance baissière est constatée, puisque le boisseau de blé (27 kg) a affiché 7,70 dollars, en chute de 40% par rapport à son plus haut atteint au mois de mars. La guerre en Ukraine a, pour rappel, empêché cette région véritable grenier du monde, d’approvisionner une clientèle de plus en plus dépendante de ses grains.

Pas moins du tiers du commerce mondial de blé y est centralisé. Les prix des céréales et du blé en particulier ont ainsi connu une flambée sans précédent, fragilisant davantage les économies de certains pays en développement de plus en plus inquiets sur leur capacité à assurer un niveau d’alimentation correcte à leurs populations. La guerre a accentué une tendance haussière des prix provoquée déjà par un déficit de production mondiale.

C’est au début du mois de juin que le président russe, Vladimir Poutine, avait suggéré de créer un corridor permettant aux marchandises d’être écoulées à partir de la mer Noire et ainsi de réguler le niveau d’approvisionnement mondial.

Plus d’un mois plus tard, l’Ukraine et la Russie sont arrivées à signer un accord sous l’égide des Nations unies, et les acteurs financiers n’ont pas tardé à faire réagir les cours vers la baisse en annonçant le prochain écoulement des stocks ainsi que de la prochaine récolte. «Les stocks de blé de la moisson 2021 ont atteint entre 6 et 6,5 millions de tonnes en Ukraine et le double en Russie. Quant à la récolte, elle a bien débuté en Ukraine et pourrait être comprise entre 20 et 22 millions de tonnes» indique un analyste du cabinet Agritel, Nathan Cordier.

La Russie jouit, quant à elle, d’un fort potentiel céréalier qui engrange cet été entre 88 et 91 millions de tonnes de blé.

«Je ne m’y attendais guère étant donné que les Russes avancent davantage à l’Est et se rapprochent du port d’Odessa. Cela m’a surpris et la réaction du marché suggère qu’il y avait une prime sur le blé, en particulier en Europe et dans une moindre mesure sur les contrats à terme à Chicago, jusqu’à ce que cette nouvelle tombe», commente, sur l’AFP, Michael Zuzolo, président de la société de courtage et d’analyse Global Commodity Analytics and Consulting. Outre le prix du blé, d’autres céréales connaissent une chute des cours, à l’instar du maïs dont le prix a glissé de 1,99% pour se vendre à 5,6425 dollars le boisseau pour livraison en juillet.

Une tendance pérenne ? Pas sûr, disent les analystes qui affichent une part de scepticisme quant à la concrétisation de l’accord.

Notons qu’une frappe a touché hier un des ports concernés par l’accord, en l’occurrence le port d’Odessa. «Je ne pense pas être le seul à douter que cela déplace beaucoup de grains, compte tenu de ce que nous avons vécu au cours des deux derniers mois, concernant le mouvement des céréales par le rail hors des zones ukrainiennes à travers les zones russes, puis par bateau vers la mer d’Azov, puis dans la mer Noire vers la Turquie et l’Afrique du Nord», note Zuzolo en émettant un doute sur la continuité de la baisse des cours, compte tenu de la faiblesse du dollar et la sécheresse menaçant les cultures en Europe.

Notons que le Conseil international des céréales prévoit dans ses projections trimestrielles, pour la campagne 2022/23, une baisse de 500 000 tonnes de blé. «Bien que les statistiques commerciales de la saison 2022/23 soient limitées à ce stade, la dégradation reflète principalement l’idée que des prix potentiellement élevés pourraient entraver la demande de produits à base de blé et les importations associées de farine de blé dans certaines régions, notamment en sous-région. L’Afrique subsaharienne, où les importations agrégées sont désormais fixées à 2,1 millions de tonnes, en baisse de 300 000 d’une année à l’autre et de 200 000 en dessous des perspectives d’avril», indique l’IGC. 

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