Le musicien, le chef d’orchestre, le président de l’association musicale El Bachtarzia de Koléa (Tipasa), Yazid Hamoudi, est l’unique personne à l’origine de la merveilleuse intitiative, qui avait eu lieu dans la soirée du 2 juillet au palais de la Culture à Alger. Donc rendons à Yazid ce qui appartient à Hamoudi de Koléa. Il a dirigé un orchestre mixte composé de 250 musiciens enveloppés de tenues traditionnelles aux multiples couleurs. Un orchestre qui a fait voyager les familles mélomanes en cette nuit estivale à la veille de la célébration d’une événement historique national. L’orchestre El Djazaïr est son appellation. Il était constitué des élèves de 30 associations. Nous avons voulu connaître plus de détails sur cette inédite action, chaleureusement accueillie par une assistance nombreuse privilégiée, au moment où le peuple algérien à juste titre fêtait les 60 années de l’Indépendance du pays. Le chef d’orchestre El Djazair , Yazid Hamoudi, nous livre ses confidences.
- On a l’habitude de vous voire diriger vos élèves d’El Bachtarzia de Koléa, mais dans la soirée du 2 juillet, nous avons vu Yazid, bien habillé, en maestro, diriger un orchestre d’une autre dimension...
J’ai tout simplement concrétisé mon idée qui taraudait mon esprit depuis des années. J’ai exaucé mon vœu. Je souhaite que cette idée ne s’arrête pas là. Je suis arrivé à mes fins. J’ai démontré que la persévérance et la solidarité entre les associations nous mènent vers l’objectif voulu. Il faut croire et être positif pour concrétiser ses volontés, avec l’aide de tous.
- Alors, comment êtes-vous arrivé à concrétiser cette idée ?
J’étais patient et tenace. J’avais entamé mes démarches auprès des associations musicales de ma ville, Koléa, car je n’ai pas de contact avec toutes les associations de musique andalouse sanâa. J’ai continué à démarcher avec celles de Blida, Alger, Boufarik et Cherchell.
Mes contacts ont trouvé mon idée intéressante, le fait de regrouper les associations de l’école sanâa. J’ai agrandi mon cercle de contacts auprès des associations des wilayas de Mostaganem jusqu’à celles de Béjaïa en passant par Tizi Ouzou, Bordj Bou Arréridj, Sougueur, Ténès et bien d’autres. L’information s’est répandue. D’autres associations de l’école sanâa se sont manifestées.
- L’éloignement aura été sans aucun doute un handicap ?
J’ai invité les responsables des associations musicales, le 14 mai dernier, afin de nous rencontrer et de tenir une séance de travail, pour concrétiser l’idée. Notre rencontre avait eu lieu à la maison de culture de Koléa.
Il y avait une vingtaine d’associations qui étaient représentées. Le reste des associations qui n’avaient la possibilité de se déplacer jusqu’à Koléa m’avaient confirmé leur adhésion.
Lors de notre réunion, j’ai exposé mon idée. Des explications avaient été fournies. Chacun des présents avait enrichi les débats. Nous avons retenu la date du 2 juillet, afin de participer à notre manière à la célébration du 60e anniversaire de l’Indépendance de notre pays. Elle devait avoir lieu au palais de la Culture à Alger. On n’avait plus de temps à perdre.
- Mais il y avait deux choses à régler, d’abord les démarches administratives pour obtenir l’autorisation et ensuite les répétitions du programme musical prévu à cet effet ?
Effectivement, il fallait entreprendre rapidement les démarches auprès du ministère de la Culture et des Arts. Ce n’était pas chose aisée, avec la bureaucratie. Les associations à l’unanimité avaient choisi trois délégués pour taper aux portes de l’administration du ministère de tutelle.
Le trio était constitué d’un membre de l’association Djenadia de Boufarik, d’un membre de l’association El Djazira d’Alger et moi-même. Notre courrier a été confronté aux lenteurs bureaucratiques dans un premier temps, mais nous avons réussi quand même à faire accélérer les procédures administratives à la fin.
Ensuite, avec mon ami Abdelhadi Boukoura de l’association des Beaux-Arts d’Alger, nous avons diffusé le programme à toutes les associations participantes, afin qu’elles puissent répéter à leurs niveaux ce programme consacré uniquement à la musique sanâa d’une durée de 90 minutes.
- Finalement, la soirée avait connu un succès le 2 juillet 2022 ?
La veille, c’est-à-dire le vendredi 1er juillet, toutes les associations sont venues au palais de la Culture. Nous avons regroupé l’ensemble des musiciens pour une ultime répétition. Chacun avait repéré sa place. La répétition générale s’est déroulée comme je l’avais prévue.
Le samedi 2 juillet, vous connaissez le reste de l’histoire. C’était magnifique. A travers cette action, je voulais transmettre un message, d’abord il fallait être solidaire pour pouvoir réaliser ce rêve. Cette initiative avait eu le mérite de perpétuer l’art musical andalou de l’école sanâa, de renforcer les relations entre toutes les associations des différentes wilayas du pays.
Au palais de la Culture, les mélomanes étaient heureux de nous voir sur scène interpréter une musique du patrimoine musical algérien.
Mon objectif a été atteint grâce au soutien de toutes les associations. L’idée mérite d’être enrichie. Nous avons célébrer le 60e anniversaire de l’Indépendance sous l’air andalou. La fête a eu lieu, tant mieux pour nous tous, et l’orchestre El Djazaïr a vu le jour le 2 juillet 2022 au palais de la Culture à Alger.