De 19 000 q, l’année passée, la récolte pourrait passer à 21 000 q, avec un rendement d’un peu plus de 50 q par hectare. Les meilleurs résultats en termes de production sont enregistrés chaque année dans la daïra d’Amizour, précisément, dans les plantations des communes de Semaoune et d’Amizour.
La région renferme la plus grande superficie de vignoble en production dans la région de Béjaïa, soit une superficie totale 232,5 ha, dont 220 ha en rapport sur les 462 ha dont dispose la wilaya.
Elle est suivie de la commune de Béjaïa avec 100 ha et d’El Kseur, Timezrit et Kherrata et Aokas avec respectivement 30 à 40 ha. Certes, la filière viticole à Béjaïa est loin de rivaliser en matière de production et de superficie avec les autres wilayas, notamment, l’une des plus proches comme celle de Boumedrès dont la superficie s’étale sur plus 18 494 ha avec un rendement moyen de 300 q par hectare.
La subdivision agricole d’Amizour renferme, en effet, 6 zones de production, notamment Semaoun et Amizour, dans la vallée de la Soummam, les communes de Feraoun, Béni Djellil, Kendira et Barbacha dans les hauteurs.
La région produit au moins quatre cépages, notamment le cardinal et le dattier qui dispose davantage de superficie, le gros noir et deux variétés de muscat. La subdivision agricole d’Amizour prévoit cette année une production de 15 440 q d’ici la fin de la saison, soit les deux tiers de la production de la wilaya. A la mi-juillet, seulement 10 ha ont été récoltés dans la wilaya, précisément à Amizour, soit 750 q dans la variété cardinal, qui s’écoule en ce mois de juillet dans le commerce à 250 dinars/kg (le raisin noir) et 400 DA pour la muscat.
De 2019 (392 ha en production) à 2024, la superficie exploitée dans la wilaya de Béjaïa a progressé à 70 ha pour atteinte 462 ha. Cependant, le potentiel existe, la superficie peut être augmentée sensiblement en exploitant les coteaux, des terrains penchés favorisant cette culture et qui sont actuellement en jachère, selon des experts.
D’autant plus, cette culture n’a pas besoin d’énormément d’eau. Les spécialistes appellent à la création de coopératives afin que les agriculteurs puissent s’organiser autour de cette filière pour pouvoir avoir accès aux différents avantages octroyés par l’Etat en vue d’améliorer la production.
Le regain d’intérêt chez certains investisseurs ou agriculteurs est dicté d’abord pour rentabilité de cet arbuste et la demande croissante en ce fruit sur le marché. Toutefois, ces derniers sont confrontés à de nombreuses contraintes comme le réchauffement climatique, le manque d’eau, les maladies qui sont de plus en plus résistantes aux traitements chimiques, selon un fellah, surtout, le rabattement des nappes phréatiques et la salinité des eaux souterraines. Selon le chef de la division agricole d’Amizour, «des universitaires se sont impliqués en effet dans l’étude et l’analyse des eaux de la nappe.
On déduit alors que le taux de salinités oscille entre 6-10 grammes par litre, ce qu’est assez important». Les fellahs que nous avons interrogés sont unanimes quant aux difficultés. Le vignoble doit être renouvelé pour qu’il produise un meilleur rendement. Ce sont, selon le chef de service à la même division agricole, «les vieilles plantes qui tirent la production vers le bas, soit entre 60 q et 70 q par hectare, contrairement aux nouvelles plantations où on peut récolter jusqu’à 250 q par ha». Mais autre temps et autres mœurs.
En Algérie, le raisin détient 48 310 ha de superficie et 20 277 pour le raison de cuve, soit un total de 68 587 ha en 2019 et frôle les 70 000 ha en production aujourd’hui, soit la moitié de la superficie du vignoble laissé par le colonisateur français à l’indépendance et qui couvrait en 1962 la superficie de 350 000 ha, destinée essentiellement à la viniculture.
Arraché dans les années 1970 par le régime du Président Boumediène à cause d’un différent avec le gouvernement français de l’époque, la superficie est réduite comme une peau de chagrin et «il faudra des années et des mesures d’encouragement pour reconstituer ce patrimoine», selon les experts.
Pour rappel, il fut un temps, la région était réputée pour la production prolifique du raisin de cuve, destinée essentiellement pour la production de vin, comme en témoignent les anciens bâtiments d’exploitation agricole, de l’époque coloniale où ce fruit a été cultivé sur de grandes superficies, favorisé par le climat et surtout la nature des sols en coteaux. Les traces des cuves, fouloirs à raisin où se déroule le processus de fabrication des vins sont toujours présents au niveau des structures préservées à ce jour.
Selon nos recherches, «en 1942, 1500 hectares des terres agricoles étaient occupés par des vignobles, rien que dans la région d’Amizour».