22 morts à Beyrouth et attaque du QG de la FINUL au Liban : Tollé diplomatique après des tirs israéliens contre des Casques bleus

12/10/2024 mis à jour: 10:01
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Des casques bleus de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) - Photo : D. R.

L’armée israélienne a tiré sur des positions de la Finul, la Force intérimaire des Nations unies au Liban, blessant plusieurs Casques bleus. C’est gravissime, et il ne s’agit pas d’un «incident isolé» mais de faits répétés. Ces agressions contre les troupes de l’ONU ont valu à Israël une vague de condamnations unanimes.

On sait qu’Israël ne porte pas Guterres, l’ONU et ses agences «enquiquineuses» dans son cœur, à commencer par l’UNRWA. Depuis quelques jours, cette hostilité sioniste épidermique vis-à-vis de véritables symboles des institutions internationales a franchi un palier dans l’expression de son agressivité. Des soldats de la Finul, la Force intérimaire des Nations unies au Liban qui a été mise en place en vertu des résolutions 425 et 426 de l’ONU du 19 mars 1978, ont été blessés hier et avant-hier par des tirs israéliens.

Et c’est très grave. La force de maintien de la paix de l’ONU a déclaré en effet jeudi matin dans un communiqué que «deux Casques bleus ont été blessés après qu’un char Merkava de l’armée israélienne a tiré sur une tour d’observation du QG de la Finul à Naqoura, la touchant directement et provoquant la chute des deux hommes».

Les deux soldats sont de nationalité indonésienne. «Les soldats israéliens ont également tiré sur une position de l’ONU à Ras Al Naqoura, touchant l’entrée du bunker où des Casques bleus avaient trouvé abri, et endommageant des véhicules et des systèmes de communication», ajoute le communiqué de la Finul. On apprend par ailleurs que la veille de cette attaque, le mercredi, «des soldats israéliens ont délibérément tiré sur les caméras de la position, les mettant hors d’usage et ont également tiré délibérément sur une position où des réunions tripartites se tenaient régulièrement avant que ce conflit n’éclate».

Réagissant à cette agression, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a qualifié hier d’«intolérables» les «tirs attribués à l’armée israélienne qui ont blessé jeudi deux Casques bleus au Liban». Le chef de l’ONU a estimé, comme de juste, que ces actes représentent une «violation du droit humanitaire international». 

Le chef des opérations de paix des Nations unies, Jean-Pierre Lacroix, a dénoncé ces agissements au cours d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU jeudi, consacrée à la situation au Liban. «Il a prévenu que la sécurité des Casques bleus de la mission de paix au Liban, la Finul, était de plus en plus menacée, alors que les affrontements entre Israël et le Hezbollah libanais se sont intensifiés», rapporte le site d’information de l’ONU. Et de rappeler : «Les soldats de la paix de la Finul sont déployés dans le sud du Liban depuis plusieurs décennies et patrouillent le long de la ''Ligne bleue'' de séparation entre Israël et le Liban, conformément à un mandat du Conseil de sécurité.» Au cours de cette même réunion du Conseil de sécurité, la cheffe des affaires politiques de l’ONU, Rosemary DiCarlo, a révélé : «Un quart du territoire libanais a été placé sous le coup d’ordres d’évacuation émis par les forces de défense israéliennes, affectant plus de 100 villages et quartiers, l’armée israélienne donnant aux gens un préavis de deux heures seulement pour quitter leur domicile, souvent au milieu de la nuit.»

«Le conflit dévastateur au Liban, associé à l’intensification des frappes en Syrie et à la violence qui fait rage à Ghaza et en Cisjordanie occupée, montre que la région est dangereusement au bord d’une guerre totale. Notre incapacité collective à mettre fin à la violence et à endiguer l’effusion de sang est accablante», a-t-elle alerté. 

Paris et Rome convoquent les ambassadeurs israéliens Mme DiCarlo a appelé ensuite à «donner une chance à la diplomatie. Maintenant !»  Hier, le ministère libanais des Affaires étrangères a fait état, dans un communiqué, de nouveaux tirs israéliens sur des Casques bleus sri-lankais dans le sud du Liban. Il a déclaré «condamner dans les termes les plus forts les tirs intentionnels et systématiques de l’armée israélienne sur la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), dont les derniers ont visé (...) la base des Sri-Lankais, faisant des blessés». Selon l’agence officielle libanaise ANI, «un char israélien Merkava a visé une tour de la Finul (...), blessant des soldats du contingent sri-lankais».

Ces attaques intentionnelles et répétées contre la Finul ont soulevé un véritable tollé diplomatique. Même les Etats-Unis, soutien inconditionnel de l’entité sioniste, se sont dits «très préoccupés» par ces attaques. «Israël mène des opérations ciblées près de la Ligne bleue pour détruire les infrastructures du Hezbollah, qui pourraient être utilisées pour menacer des citoyens israéliens. Pendant qu’ils conduisent ces opérations, il est vital qu’ils ne menacent pas la sécurité des forces de maintien de la paix de l’ONU», a indiqué un porte-parole du Conseil national de sécurité. 

Londres s’est dit lui aussi «consterné». «Nous avons été consternés d’entendre ces informations. Il est essentiel que les Casques bleus et les civils soient protégés», a réagir hier une porte-parole du Premier ministre britannique, Keir Starmer.  L’Italie, premier pays contributeur dans les effectifs de la Finul, selon l’AFP, avec près de 900 militaires mobilisés, a fustigé Israël et a parlé d’actes «intolérables» susceptibles de constituer des «crimes de guerre». L’Italie a convoqué l’ambassadeur d’Israël pour une «ferme protestation».

Paris a également convoqué l’ambassadeur d’Israël, a annoncé hier le Quai d’Orsay. «Ces attaques constituent des violations graves du droit international et doivent cesser immédiatement. Les autorités israéliennes doivent s’expliquer : la France convoque donc, ce jour, l’ambassadeur d’Israël en France au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères», lit-on dans un communiqué de la diplomatie française. 
Pékin aussi a «condamné fermement» les tirs israéliens qui ont visé le QG de la Finul, a déclaré hier la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mao Ning.  Tout en appelant à la «désescalade», la Chine a réclamé l’ouverture d’une enquête.

Outre ces opérations litigieuses, l’armée israélienne continue d’intensifier ses raids sur Beyrouth et le Sud-Liban. Jeudi soir, l’aviation sioniste a bombardé de nouveaux quartiers de Beyrouth. «Hier soir, des frappes sur les quartiers de Basta et Ras El Nabaa, dans Beyrouth intra-muros, ont fait au moins 22 morts, selon un bilan toujours provisoire du ministère libanais de la Santé. Selon des médias israéliens et des sources de sécurité à Reuters, ces bombardements visaient notamment le responsable de l’unité de coordination du Hezbollah, qui en aurait réchappé», écrit L’Orient-Le Jour.

L’ANI a indiqué hier que «les opérations de déblayage des décombres se poursuivent à Al Nuwaira et Al Basta Al Fawqa à la recherche des survivants de l’agression sioniste qui a visé deux bâtiments la nuit dernière et entraîné, dans un premier bilan, la mort de 22 personnes et plus de 117 civils blessés». Hier, deux soldats libanais ont été tués dans le Sud. «L’ennemi israélien a pris pour cible une position militaire à Kafra, dans le Sud, faisant deux martyrs et trois blessés», a annoncé l’armée libanaise dans un communiqué. De son côté, le Hezbollah continue à envoyer des salves de roquettes et de drones vers le nord d’Israël et à mener des combats au sol contre les troupes sionistes.  

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