Un véritable casse-tête pour la communauté internationale. Vingt-six ans après l’adoption de la convention internationale, appelée aussi Convention d’Ottawa (1997), sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, le désastre continue.
Dans les quatre coins de la planète, des milliers de personnes, des civils en majorité, sont estropiées, voire déchiquetées et tuées par ces engins. En effet, le nombre de victimes ne cesse d’augmenter et les efforts de l’ONU visant à interdire ces mines sont encore loin de l’objectif, malgré le fait que l’écrasante majorité des pays, dont l’Algérie, a adhéré et respecté le contenu du Traité d’Ottawa. Les derniers chiffres fournis par l’instance onusienne renseignent sur la gravité de la situation.
En 2020, période marquée pourtant par la pandémie de Covid-19, les mines et autres explosifs de guerre ont fait plus de 20% de victimes par rapport aux années précédentes. De 5853 individus blessés ou tués par ces engins chaque année, indique le rapport onusien, on est passé à 7073 victimes en 2020.
«Ce total représente exactement une augmentation de 21% par rapport à 2019», souligne la même source. Ce chiffre, note le document, est deux fois plus élevé par rapport à celui enregistré en 2013. «Il y avait en moyenne 10 victimes par jour en 2013. En 2020, le nombre a grimpé en flèche pour atteindre 19 victimes par jour», précise le même document.
Des victimes dans 50 états
Ce sont en majorité des enfants qui sautent sur ces engins de la mort. Plus 80% des personnes tuées durant cette année, note le rapport, étaient des civils, dont 1872 enfants. «Les victimes n’ayant pas pu être comptabilisées dans de nombreux Etats et régions, leur nombre réel est probablement beaucoup plus élevé», explique l’Observatoire des mines, un organisme onusien qui a élaboré le rapport en question.
Et d’ajouter : «Le nombre de personnes tuées et blessées par des mines terrestres a augmenté en raison des conflits en cours dans quelques pays, mais les besoins des victimes ne sont pas satisfaits à l’échelle mondiale.»
Le document fait remarquer également que «pour la cinquième année consécutive, le nombre le plus élevé de victimes annuelles a été causé par des mines improvisées». «Sur le total de 7073 victimes enregistrées en 2020, les mines improvisées sont responsables d’environ un tiers (2119) des victimes. Les restes d’explosifs de guerre ont quant à eux causé 1760 victimes», précise le document.
Soulignant que les accidents liés aux mines antipersonnel sont enregistrés dans 50 pays, le rapport note que les plus grands nombres de cas ont eu lieu dans dix Etats. Il s’agit de la Syrie (2729), de l’Afghanistan (1474, du Mali (368), du Yémen (350), de Myanmar (280), de l’Ukraine (277), du Nigeria (226), de la Colombie (167), de l’Irak (161) et du Burkina Faso (111). Durant la période de 2020 à 2021, l’Observatoire des mines a noté également l’utilisation de mines antipersonnel par des groupes terroristes au Cameroun, en Egypte, au Niger, aux Philippines, en Thaïlande, en Tunisie et au Venezuela.
Les puissances refusent de jouer le jeu
En dépit de l’ampleur des dégâts humains et les nombreuses résolutions de l’ONU pour la mise en œuvre de la Convention d’Ottawa (la dernière a été adoptée en 2022), des Etats refusent toujours de jouer le jeu.
Parmi eux, il y a trois puissances militaires mondiales, à savoir les Etats-Unis, la Russie et la Chine. Selon les données disponibles, ces pays ainsi que l’Inde, la République de Corée et le Pakistan détiendraient des stocks de dizaines de millions de mines antipersonnel.
Mais il y a toutefois une satisfaction : 94 Etats parties du Traité d’Ottawa, selon le rapport, ont détruit plus de 55 millions de mines terrestres stockées, dont plus de 106 500 détruites en 2020. Le dernier Etat à avoir achevé la destruction de son stock en 2021, rappelle le document, est le Sri Lanka.