Aboubakr Esseddik Boucetta, wali de Tizi Ouzou : «Toutes les contraintes qui bloquent le développement seront levées»

05/01/2025 mis à jour: 10:21
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Le wali de Tizi Ouzou lors d’une rencontre avec la presse, mardi dernier - Photo : El Watan

«Nous allons veiller à la réception des projets dans les délais. Nous allons aussi  faciliter la tâche aux investisseurs pour implanter leurs entreprises», rassure M. Boucetta, qui ajoute que la viabilisation des zones d’activité est la première étape à entreprendre pour réunir des conditions favorables à l’investissement.

Il y a beaucoup d’investisseurs qui veulent travailler à Tizi Ouzou», a  déclaré, mardi, le wali de Tizi Ouzou, Aboubakr Esseddik Boucetta, lors d’une rencontre avec les représentants de la presse, où il a parlé des défis qui attendent la wilaya, notamment dans le développement local. «Il y a un grand retard à rattraper, car il y a beaucoup d’investisseurs qui sont bloqués sur des appréhensions», a-t-il révélé, tout en précisant qu’il y a des gens qui veulent travailler dans cette wilaya.

«Nous allons leur faciliter la tâche et lever toutes les contraintes administratives qui retardent leurs projets», a-t-il rassuré. Le même responsable estime aussi que la viabilisation des zones d’activité est la première étape à entreprendre afin de permettre aux investisseurs de travailler dans de bonnes conditions.

Il est important, en outre, de souligner que la question des zones d’activité a fait couler beaucoup d’encre, surtout en raison du problème d’assainissement du foncier qui freine l’implantation des entreprises de beaucoup d’investisseurs. Il y en a aussi d’autres qui sont bloqués dans l’extension de leurs unités de production, notamment à Tala Athmane. Le problème de viabilisation et d’assainissement de la nature juridique de ces espaces demeure un obstacle qui ralentit la relance de l’investissement.

Et pourtant, celle-ci pourra générer des centaines, voire des milliers de postes d’emploi ainsi que des recettes fiscales. Il faut noter que la wilaya de Tizi Ouzou dispose de plusieurs autres zones d’activité sises, entre autres, à Azazga, Makouda, Boudjima, Tigzirt, Aït Touddert ainsi que Draâ El Mizan et Tizi Gheniff. «Les gens veulent créer de la richesse, on doit les aider et leur accorder une attention particulière», a-t-il soutenu.

Par ailleurs, M. Boucetta a précisé qu’il y a effectivement beaucoup d’autres problèmes à prendre en charge, évoquant la pénétrante qui reliera la wilaya de Tizi Ouzou à l’autoroute Est-Ouest, dont le chantier  a récemment été relancé après un arrêt des travaux qui a duré plusieurs semaines. Ce projet est important pour la région puisque, une fois achevé, il diminuera la pression sur la RN 12 qui est souvent saturée.

«Suivi permanent des projets»

«Maintenant, les contraintes sont levées. Nous assurons actuellement un suivi permanent des travaux pour permettre la livraison de ce projet dans les meilleurs délais», a-t-il promis. Le même responsable a également parlé d’autres soucis auxquels sont confrontés les villageois, comme celui du réseau routier et de l’eau potable.

Plusieurs villages souffrent de l’absence de ce liquide précieux, a-t-il affirmé, tout en soulignant que ses multiples sorties dans les communes lui ont permis d’avoir beaucoup d’informations sur la situation des populations dans les différentes localités de la wilaya de Tizi Ouzou. «Les communes rurales nécessitent un programme spécial», a-t-il estimé, tout en insistant sur le respect des délais de réalisation des projets structurants très attendus par la population.

Ainsi, concernant l’AEP, la station de dessalement de l’eau de mer de Timliline, dans la commune d’Iflissen, daïra de Tigzirt, est l’un des projets les plus importants de la région puisque cette infrastructure hydraulique  alimentera, une fois livrée, tout le versant nord et une partie du flanc est de la wilaya, à savoir les villages de 15 communes où le problème d’eau se pose continuellement. Le chantier de cette installation devait  démarrer début décembre après la mise en place de la base de vie de l’entreprise Cosider qui est chargée de la réalisation de cette station, dont le délai de livraison est fixé à 16 mois.

Il faut dire que la réception de cette station va soulager toutes les populations des daïras de Tigzirt, d’Azeffoun de Ouaguenoune et d’Azazga aussi, où le problème d’AEP n’est pas encore réglé même avec l’apport du barrage de Taksebt, qui est souvent, ces dernières années, à un niveau de remplissage critique en raison de l’envasement provoqué par l’érosion hydrique des bassins versants et la faible pluviométrie. Les délais de réalisation de la station de dessalement d’Iflissen seront-ils respectés ?

