Abdelkrim Chelghoum : «L’atelier aménagé en zone urbaine avait toutes les autorisations !»

03/02/2022 mis à jour: 08:27
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Ce qui s’est passé ce mardi dans la commune de Aïn Oulmène, dans la wilaya de Sétif, est un désastre indescriptible et les autorités ont leur part de responsabilité.» C’est ainsi qu’a qualifié Abdelkrim Chelghoum, président du Club algérien des risques majeurs, l’incendie survenu mardi dans un entrepôt de parfums et de produits cosmétiques.

Pour ce professeur d’université, la responsabilité dans cette catastrophe où huit personnes ont péri incombe aux services de trois ministères ayant donné le quitus au propriétaire de cette habitation de 3 étages pour en faire une usine de fabrication de parfums.

Il s’agit des départements de l’Environnement, de l’Intérieur et de l’Industrie. Selon M. Chelghoum, cet atelier aménagé en zone urbaine avait toutes les autorisations. Ce qui, dit-il, n’est pas «normal», car ceci est contraire à la loi n°04-20 du 25 décembre 2004 relative à la prévention des risques majeurs et à la gestion des catastrophes dans le cadre du développement durable, notamment ses articles 32 et 33 ayant trait à la prévention des risques industriels et énergétiques.

«La loi parle des servitudes, c’est-à-dire de tous ce qui est mitoyen à des installations dangereuses. Donc dans un tissu urbain, il faut éviter d’implanter tout ce qui a un lien avec des installations industrielles, des centrales électriques, des gazoducs, des lignes Haute tension (HT). Il faut également éviter de construire aux alentours des aéroports. Ces éléments constituent un véritable danger pour les populations», prévient M. Chelghoum.

S’agissant des responsabilités des trois ministères, M. Chelghoum pense que le département  de l’Environnement avait son mot à dire dans cette affaire et aurait dû intervenir pour interdire une telle construction qui porte un coup fatal à la population et à l’environnement.

Le ministère de l’Intérieur, par le biais des walis et des collectivités locales, aurait dû, de l’avis de notre interlocuteur, contrôler l’emplacement de cette petite industrie qui a causé d’énormes dégâts. «Il est du devoir des walis de mener des enquêtes commodo et incommodo pour décider si une telle usine ne constitue pas un risque pour les populations. Cette usine a été localisé dans un endroit interdit pas la loi», explique-t-il, estimant que le département de l’Industrie, qui doit faire l’inventaire, devrait mesurer le danger que peut constituer l’installation d’une fabrique dans un lotissement.

«C’est une passoire. Les produits utilisés dans la fabrication des parfums sont toxiques. En plus, l’usine n’est pas dépourvue de gaz, donc il a suffit d’une petite étincelle pour provoquer l’explosion qui a causé cet effroyable accident», déplore le président du Club des risques majeurs, précisant que l’endroit en question qui servait de stockage des produits et de fabrication n’était pas équipé pour dégager les flammes. M. Chelghoum estime qu’il est important de se pencher sur cette question des servitudes. «Ce volet mérite un débat, car il constitue un véritable danger», conclut-il. 

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