Le projet Deep, actuellement en construction près de Chepstow, en Grande-Bretagne, vise à établir des habitats sous-marins à 200 mètres de profondeur d’ici 2027. Il est pour l’instant testé dans un ancien site minier submergé, afin de préparer des habitants et des scientifiques à vivre sous l’eau sur le (très) long terme.
Vivre sous l’eau, et si c’était bientôt possible ? C’est en tout cas l’ambition portée par le projet Deep, actuellement en phase de test dans un ancien site minier à la frontière galloise près de la ville de Chepstow. Menée par un investisseur privé dont l’identité est encore secrète, cette initiative vise à établir une présence humaine dans les profondeurs de l’océan, dont la richesse et l’immense potentiel pour la science ont été largement inexplorés jusqu’à maintenant. Selon The Guardian, d’ici 2027, des infrastructures sous-marines devraient accueillir des habitants qui pourront y vivre, travailler et mener des recherches scientifiques.
Pour Mike Shackleford, directeur des opérations de Deep, l’objectif du projet et de reprendre le mouvement de conquête des océans initié dans les années 1950 et 60, avant que celle-ci soit détrônée par la course à l’espace. Des aspirations qui, à l’époque, avaient largement alimenté l’imaginaire collectif, notamment à travers la science-fiction.
Le site choisi pour tester ce type d’habitation se trouve dans un ancien site de calcaire aujourd’hui inondé. Jusqu’en 2022, cette zone de 20 hectares était utilisée comme école de plongée. D’immenses travaux ont déjà débuté pour installer des habitations appelées des «sentinelles» à 80 mètres de profondeur. Elles seront utilisées pour former des scientifiques à la vie sous-marine pour une durée jamais égalée. À terme, elles devraient être positionnées en milieu marin à plus de 200 mètres en dessous du niveau de l’eau.
Des habitations à 200 mètres de profondeur
C’est à cette profondeur que la lumière commence à disparaître et qu’il est possible d’observer une vie marine fascinante et méconnue. Cependant, le principal défi technique réside dans les conditions de vie extrêmes propres à ce milieu hostile: la pression, la température et les risques liés à l’environnement marin.
Pour cela, les ingénieurs de Deep se sont associés à DetNorske Veritas (DNV), une agence de classification et de sécurité, pour certifier chaque aspect du design, de la fabrication et des tests de ces équipements. Les unités sont par exemple construites à partir d’acier spécialement développé pour résister aux pressions océaniques.
Préparer la vie sous l’eau
Mais au-delà de la technologie, l’une des principales préoccupations est de former les futurs occupants. La vie sous l’eau pendant plusieurs semaines ou mois exige en effet de fortes capacités d’adaptation psychologique. Pour cela, Deep utilise des simulateurs de vie sous-marine pour préparer ses futurs résidents aux conditions difficiles qu’ils devront affronter.
Phil Short, responsable de la formation des plongeurs et des chercheurs, précise qu’il faudra entre 12 et 18 mois pour qu’un novice soit prêt à gérer une mission sous-marine prolongée. Ils devront apprendre à vivre dans un environnement clos, à gérer les effets du stress et à interagir dans un espace restreint pendant de longues périodes. Cette formation est essentielle pour garantir la réussite des missions, mais aussi pour s’assurer que la vie sous l’eau reste viable à long terme.
De nombreux détails ont été pensés, jusqu’à la préparation des repas
Ceux-ci seront élaborés par un chef qui devra s’assurer de compenser les effets de la pression sur les papilles gustatives, afin qu’ils restent savoureux. Les menus comprennent des plats tels que des soupes à l’oignon, du bœuf rôti sous-vide et des puddings, conçus pour répondre aux besoins caloriques accrus des habitants sous-marins, car le métabolisme humain augmente considérablement sous l’eau. A travers Deep, le rêve de vivre sous l’eau prend forme. Si l’idée paraît folle, l’enthousiasme qu’elle suscite tient à l’immense potentiel qu’elle recèle pour la science et l’exploration.