A quelques jours du vote par l’APN des nouvelles lois syndicales : Changement à la tête de l’UGTA

06/03/2023 mis à jour: 05:36
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Ce contexte particulier est celui de la remise en cause par le gouvernement des anciens textes régissant la vie syndicale depuis des décennies. Les avant-projets qu’il a proposés sont actuellement en discussion au niveau de l’Assemblée nationale qui devra en principe assurer leur adoption en séance plénière à la fin de la semaine en cours. Il faut rappeler que les nouvelles dispositions dissocient l’action syndicale de l’action politique et interdisent le recours à la grève dans les secteurs considérés comme «sensibles» et dans ceux où «la cessation d’activité peut mettre en danger la vie, la sécurité ou la santé du citoyen».

Une trentaine de syndicats autonomes, dont les membres de la Confédération des syndicats algériens (CSA), la Fédération des travailleurs de la santé, affiliée à l’UGTA, et d’autres syndicats des différents secteurs de la Fonction publique ont demandé au gouvernement le retrait de ces textes et décidé de saisir le Conseil constitutionnel. A leurs yeux, les projets gouvernementaux contredisent les conventions internationales ratifiées par l’Algérie, en particulier les conventions 98 et 87, et la Constitution algérienne concernant les droits civils et politiques. Ces accusations ont été réfutées par le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Youcef Chorfa, décrivant les nouveaux textes comme «un ticket vers une nouvelle ère où l’action syndicale sera réglementée et les libertés syndicales renforcées en assurant la protection de l’activité syndicale».

La centrale UGTA a joint sa voix à celle des contestataires. L’appel à une grève générale, lancé pour la journée du mardi 28 février, a été diversement suivi au lendemain d’un désaveu prononcé par le président de République lors de sa rencontre avec la presse. Par ailleurs, cette année, la centrale syndicale n’a pas célébré le double anniversaire du 24 Février, une tradition qu’elle a toujours honorée. Elle n’a organisé aucune manifestation et a été absente des manifestations officielles. L’UGTA est apparue bel et bien en disgrâce, après des décennies de domination de la vie syndicale, notamment sous le règne de Abdelaziz Bouteflika. Elle seule était considérée comme «représentative» de la vie syndicale et demeurait l’unique partenaire social reconnu en tant que tel dans les négociations collectives. Dirigée par Sidi Saïd, elle était un appendice du pouvoir, appuyant toutes ses mesures et assurant les réélections du président défunt. Mais dans la lancée du hirak, l’UGTA sombra dans l’oubli et Sidi Saïd lui-même fut jeté en prison pour des affaires liées à la corruption. On était loin du prestige de l’UGTA conduite par Benhamouda Abdelhak, patriote hors pair qui finit assassiné par les terroristes. En 2017, elle déclarait représenter 2 737 925 travailleurs, essentiellement dans le secteur public. Cependant, 96% des entreprises privées n’avaient pas de représentation syndicale. Sur le terrain, elle était concurrencée par les syndicats autonomes, notamment le Snapap, bien plus combatifs.

Il faut rappeler que la représentativité syndicale est réglementée par l’article 35 de la loi n° 90-14 du 02 juin 1990. Il existe plus de 60 syndicats autonomes, dont 33 syndicats de la Fonction publique. Ils représentent essentiellement les travailleurs de l’administration publique, de l’éducation nationale, de la santé et de l’enseignement supérieur. Les fonctionnaires et employés du secteur public n’obtiendront le droit de grève qu’à partir de cette date. Les syndicats autonomes ne sont pas reconnus en tant que partenaires sociaux par l’Etat. 

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