C’est la question que l’on se pose actuellement, étant donné que plusieurs projets traînent au point de voir leurs enveloppes budgétaires initiales doubler ou tripler en raison des multiples avenants (réévaluations) causant ainsi d’énormes pertes au Trésor public. Le premier magistrat de la wilaya est, selon ses dires, déterminé à mettre fin à ces pratiques. Et ce, à travers un suivi constant des projets dans les quatre coins de la wilaya. «J’aime beaucoup les chantiers. Le suivi doit être assuré en permanence», a-t-il  insisté.

Insuffler une nouvelle dynamique

D’autres projets nécessitent aussi une attention particulière des responsables. On cite, à titre illustratif, le chantier du nouveau CHU de Tizi Ouzou, le deuxième centre hospitalo-universitaire d’une capacité de 500 lits, dont la mise en service atténuera grandement la charge sur celui de la ville, comme il sera une référence régionale en matière de soins de santé. Plusieurs services sont prévus au niveau de cet établissement, qui offrira aux malades une bonne prise en charge. Il faut rappeler que ce projet devait être lancé en 2014, mais il a été gelé suite aux restrictions venues après la chute des prix de pétrole, avant d’être dégelé sur décision du président de la République.

Toutefois, ce CHU risque de ne pas être livré dans les délais annoncés si rien n’est fait pour accélérer l’opération de régularisation de plus de 30% de la superficie (partie complémentaire) du terrain réservé à la réalisation de cet établissement. Le retard de la régularisation de la partie complémentaire est un souci pour l’entreprise de réalisation, qui n’arrive pas à avancer dans les travaux.

Le projet devait être initialement implanté sur un espace de 18 ha mais, après son dégel, l’étude d’adaptation a révélé la nécessité des terrains complémentaires de 10 ha. Pour rester dans le même secteur, il est important aussi de préciser que plusieurs infrastructures de santé nécessitent réhabilitation dans de nombreuses communes, notamment à Aghribs, Fréha et Mekla, où les polycliniques souffrent de beaucoup d’insuffisances.

D’ailleurs, M. Boucetta a, lors de la dernière session de l’APW, précisé qu’il y a des structures de santé de proximité qui sont dans un état de délabrement et qui nécessitent d’être rénovées. Il a relevé aussi le manque de personnel soignant (médecins et paramédicaux). Justement, M. Boucetta a, lors de sa rencontre, mardi, avec la presse, souligné l’importance du développement local pour alléger les souffrances des citoyens.

Ses multiples sorties sur le terrain depuis son installation, il y a moins de trois mois, montrent une volonté certaine pour insuffler une nouvelle dynamique visant à instaurer un climat favorable pour l’action du développement dans toutes les localités de la wilaya. «Il y a un peu de déséquilibre entre les communes en matière de développement», a-t-il relevé.

Communication efficiente

Par ailleurs, puisqu’il s’agit de sa première rencontre avec la presse depuis son installation le 7 novembre dernier, M. Boucetta suggère aux journalistes et aux collaborateurs de presse exerçant au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou de médiatiser «l’action positive» et relever aussi toutes les insuffisances constatées dans le travail de l’administration. Et ce, a-t-il précisé, dans le cadre de «la critique constructive», tout en restant proches des revendications de la population.

Faciliter l’accès à l’information aux hommes de presse, l’organisation des actions de communication institutionnelle et la situation de la maison de la presse Malik Aït Aoudia sont autant de points abordés également lors de cette rencontre. Des confrères ont relevé la difficulté d’accès à l’information au niveau des directions de wilaya et des établissements publics. Et pourtant, il y a des cadres, qui ont une expérience dans la presse qui sont employés dans les différents secteurs d’activité, qu’il faut juste encourager dans leurs actions de communication.

Celles-ci sont nécessaires car les institutions ont besoin de la presse pour garantir l’authenticité de leurs messages, surtout avec le développement des nouvelles technologies, où la transmission de l’information au sein de la société n’est pas toujours fiable. Le wali plaide, en outre, pour une communication institutionnelle efficiente et toujours dans l’intérêt de la population.

En outre, M. Boucetta  a constaté, a-t-il précisé, une grande implication des citoyens dans l’amélioration du cadre de vie au sein des villages où les habitants ont procédé à plusieurs actions d’intérêt général. Cette dynamique est née notamment depuis le lancement par l’APW du concours du village le plus propre de Tizi Ouzou, qui a créé une importante mobilisation de la population. Des villages de la wilaya  sont  devenus  très  attrayants  suite à cette  compétition, qui valorise le développement solidaire dans la région en s’appuyant sur les fondements et les valeurs de l’organisation sociale traditionnelle, comme les comités de village.

Ces structures permettent  la réalisation des actions de solidarité collective et les orienter surtout  vers les questions environnementales. C’est en quelque sorte la mise en place d’un cadre d’animation et d’encouragement des citoyens pour ressusciter une culture ancestrale basée sur l’entraide. M. Boucetta a souligné que le travail, en collaboration avec les élus, les associations et les comités de village, donne toujours des résultats encourageants.   

 
 

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