Victime collatérale de la crise sanitaire, une librairie risque de fermer : Sauvons, délivrons la librairie La Renaissance

12/06/2022 mis à jour: 02:28
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Mustapha Benmejdoub devant sa librairie, La Renaissance, qui pourrait s’appeler «agonie» et fermer si rien n’est fait

C’est un homme inquiet, voire désespéré, qui nous a appelés pour nous lancer un appel au secours, un cri de détresse, un SOS. 

Mustapha Benmejdoub, 70 ans, exerçant le métier de libraire depuis… 34 ans, risque de voir sa librairie, La Renaissance - inaugurée en 1986 à Riadh El Feth et sise au niveau 112, à l’Office Riadh El Feth (El Madania, à Alger) - fermer s’il ne s’acquitte pas de cette dette, un passif de 140 millions de centimes représentant la somme des mois de location à l’OREF durant la crise sanitaire où la librairie La Renaissance n’a pratiquement rien vendu. 

Ainsi, Mustapha Benmejdoub a envoyé un courrier, datant du 4 avril 2022, au ministère de tutelle et plus précisément à la ministre de la Culture, Mme Soraya Mouloudji, lui demandant l’exonération du cumul de loyer non honoré durant la pandémie de Covid et de la crise sanitaire ayant impacté les ventes de livres. 

«Nous sollicitions l’Etat et le ministère de tutelle»

«J’ai adressé une correspondance à l’honorable ministre de la Culture, Mme Soraya Mouloudji, la sollicitant à propos de l’exonération de ce lourd passif de location de la librairie La Renaissance de l’ordre de 140 millions de centimes à l’OREF, et ce, tout en comptant sur sa bienveillance, sa compréhension et son approbation.

 Pendant deux ans, sans activité. On ne pouvait pas payer le loyer car on ne vendait pas de livre. C’était fermé, la crise sanitaire, les gens n’allaient pas à Riadh El Feth. Actuellement, le livre ne marche pas. Les gens n’achètent pas de livres surtout à Riadh El Feth. On vit sous pression, avec une mise en demeure de l’huissier de justice. Nous demandons respectueusement à Mme la ministre de la Culture de réponde à l’OREF…»

«Si nous fermons, il n’y aura plus de librairie à Riadh El Feth» 

«Si nous fermons la librairie La Renaissance (et la librairie Jeunesse), il n’y aura plus de librairie à Riadh El Feth. Nous espérons que Mme la ministre nous aidera. Cette requête n’est pas pour moi, ce n’est pas un gain personnel. C’est tout simplement pour reprendre l’activité. Il s’agit de librairie, des livres… Il s’agit de sauver une librairie. Je vis dans la pression. Faut-il «manger» ou penser à régler ce cumul de loyer. Je suis tombé dans la précarité. C’est un appel à l’aide, au secours…Des fois, nous n’ouvrons pas la caisse de toute la journée… Nous sollicitions L’État, le ministère de tutelle pour cette exonération. Nous n’avons pas d’autres ressources. Je travaille avec mes trois enfants, Hichem, Samir et Tarik - mariés et avec enfants - dans la gestion des librairies (La Renaissance et celle Jeunesse). 

Des fois, je regrette. Si nous nous n’avions pas investi dans le livre, nous ne serions jamais tombés dans la précarité… J’avais une dame et deux jeunes filles qui travaillaient avec moi, j’ai été obligé malheureusement de les arrêter parce que je ne pouvais plus assurer leurs salaires… Je ne demande pas d’argent ou d’achat mais simplement une exonération… 

Maintenant, j’ai 70 ans où vais-je aller ? Mon père était déjà dans la papeterie et l’édition. Nous n’avons pas voulu changer d’activité à but lucratif. Changer la librairie en fast-food, pizzeria, restaurant, salon de thé ou supérette. Mais non, libraire, est un métier noble. Sinon, je me serai enrichi…». 

Leïla Aslaoui, Boualem Sansal, Mahfoud Keddache, Hakim Laâlam…

Pour les habitués de la librairie La Renaissance, les férus de lecture, les auteurs seront inévitablement tristes de savoir qu’encore une fois un lieu de savoir, de culture, pourrait fermer et pénaliser les grands et petits lecteurs, les Algériens. 

Les auteurs ayant signé leurs livres à la librairie La Renaissance se nomment Ahmed Serri, Leïla Aslaoui, Boualem Sansal, Mehdi (Chaîne III), Kaddour Mehamsadji, Mahfoud Keddache, Malika Hachid, Belkacem Rouache, Hakim Laâlam, Narimane Chentouf, Rahal Mansour, Laïfa Aït Daoud… Il faut souligner aussi que Mustapha Benmedjdoub est aussi auteur. Son nouveau roman s’intitule Le Berger et la princesse, paru à compte d’auteur. A méditer. 


- C’est un homme inquiet, désespéré lançant un cri de détresse, un SOS. Mustapha Benmejdoub, 70 ans, exerçant le métier de libraire depuis… 34 ans )

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