Quand nous avions pris place dans les travées de l’Arena Paris Nord, en milieu de journée de jeudi, pour assister à l’entrée en matière de notre boxeuse Imane Khelif face à l’Italienne Angela Carini dans la catégorie des -66 kg, rien ne laissait présager un aussi surprenant scénario. Imane s’est présentée sur le ring motivée et déterminée et dès qu’a sonné le gong, elle adopta le style que nous lui connaissons depuis des années.
Vive, rapide et puissante, elle alla droit vers son adversaire en la cueillant par un premier jab qui l’a fait reculer et finir par aller se plaindre à son entraîneur qu’elle avait reçu de la part de son adversaire un coup de poing puissant et demander à abandonner le combat. Son coach lui demande de terminer au moins le premier round...
Elle s’exécute avec nonchalance et reçoit un autre direct de la part de Imane qui, elle, était bel et bien rentré dans son match. Elle rejoint de nouveau son entraineur dans son coin pour refuser de revenir.
L’arbitre arrête le combat par abandon d’Angela Carini après 46 secondes. C’est au moment où le referee lève le bras de Imane Khelif en vainqueur que l’Italienne adopte une attitude qui a étonné les spectateurs. Elle s’est agenouillée au milieu du ring en versant quelques larmes refusant la main tendue de l’Algérienne pour l’aider a quitter le ring.
Qu’était il reproché à notre compatriote pour faire l’objet d’un tel comportement discourtois inhabituel sur les rings ? L’usage veut qu’après le verdict fixant la victoire de l’un des deux protagonistes, les adversaires se congratulent. C’est ce qui fait les attributs de ce sport qu’on a dénommé à juste titre le «noble art» dans la mesure où les adversaires, vainqueur et vaincu, se quittent sans animosité en se faisant l’accolade.
Dans la zone mixte où nous nous sommes rendus à la fin du match pour recueillir les avis des deux boxeuse, Angela Carini en pleurs était entourée par une nuée de caméras et de journalistes au moment où Imane Khelif a susurré en passant quelques mots aux sollicitations de la presse avant de retourner aux vestiaires.
Renseignement pris auprès de journalistes italiens qui nous ont éclairés sur les réponses d’Angela Carina dans la zone mixte, il s’avère que la boxeuse transalpine avait en quelque sorte retrouvé son calme puisqu’elle avait déclaré qu’elle n’avait rien contre Imane et qu’elle-même n’était pas ce jour-là dans de bonnes prédispositions. Sa dentition lui faisait mal ces derniers jours et elle avait pris pour cela des antibiotiques. Elle a déclaré qu’elle avait essuyé d’entrée un direct au nez qui lui avait fait très mal. En recevant à son retour un deuxième coup de poing au même endroit elle a préféré abandonner.
C’est bizarre, nous a expliqué un journaliste français spécialiste de cette discipline qui se trouvait à nos côtés qu’à ce niveau de la compétition, dans des huitièmes de finale des Jeux olympiques, que beaucoup de boxeurs n’aient pas la chance de disputer, Angela Carini «était loin d’être au plus mal pour devoir abandonner».
En expliquant dans ce petit point presse à la sortie du ring que les coups d’Imane Khelif lui ont fait mal, la Napolitaine voulait peut être distiller l’idée que cette puissance de frappe était inhabituelle dans la boxe féminine. Pourtant, au cours de sa carrière, Imane Khelif n’a pas la réputation d’être expéditive à la Tyson. Sur sa cinquantaine de combats, l’Algérienne ne compte qu’une demi-douzaine de victoires avant la limite et onze défaites.
C’est dire que les assertions allusives de son adversaire d’un jour ne sont faites que pour tenter de couvrir la peur panique injustifiée qui s’est emparée d’elle avant et surtout sur le ring. Mais également, il ne faut pas être naïf, de tenter de pousser les instances olympiques à réagir dans le sens de l’innommable « Comédia Del Arte » qui s’est déclenchée depuis quelques temps sur les réseaux pour effacer notre compatriote des tablettes de ce sport pour lequel elle a toujours voué une grande passion. Mais les Algériens ne sont pas dupes. Ils ont réagi avec force sur les réseaux sociaux pour apporter un soutien « franc et massif » à Imane.
Le Comité international olympique, à travers un communiqué (voir ci-contre), a remis jeudi les pendules à l’heure en apportant des précisions sur «la présence de deux athlètes féminines qui participent depuis de nombreuses années aux compétitions internationales et qui étaient présentes aux Jeux olympiques de Tokyo». Pour le CIO, la polémique est close.
Loin de tout ce tumulte, notre boxeuse Imane Khelif s’est concentrée hier dans sa retraite du village olympique après sa victoire par abandon au premier round de l’Italienne Angela Carini. Elle affrontera cet après- midi en quart de finale de la catégorie des -66 kg la Hongroise Hamori Ana Luca à l’Arena Paris Nord (16h30 heure algérienne ). Une victoire la mettrait sur la trajectoire d’une médaille olympique.
Paris, envoyé spécial Omar Kharoum