Il se définit comme « écriveur», un artiste qui écrit beaucoup de lettres, qui aime à en écrire. Plasticien, graphiste, calligraphe, c’est peut-être tout cela.
E’écriture chez Yazid est une source inépuisable de créations (transmission de sens et de formes), ce qui fait de lui, sans exagération aucune, l’un des héritiers de milliers d’«écriveurs» depuis l’aube des civilisations, de matérialisation, de réflexions, de pensées, d’histoires vécues ou rêvées… Kheloufi est qualifié de «éclat mésopotamien au cœur de l’Algérien», un artiste qui chemine du cunéiforme aux lettres arabes.
De cordoba, en Andalousie où il effectue un travail de recherches sur l’ornementation et les arabesques utilisées à la Medina Al Zahra, il nous fait voyager avec son art «mon travail artistique tire sa force du dynamisme du poète de Grenade et du fondateur de son école d’art Abu Ishaq al-Sahili dit Al-Tuwaijn».
La philosophie de cet homme, en traitant de la philosophie, a trouvé son chemin après des siècles, vers l’école catalane et l’art nouveau avec Antoni Gaudi et, plus tard, vers l’école de la modernité pionnière dans l’art abstrait occidental Antonio Tapis.
Véritable encyclopédie, Yazid Kheloufi retrace avec passion le voyage, l’itinéraire d’Abu Ishaq Al Sahili, persécuté intellectuellement par des juristes, et qui sera «exilé» dans la douleur (séparation d’avec sa ville Grenade) à Gao, aux charmants horizons de Tombouctou qui lui donneront la «chimie de son sol et la douceur de ses formes».
Yazid Kheloufi est sur les traces de son ancêtre artistique, mystique. «J’essaie de sentir le monde qui m’entoure autrement, en mode de contemplation qui passe de l’œil du corps à l’œil du cœur.
Je pars dans ma recherche de la diversité des choses dans la forme à l’unité dans le fond, la célèbre théorie de l’unité existentielle d’Ibn Arabi», dit-il, simplement, mais avec conviction.
En perpétuelle quête de la diversité des choses, Yazid est, en vérité, en quête de soi, d’où cette insatisfaction éternelle, ce scepticisme, cette angoisse qui l’habitent. «Depuis que j’ai senti la chimie de l’instant (le mien), je vis entre l’intensité et les controverses (…) J’erre entre les composants de mes connaissances et les tentatives de ramasser mes restes…»
Un aveu d’échec ? Une confession pessimiste ? Non, le malaise d’un philosophe embourbé dans ses questionnements. Ou, en réalité, ne s’agit-il pas là de simples errances d’un mystique en perpétuelle quête de la vérité, de soi, de l’humanité et de tout ce qui l’entoure ? Comment voulez-vous que je sois satisfait dans ce magma de complexité ? s’interroge-t-il.
Yazid a choisi Cordoue pour se ressourcer, pour trouver réponses à ses questions. Pour se retrouver. Peut-être ! Lui, qui est, actuellement, à Medina Zahra pour ses recherches sur l’ornementation et les arabesques, retournera-t-il au pays avec le sentiment de s’être réconcilié avec lui-même ?
Aura-t-il réussi à se (re) conquérir ? Yazid Kheloufi, un grand artiste, dont la carrière est marquée par des expositions au Louvre de Paris, à Beyrouth, au Maroc, en Espagne, en Algérie, bien sûr … Des cimaises qui ont toujours provoqué le débat et incité au partage…