Doit-on juger Algérie Télécom pour sa mauvaise connexion internet qui arrive même à perturber les procès des ex-oligarques jugés via internet ?
La question peut se poser dans la mesure où dans le récent procès de l’affaire Ali Haddad et des ex-ministres Amar Ghoul et Abdelkader Kadi, la séance a été suspendue après des heures de cafouillage à cause d’une mauvaise connexion internet. Ces pannes peuvent bien sûr arriver et elles arrivent d’ailleurs souvent, l’abonné ADSL de base en sait quelque chose, vitesse de la lumière sans lumière, fibre optique sans rien voir et des mégas théoriques pour une réalité bien maigre. Le collectif de la défense le savait et avait tenté de faire organiser un procès à l’ancienne, connaissant la qualité de la connexion nationale.
Requête refusée et remplacée par un dialogue de sourds à l’audience, le président qui demande à Haddad s’il l’entend et Haddad qui n’avait jamais écouté à l’époque la voix de la raison, qui répète au juge qu’il n’entend rien. Pour la justice qui ressemble plus à de la vengeance qu’à de véritables condamnations de procédures dont une bonne partie était légale et ont encore cours aujourd’hui, marchés de gré à gré, sous-traitance, prise d’intérêts et octroi d’indus avantages, comment passer à la modernité quand les structures, mentalités et façons de faire sont encore aussi vieilles ?
L’épidémie étant sur sa fin, il aurait été plus intelligent de faire venir les accusés au procès, pour gagner du temps et de la clarté, mais il en a été décidé autrement, ce qui a généré des sarcasmes pendant le procès, si Algérie Télécom décidait de couper le téléphone, les jugements seraient-ils les mêmes ?
Au fond, en attendant une justice indépendante et une bonne qualité de connexion, seuls les juges peuvent juger l’état actuel de la justice en s’autojugeant eux-mêmes, un constat qui est d’ailleurs lui-même passible de justice. Autant dire qu’on n’est pas sortis d’affaire. On n’y est peut-être même pas encore entrés.