Il est multi-instrumentiste, interprète, compositeur et producteur. Younes Tadjouri a quitté Maghnia, sa ville natale (en 1985 pour la France), où il a entamé sa carrière artistique au milieu des années 1970, pour y retourner 35 ans plus tard et construire un studio d’enregistrement ultra moderne pour les jeunes talents.
Comme interprète, il a à son actif 86 titres tous genres compris, mais essentiellement le chaâbi, le hawzi et l’oranais où le thème central est l’amour et la société. «J’ai débuté en 1973 à l’Union nationale de la jeunesse algérienne (UNJA) de ma ville où je jouais de l’harmonica et de la flûte, ensuite, nous avions fondé, avec un groupe d’amis artistes, la troupe ghiwane Haddaoua», se remémore-t-il. C’est en 1976, jouant déjà du banjo et du luth, il est classé 1er à l’échelle de wilaya et 2e au niveau national dans un concours hawzi.
Puis, il découvre la vie nocturne dans les cabarets où il fait la connaissance avec les vedettes de la musique de l’époque, comme Meriem Wafa, Omar Belboul, Krioua… «Ma première apparition à la télévision algérienne remonte à 1978, avec une chanson écrite et composée par moi. Année où j’ai commencé à faire des recherches et côtoyer les stars, comme Ahmed Zergui qui m’avait beaucoup encouragé. A Alger, j’ai joué aux côtés d’artistes maghrébins comme Mohammed Hayyani, El Hamdaouia, J’avais l’immense bonheur de connaître Mohammed Hammadi et d’autres interprètes de renom. Entre-temps, je faisais des allers-retours entre l’Algérie, l’Espagne et la France, mais en 1985, j’ai décidé de m’installer à Paris où je vis de mon art», précise Younes. M. Tadjouri ne veut pas «s’emprisonner» dans un seul genre.
Sa voix, qui s’accommode à tous les genres, y est pour beaucoup : «J’aime tout ce qui est beau, raison pour laquelle je passe du chaâbi, à l’oranais, du gnaoui au maghrébin sans aucun problème.» Aujourd’hui, son objectif, c’est aider les jeunes talents à percer dans le monde de la musique : «Nous avons des virtuoses, mais faute de moyens, ils sont abandonnés, marginalisés. Je veux mettre en valeur leur talent à titre gracieux et préserver et promouvoir le patrimoine local qui est une richesse nationale.» Sa dernière contribution, fort réussie, est celle où il a rejoint la troupe ghiwane Ahl El Hah pour y introduire des touches modernes.
«L’art est en continuelle progression, il ne faut pas avoir peur de ‘‘l’accoler’’ au monde contemporain. Le public adhère et c’est une preuve que les mélomanes sont toujours à l’écoute du nouveau…» M. Tadjouri a un projet à court terme : acquérir du matériel audio-visuel pour la réalisation des vidéos-clips. «Nous avons la chanson d’avoir parmi nous des techniciens professionnels dans le domaine, à l’image de Laïd et d’autres pour réussir ce challenge.» Il lance un appel : «Nous serons heureux d’accueillir tous les jeunes artistes dans notre studio pour les orienter et les aider à débuter une belle carrière professionnelle.»