La plateforme électronique dédiée à la vente de billets du transport maritime sera lancée, au plus tard, le 1er juin 2023. L’annonce a été faite suite à une réunion présidée par Abdellah Moundji, ministre des Transports, en présence de cadres du ministère et du directeur général par intérim de l’Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENMTV) et des cadres de l’entreprise, consacrée à l’évaluation des programmes d’action de différents établissements relevant du secteur. Concernant la plateforme électronique dédiée à la vente des billets, le ministère a souligné la prise en charge des aspects financiers liés à sa mise en service et la création d’un groupe de travail et de suivi qui élabore des rapports mensuels sur l’opération jusqu’à son entrée en service, ainsi que la mise à l’essai de ce système à partir de janvier 2023.
Acheter les billets sur internet a plusieurs avantages. Ainsi, plus besoin de prendre le temps de se déplacer à une agence. Une fois le billet réservé, il est reçu immédiatement sous forme numérique. Par rapport au billet physique, il présente l’avantage de ne pas s’égarer facilement. En effet, une fois l’e-billet envoyé, il se trouve dans le mail et est accessible à tout moment. Si jamais il est imprimé et perdu, il suffira d’en imprimer un autre. Il évite également le rush et la tension au niveau des agences surtout en période de pic estival, le temps des grands départs en vacances. Cette option a été retenue suite à la gestion qualifiée de catastrophique des réservations durant la saison estivale 2022. La très forte demande a fait dérailler le système de réservation en place et provoqué la cohue dans les différentes agences d’Algérie Ferries en France, et les standards téléphoniques ont été saturés. La compagnie assure que les bugs informatiques étaient dus à des records d’affluence.
Citons aussi les scènes de files d’attente interminables et de tensions qui se sont multipliées devant les agences de la compagnie maritime à Paris, Lyon, Lille et Marseille. L’afflux de clients cherchant désespérément à réserver une place sur un bateau pour l’Algérie avait failli tourner à l’émeute à Marseille, entraînant l’intervention des forces de l’ordre. Un coup dur pour l’image du pays.
La réunion a aussi abordé les grandes lignes du bilan de la saison estivale et les préparatifs pour la prochaine saison. Elle devra porter sur l’acquisition ou l’affrètement de nouveaux navires pour conforter sa flotte et l’ouverture de nouvelles lignes en couvrant tous les ports nationaux, les exhortant à tracer un plan de transport urbain par mer et entre les villes, lequel devant entrer en service en juin 2023.
La répartition de la clientèle de l’ENTMV est segmentée de la manière suivante : 60% des passagers émigrés voyageant principalement durant la saison estivale (vacances au pays), 10% de touristes en provenance de l’Europe vers l’Algérie et 30% de passagers algériens allant vers l’Europe. Avec ses quatre navires (El Djazair II, Tariq Ibn Ziyad, Tassili II et Badji Mokhtar 3), Algérie Ferries assure une moyenne de 900 traversées par an. L’ENMTV a lancé le 22 juillet 2022 sa nouvelle desserte Alger-Naples (Italie). Dans les années précédant la Covid-19, la compagnie opérait des liaisons estivales entre le port de Skikda, sur la côte est du pays, et ceux de Gênes ou de Civitavecchia.
La ligne maritime avec la France est partagée avec Corsica Linéa, qui a succédé à l’historique compagnie SNCM, le pavillon national semble pourtant avoir les capacités nécessaires pour faire face à l’évolution du marché.
Mais l’ENTMV souffre actuellement d’une détérioration de son image de marque, notamment sur les conditions de transport et des prestations à bord, qui ont été dénoncées à travers les réseaux sociaux, souvent photos et vidéos à l’appui. «Le Bordj Badji Mokhtar 3 est un bateau digne d’un hôtel 5 étoiles. Malheureusement, un service et une gestion médiocres n’arrivent pas à honorer la qualité de cet investissement», écrit un passager sur Facebook. Il ajoute : «Il se trouve qu’il y a dans des endroits très sales par manque d’entretien. Les chambres ne sont pas nettoyées après utilisation. Il n’y a pas de changement de draps et de couvertures, en plus de l’absence d’équipements dans les cabines.»
Certes, il y a de l’incivisme, mais cela n’enlève en rien l’entière responsabilité du transporteur.
Le limogeage de l’ex-PDG Issad Kamel en juin dernier n’a pas vraiment arrangé les choses puisque l’ENTMV donne toujours l’impression de continuer à naviguer à vue.