Colère noire du président Tebboune, lors de la réunion du Conseil des ministres qui s’est tenue ce lundi. Autrement dit, il aurait passé un sacré savon à certains ministres du gouvernement d'Aïmene Benabderrahmane, accusés de «passivité» et d’«incompétence» dans l’application de ses directives et de ne pas avoir compris la philosophie générale contenue dans son programme d’action qui s’articule, ne cesse-t-il de répéter, autour du citoyen et de son bien-être.
Les premières «salves» du président de la République ont été dirigées contre le ministre de l’Intérieur et celui de l’Habitat, qui ont programmé et exécuté la démolition de logements construits de manière illicite à travers plusieurs régions du pays. Une opération exécutée avec beaucoup de zèle dans certaines wilayas, où sévit un grand froid hivernal. Son impact sur l’opinion nationale a été très négatif. M. Tebboune en a pris conscience. Son courroux se justifie par le fait qu’il n’a jamais ordonné la destruction des constructions illicites, surtout en hiver, mais qu’il a simplement fait remarquer que les autorités locales auraient dû empêcher la construction de ces bâtisses illégales dès le début des travaux. Aujourd’hui, de nombreuses familles se retrouvent à la rue ou en situation de détresse après avoir consacré toutes leurs économies à la construction de leur demeure. Est-ce à dire que le Président va agir pour apporter une aide ou une compensation à ces familles ? Le gouvernement est mis devant ses responsabilités concernant ce dossier et devrait bientôt clarifier ses intentions selon les instructions du chef de l’Etat.
L’autre ministre ciblé par Tebboune serait celui du Commerce, qui avait affirmé que le Président avait décidé de mettre fin aux importations de différents produits. Faux ! Le chef de l'Etat a seulement demandé de mettre de l’ordre dans le secteur de l’importation gangrené par une faune de corrompus, spécialisés dans la surfacturation. D’ailleurs, le nombre d’importateurs est passé de 46 000 à 14 000. Kamel Rezig, le ministre du Commerce, qui fait beaucoup parler de lui sur les réseaux sociaux, serait à l'origine également d’importantes perturbations dans l’approvisionnement du marché national en médicaments, notamment les anticancéreux et ceux pour les maladies chroniques, ainsi que des matières premières pour le tissu industriel. Le Président n’a d’ailleurs pas manqué de faire remarquer que l’Algérie n’est pas en situation de banqueroute, mais qu’elle dispose de moyens financiers suffisants pour approvisionner le marché national pour tous les besoins du citoyen.
La «volée de bois vert» du Président aurait touché des ministres d’autres secteurs d’activité, tant les problèmes rencontrés sur le terrain sont multiformes et tendent à perdurer, malgré les directives données dans le cadre d’une stratégie de relance économique exposée lors des deux dernières rencontres organisées entre le gouvernement et les walis.
Il est certain que la colère du Président aura des conséquences. Tebboune a aujourd’hui grandement besoin de s’entourer de véritables compétences, surtout qu'il s'est engagé publiquement à honorer sans failles sa feuille de route.