«Feraoun demeure un exemple de persévérance et d’engagement. Ils ont assassiné son corps, mais pas son savoir».
Le village de Tizi Hibel, dans la commune d’Aït Mahmoud, daïra de Béni Douala, wilaya de Tizi Ouzou, n’a pas oublié son enfant prodige. Samedi, à l’occasion de la commémoration du 63e anniversaire de l’assassinat de Mouloud Feraoun, des activités ont été organisées par l’association qui porte le nom de l’auteur du Fils du pauvre en collaboration avec l’APC et la direction de la culture et des arts de la wilaya de Tizi Ouzou.
Des dizaines de personnes ont ainsi assisté au recueillement sur la tombe du défunt. On note particulièrement la présence de plusieurs enfants, notamment des écoliers du village, avec l’emblème national et des pancartes sur lesquelles on peut lire des expressions puisées dans les ouvrages de Feraoun. Le fils de ce dernier, Ali, a déclaré que «cette commémoration est un signe fort. Je constate que mon père continue d’être une référence pour les nouvelles générations. Loin d’être oublié, il demeure un exemple de persévérance et d’engagement», a-t-il ajouté. «Ils ont assassiné son corps, mais pas son savoir», a-t-il précisé, tout en mettant l’accent sur la portée intemporelle de son œuvre.
Il a prononcé ces quelques mots avec beaucoup d’émotion en voyant des enfants lire, avec une parfaite maîtrise, les textes de son défunt père. «L’héritage de Feraoun reste plus vivant que jamais. Cet hommage traverse les générations», a-t-il lancé. Dans le même ordre d’idées, Mokrane Nessah, président de l’association Mouloud Feraoun, a, lui aussi, rappelé l’importance de ces hommages à cet écrivain qui a laissé une œuvre immortelle tant ses romans résonnent toujours comme des repères incontournables.
L’héritage de Feraoun
«Voir autant de monde se réunir autour de la mémoire de l’écrivain démontre combien son œuvre résonne encore aujourd’hui. Cette année, des concours littéraires et scolaires ont été organisés en son honneur, impliquant plusieurs établissements de la région, une manière d’ancrer l’héritage de Feraoun dans l’éducation et de faire en sorte que son message continue à inspirer les jeunes générations», a-t-il confié lors de la prise de paroles au cimetière du village Tizi Hibel où repose en paix Feraoun qui a été assassiné par l’OAS, à Alger, le 15 mars 1962.
«Dans l’œuvre de Feraoun, on peut trouver un ancrage culturel et identitaire fort», a-t-il estimé. Kenza Kebdi, enseignante de tamazight, a, de son côté, exprimé sa fierté de voir que des figures comme Mouloud Feraoun, Fadhma Ath Mansour et Malika Domrane, natifs de Tizi Hibel, restent des symboles de transmission de la culture et du savoir. Notons aussi que la journée de samedi a été rythmée également par une exposition, dépôt de gerbes de fleurs sur la stèle de 18 martyrs de la Révolution, ainsi que la remise de prix aux lauréats des concours organisés en hommage à Feraoun. Des moments de récitation poétique, une chorale et même un spectacle de magie étaient également de la partie lors de cette commémoration.