«Le niveau d’eau des puits a enregistré une baisse effarante. Même les ouvrages qui ont été approfondis, durant l’été dernier, ont connu un déclin considérable dès la 2e moitié du mois de juillet», indique-t-on.
C’est un phénomène aussi inédit qu’inquiétant, de par sa précocité et son ampleur. Il s’agit du rabattement de la nappe phréatique dans la vallée de la Soummam. Une nappe qui n’est plus suffisamment rechargée par les apports pluviaux et la fonte des neiges et, qui plus est, soumise à une exploitation outrancière et anarchique. «Le niveau d’eau des puits a enregistré une baisse effarante.
Même les ouvrages qui ont été approfondis, durant l’été dernier, ont connu un déclin considérable dès la 2e moitié du mois de juillet, alors que par le passé le manque d’eau ne commençait à se faire sentir qu’à partir de la fin du mois d’août», témoigne un maraîcher de la région de Tazmalt. «Près de 80% des puits privés sont à sec. Les rares puits encore opérationnels suffisent à peine à couvrir les besoins domestiques.
Bien des ménages sont réduits à se sustenter à l’eau de source, en s’approvisionnant chez les vendeurs ambulants», soutient un habitant du village Khenfor, dans la commune d’Ouzellaguen. «Les périmètres irrigués se rétrécissent à vue d’œil. La rareté de l’eau a obligé les exploitants à se contenter d’entretenir leurs vergers», rapporte un fellah du village Akhenak, dans la commune de Seddouk. Un autre citoyen de ce même village faisant pousser de légumes à un jet de pierre de la Soummam indique que «pour garder le contact avec la nappe et avoir un débit exploitable, il est impératif de creuser chaque année davantage.
C’est un investissement coûteux, qui n’est pas à la portée de tout le monde». A Akbou, les propriétaires de puits, versés dans le maraîchage et l’arboriculture fruitière, sont confrontés au même dilemme : investir à prix d’or dans de récurrents travaux d’excavation de leurs ouvrages hydrauliques ou jeter l’éponge.
D’aucuns, apprend-on, ont dû se résoudre à cette dernière option. «J’ai lutté avec l’énergie du désespoir, pour garder mon puits à flot. Aujourd’hui, je me rends à l’évidence que le combat est perdu d’avance, car je ne peux plus espérer un retour sur investissement, dont la réalisation passe par un endettement», dira, la mort dans l’âme, un fellah de la localité de Taharacht, à l’est de la ville. Les mêmes causes produisant les mêmes effets.
La persistance d’un long épisode de sécheresse, aggravé par des vagues récurrentes de canicule, ont eu raison de la plupart des sources qui jaillissent du versant sud du Djurdjura. Les villages alimentés par gravitation, à partir de captages de sources, sont soumis à un régime de rationnement drastique. «La quantité d’eau qui nous arrive des sources a baissé de plus de moitié au cours de ces dernière années. Les villages approvisionnés par le barrage Tichi Haf sont obligés de courir à gauche et à droite pour remplir leurs ustensiles. Cette pénurie va durer jusqu’à la saison des pluies», affirme un citoyen de Chellata. A Ouzellaguen et Ighram, les fontaines publiques, dont le débit est réduit à un mince filet d’eau, donnent des signes patents d’épuisement.
De nombreuses sources sont déjà taries, alors que d’autres sont tout bonnement polluées par les eaux usées domestiques. «L’eau du réseau public n’est desservie qu’à raison d’une fois tous les dix à quinze jours. La fontaine du village est la seule planche de salut pour étancher la soif. Néanmoins, son débit baisse d’année en année, et si cette tendance devait persister, son tarissement sera inéluctable», s’inquiète un villageois de Taslent, en amont du chef-lieu communal d’Ighram.