Visite du premier ministre australien aux Etats-Unis : Contrer l’influence de la Chine dans le Pacifique

26/10/2023 mis à jour: 00:22
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Le Premier ministre australien, Anthony Albanese, et le président américain, Joe Biden, doivent se rencontrer bientôt aux États-Unis pour faire des « annonces sur les détails des dispositions qui seront prises » concernant les sous-marins. (Crédits : JONATHAN ERNST)

Le président américain, Joe Biden, a reçu hier à la Maison-Blanche, à Washington, le Premier ministre australien, Anthony Albanese, qui effectue une visite d’Etat aux Etats-Unis. A cette occasion, le président américain a salué la solidité de leur alliance face aux multiples crises dans le monde et en Asie-Pacifique.

L’Australie constitue un appui important pour les Etats-Unis dans leur stratégie pour contenir les ambitions de la Chine dans la région Asie-Pacifique. Question qui sera évoquée lors des discussions prévues par les deux partenaires. 

Les Etats-Unis, l’Australie et la Grande-Bretagne ont lancé, en mars dernier, le programme de coopération concernant les sous-marins nucléaires dans le cadre de leur alliance baptisée Aukus. Programme proclamé aux dépens de la France, qui a vu ses propres sous-marins évincés. 

«Nous nous mettons dans la meilleure position qui soit pour faire face ensemble aux défis d’aujourd’hui et de demain», a déclaré à cette occasion le président américain. Il a implicitement fait référence à la Chine en affirmant que l’alliance Aukus devait assurer que «la zone indo-pacifique reste libre et ouverte». Une formule qui dans le jargon diplomatique américain désigne la volonté de contrer l’influence chinoise dans la région. 

Pour le Premier ministre australien, son pays a réalisé «le plus grand investissement» de défense de son histoire. Selon Canberra, ce projet coûtera près de 40 milliards de dollars sur les dix premières années et générera environ 20 000 emplois. 

De son côté, le Premier ministre du britannique, Rishi Sunak, a vanté les efforts pour doper le budget de défense du Royaume-Uni, qui s’engage dans «l’accord de défense multilatéral le plus important depuis des générations». 
 

«Guerre froide»

Le programme de sous-marins d’attaque, qui a l’ambition de remodeler la présence militaire occidentale dans le Pacifique, se déclinera en trois phases, selon la Maison-Blanche. Il y aura d’abord une phase de familiarisation de l’Australie, qui n’a pas de sous-marins à propulsion nucléaire ni de technologie nucléaire militaire ou civile. Ses marins, ingénieurs, techniciens seront formés au sein d’équipages américains et britanniques, ainsi que dans les chantiers navals et écoles spécialisées américaines et britanniques. 

L’objectif est de déployer, à partir de 2027 et sur un principe de rotation, quatre sous-marins américains et un sous-marin britannique sur la base australienne de Perth (ouest). 

Dans un deuxième temps, sous réserve du feu vert du Congrès américain, l’Australie achètera trois sous-marins américains à propulsion nucléaire de la classe Virginia, avec une option sur deux supplémentaires. Ils doivent être livrés à partir de 2030. 

Dans la troisième et la plus ambitieuse étape du programme, les Etats-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni vont s’associer pour une nouvelle génération de sous-marins d’attaque baptisée SSN-Aukus. Cela impliquera un gigantesque effort industriel, surtout pour l’Australie qui doit se doter d’un nouveau chantier naval à Adelaïde (sud). Les nouveaux navires, de conception britannique et incorporant des technologies américaines avancées, seront construits et déployés par le Royaume-Uni et l’Australie. Ils doivent être livrés à partir de la fin des années 2030 et du début des années 2040. 

La Chine a fustigé ce programme. Pour Pékin, il s’agit d’une «voie erronée et dangereuse», violant les objectifs du Traité de non-prolifération avec «un risque grave de prolifération nucléaire». «Ces trois pays s’engagent de plus en plus sur une voie erronée et dangereuse, au profit de leurs seuls intérêts géopolitiques et au mépris total des préoccupations de la communauté internationale», a fustigé devant la presse le 14 mars un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin. 

Accusant les trois pays occidentaux d’inciter à une course aux armements, avec une alliance incarnant «une façon de penser typique de la guerre froide», il a ajouté que la vente des sous-marins «constitue un risque grave de prolifération nucléaire et va à l’encontre des buts et objectifs du Traité de non-prolifération». 

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