Vente-dédicace de Hocine Meghlaoui à la Librairie du Tiers-Monde, à Alger : Appel d’air frais, de sang «d’encre» sympathique

31/05/2022 mis à jour: 11:03
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Photo : D. R.

La diplomatie mène à tout – et à rien –, mais il faut savoir s’en sortir avec grande classe. C’est le bel et évident exemple donné par Hocine Meghlaoui, ancien diplomate, qui embrasse – fort – une nouvelle carrière littéraire.

Samedi après-midi, ce diplomate et diplômé, Hocine Meghlaoui, a animé une vente-dédicace à la librairie du Tiers-Monde, à Alger où il a signé son roman intitulé L’Appel du Sang paru chez Casbah Editions. Et nous avons rencontré un vieux «routard», un «globe-trotter», un «jedi», un «Obi-Wan Kenobi» de la diplomatie algérienne qui dément la gérontologie. Parce que toujours vert. Ayant un style et une fraîcheur littéraire inventive juvénile.

«Je suis diplomate de carrière. J’ai effectué mon service national à l’Académie de Cherchell et à Saïda. J’ai exercé en tant que diplomate en Inde, Etats-Unis, Madagascar, aux Iles Comores, Seychelles… En Ethiopie, au sein de l’OUA (Organisation de l’unité africaine), à Djibouti, à Kinshasa (à l’époque de l’ex-Zaïre) de 1987 à 1990, à Genève auprès de l’ONU (Organisation des Nations unies)…

Au Brésil, Pérou, Bolivie, de 1996 à 2000. J’ai été Directeur général des Amériques au ministère des Affaires Etrangères, Secrétaire général du Cabinet du Chef du Gouvernement. Depuis, je suis enseignant et retraité… Et depuis, je me suis consacré à l’écriture et à la lecture…», se présentera à nous Hocine Meghaloui à nous. Relancé sur cette seconde carrière littéraire, Hocine Meghlaoui, nous confiera : «Le Covid, la crise sanitaire prévalant, tout était fermé, au chômage, je n’avais plus rien à faire, pas de cours à dispenser. Il fallait s’occuper. Alors, j’ai lu un livre d’Ernest Hemingway intitulé Men Without Women. Car je lis en anglais. Et c’est ma femme qui m’a encouragé à écrire un livre… ».

Et devinez, ce qui s’est passé. Hocine Meghlaoui écrira un roman en…cinq mois. « Fast and Furious ». A un rythme vertigineux et prolifique. Une dizaine de pages par jour. C’est que ce diplomate à la plume facile véloce.

«Je ne suis pas écrivain. Je suis un conteur»

Hocine Meghlaoui rejette sa dénomination, sa qualification littéraire, celle d’écrivain. «Je ne suis pas écrivain. Je suis un conteur. Je me fixe dans l’écriture du roman, un point de départ et un point de chute, la fin.». Le pitch de l’Appel du sang de Hocine Meghlaoui ? L’Appel du sang revient sur certains grands événements qui ont marqué le XXe  siècle, comme la guerre de libération nationale en Algérie, l’entrée des troupes soviétiques en Afghanistan, la guerre civile au Liban.

Sur ce fond de réalité historique, se déploie l’histoire fantastique de jumeaux séparés dès le berceau. L’un, Hassan, est le dernier dépositaire de l’histoire de sa famille, décimée pendant la guerre de Libération. L’autre, Hocine, endosse l’uniforme de l’armée française dans l’ignorance totale de ses origines. En assurant leurs retrouvailles dans un Beyrouth en ruines, le hasard convoquera la question de l’apaisement des mémoires.

Des djihadistes algériens

Hocine Meghlaoui, commentant la structure de son roman L’Appel du sang, indiquera «le début fut en 1956, une dechra (un hameau) rasée, rayé de la carte de la région de Mila, par l’armée coloniale française. C’est arrivé. C’était une hécatombe. L’histoire de deux frères jumeaux. Hassan, polytechnicien, qui deviendra plus tard officier des services secrets algériens et Hocine, pris pour mort dans l’incendie du douar, alors qu’il sera sauvé et emmené en France, par un capitaine de l’armée française et confié à une mère qui sera sa maman adoptive.

Tout cela est de la fiction. La réalité ? C’est la montée des djihadistes algériens allant servir dans les rangs des moudjahidine afghans contre l’invasion militaire des Russes, en 1979. Alors Hassan suivra cela. L’arrivée de combattants algériens en Afghanistan et supervisera ça, au Liban où il sera muté. »

Allô Beyrouth

«Il sera happé par un tourbillon mortifère. Il arrivera en plein guerre civile. Il assistera à l’arrivée des troupes israéliennes au Liban, il sera témoin de la prise de Beyrouth par les forces armées d’Israël. Les deux frères se retrouveront au Liban par le pur des hasards. Hassan et Hocine alias «Henry».

Alors que fait Hassan ? Il kidnappera son… frère. Un agent français. Pas par hostilité. Mais pour le sauver en fait. Et puis, intervient un sniper… Il confirme que Hocine est un Algérien… Les deux frères se retrouveront en Algérie. Des retrouvailles avec leurs deux sœurs, dans la plaine Jijel.

La mère française adoptive de Hocine, Catherine qui deviendra Hanane, insistera à rencontrer quelqu’un d’inattendu. Un moudjahid, celui qui a, en fait, tué son premier époux lors de la Guerre de libération nationale, anticoloniale. Une discussion s’enclenche. Et celui qui a commis la faute qui demande pardon… ».

En lice pour le Grand Prix Assiar Djebar

Hocine Meghlaoui souligne que la repentance est un terme religieux. L’Appel du sang de Hocine Meghlaoui est un roman de haute facture à lire absolument. Et aux dernières nouvelles – qui sont bonnes –, le roman L’Appel du sang a été retenu dans la longue liste du Grand Prix Assia Djebar dont c’est la 6e édition (12 œuvres en langue française) aux côtés de Ayer Mimoun (Kella), Ahmed Brahimi (Tu meurs, tu vivras plus heureux) et Corinne Chevalier (Prodigieuse fortune), auteurs de Casbah Editions. La short liste sera dévoilée mi-juin et le lauréat sera primé le 30 juin 2022, lors d’un cérémonie officielle. Que le meilleur gagne !

Bio-express

Diplomate de carrière, 1970-2008, Hocine Meghlaoui a servi en Asie (Inde), en Afrique (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles, Ethiopie, Djibouti, Zaïre/ Congo Kinshasa), en Europe(Suisse), en Amérique du Nord (Etats-Unis), en Amérique Latine (Brésil, Pérou et Bolivie).

Ambassadeur dans plusieurs pays et représentant permanent auprès d’organisations internationales (dont l’OUA à Addis Abeba) et l’office des Nations unies à Genève, il a participé à de nombreuses conférences internationales comme membre ou chef de délégation.

Il a négocié des instruments internationaux dont le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires,  à la conférence du Désarmement (Genève). Hocine Meghlaoui a été secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et directeur de cabinet du Chef du gouvernement. Retraité depuis 2010, il se consacre à l’enseignement et à l’écriture.

 

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