Trois membres des Brics, à savoir la Chine, l’Inde et l’Afrique du Sud, se sont abstenus lors du vote d’une résolution de l’Onu condamnant l’intervention de la Russie en Ukraine. Pékin et New Delhi, notamment, ont des liens étroits avec Moscou et lui achètent des quantités croissantes de pétrole.
Le sommet virtuel des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), déroule aujourd’hui. La rencontre de ce groupe d’économies émergentes qui représentent plus de 40% de la population mondiale et près d’un quart du PIB de la planète sera marquée par le conflit russo-occidental sur l’Ukraine. Il s’ouvrira avec Xi Jinping, Vladimir Poutine, les présidents brésilien Jair Bolsonaro et sud-africain Cyril Ramaphosa, ainsi que le Premier ministre indien Narendra Modi.
Hier, le président chinois, Xi Jinping, a fustigé dans son discours par visioconférence, à l’ouverture du forum économique virtuel des Brics, organisé en marge du sommet, «l'élargissement des alliances militaires», responsable, selon lui, de la crise en Ukraine. «L’humanité a connu les ravages de deux Guerres mondiales et le sombre brouillard de la confrontation de la guerre froide», a déclaré Xi Jinping lors d’un discours en ligne en marge du sommet, selon l’agence de presse officielle Chine nouvelle, relayée par l’AFP.
«Cette histoire douloureuse montre que la confrontation entre blocs hégémoniques (...) n'apportera pas la paix et la sécurité, mais seulement la guerre et les conflits», a-t-il déclaré. «La crise en Ukraine est un autre signal d’alarme pour le monde : la foi aveugle dans la position de force, l’élargissement des alliances militaires et la recherche de sa propre sécurité au détriment de la sécurité des autres pays débouchent immanquablement sur une impasse sécuritaire.»
Allusion aux Etats-Unis et à l’Otan qui a accueilli récemment des demandes d’adhésion de la Finlande et de la Suède. Comme il s’est encore montré hostile aux sanctions prises par les Occidentaux contre la Russie, mesures qualifiées d’«un boomerang et une arme à double tranchant». Au cours d’un échange téléphonique la semaine dernière, il a déjà assuré à son homologue russe, Vladimir Poutine, que Pékin allait continuer à soutenir Moscou en matière de «souveraineté» et de «sécurité». Les Etats-Unis ont réagi en appelant la Chine à ne pas être «du mauvais côté de l’histoire».
Trois membres du groupe, à savoir la Chine, l’Inde et l’Afrique du Sud se sont abstenus lors du vote d’une résolution de l’Onu condamnant l’intervention de la Russie en Ukraine. Pékin et New Delhi, notamment, ont des liens étroits avec Moscou et lui achètent des quantités croissantes de pétrole. La Chine refuse d'employer le mot «invasion» pour décrire l’offensive russe. Elle rejette l’essentiel de la responsabilité sur les Etats-Unis, accusés de pousser l’Otan à s’étendre toujours davantage vers la Russie.
L’Afrique du Sud a également refusé de condamner l’opération militaire russe, afin de préserver ses importants liens économiques avec la Russie. L’événement se tient au moment où l’armée russe continue son offensive contre l’Ukraine, lancée le 24 février.
L’Ukraine constitue une autre pomme de discorde entre Pékin et Washington. Les deux pays s’opposent déjà sur plusieurs dossiers (mer de Chine méridionale, Taïwan, Hong Kong, la question de la minorité musulmane ouïgoure au Xinjiang, entre autres). L’administration de Biden voit en la
Différends
Chine le principal rival en ce siècle. Le 3 mars 2021, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a qualifié l’Empire du Milieu de «plus grand défi géopolitique du XXIe siècle» et en priorité de la politique étrangère de Joe Biden. «Plusieurs pays représentent des défis importants pour nous, dont la Russie, l’Iran ou la Corée du Nord», a-t-il déclaré lors de son discours de politique étrangère.
Et d’ajouter : «Le défi posé par la Chine est différent. La Chine est le seul pays avec la puissance économique, diplomatique, militaire et technologique susceptible d’ébranler sérieusement le système international stable et ouvert, toutes les règles, valeurs et relations qui rendent le monde tel que nous voulons qu’il soit.»
Déjà, le président Barack Obama (dont Biden était vice-président) a fait de la concrétisation la stratégie du «pivot» une de ses priorités majeures de sa politique étrangère des Etats-Unis pour contrer les ambitions économiques et militaires de Beijing.
Basée sur les trois D, diplomatie, développement et défense, cette stratégie consiste en le déploiement de plus de la moitié de la flotte américaine en Asie-Pacifique, le renforcement des partenariats dans le domaine militaire avec les alliés de la région et le rapprochement avec la Birmanie, l’Indonésie et le Vietnam.
Lors de sa visite en Australie en novembre 2011, il a déclaré que «les Etats-Unis sont une puissance du Pacifique et nous sommes là pour rester». De son côté, le président chinois à l’époque, Hu Jintao, a indiqué dans son discours du 8 novembre 2012 que la Chine doit vite s’imposer comme une «puissance maritime» de rang mondial.