Utilisation des tablettes électroniques : Les critères d’éligibilité des écoles notifiés aux directeurs de l’éducation

25/01/2022 mis à jour: 23:30
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La généralisation des tablettes électroniques n’est pas pour demain / Photo : D. R.

Pour alléger le poids du cartable, notamment dans le cycle primaire, le ministre de l’Education nationale, Abdelhakim Belabed, a annoncé la généralisation des tablettes dès la rentrée scolaire 2022-2023. Une correspondance signée par le chef de cabinet du ministère de l’Education désigne trois écoles primaires pilotes ayant certains critères d’éligibilité à l’adoption de l’enseignement avec ces appareils électroniques.

Trainant depuis plus de 18 ans, le problème du poids du cartable semble être une priorité du ministère de l’Education nationale. Pour son premier responsable, Abdelhakim Belabed, la solution serait dans la numérisation.

L’utilisation de la tablette devrait être effective dans tous les établissements primaires dès la prochaine rentrée 2022-2023. «Dans le projet de généralisation de l’utilisation des tablettes électroniques dans les écoles primaires, visant à alléger le poids du cartable, deux opérations sont prévues avant la rentrée scolaire prochaine.

La première prévoit de fournir un grand nombre de tablettes électroniques aux élèves de troisième, quatrième et cinquième années primaires. La deuxième consiste à doter 50 groupes pédagogiques de tablettes électroniques et leurs accessoires à raison de 30 tablettes par classe, et ce, dans le cadre d’une convention signée entre l’Office national des publications scolaires (ONPS) et l’entreprise Sonatrach le 9 septembre 2021», a précisé le ministre lors d’une séance plénière tenue jeudi dernier à l’Assemblée populaire nationale (APN). Mais qu’en est-il réellement ?

La généralisation des tablettes électroniques n’est pas pour demain. Dans une correspondance signée par le chef de cabinet du ministère de l’Education, il est demandé aux directeurs de l’éducation (DE) de désigner 3 écoles primaires pilotes ayant certains critères d’éligibilité à l’adoption de l’enseignement avec ces appareils électroniques.

«Dans le cadre du projet d’équipement d’un nombre d’écoles en tablettes électroniques, les directeurs de l’éducation sont appelés à proposer 3 établissements primaires, de chaque commune, classés par priorité et répondant aux conditions sus-mentionnées dans ce document», souligne le chef de cabinet qui cite, dans la liste de critères, l’obligation que l’école choisie ne suive pas le système d’enseignement par double vacation, qu’elle ait un seul groupe pédagogique (classe) en 3e, 4e et 5e années primaires.

Autre condition : le nombre total des élèves dans ces trois paliers ne doit pas dépasser les 90 élèves. Les écoles choisies devront également avoir tous les moyens nécessaires pour la préservation de ces supports et les conditions de sécurité énergétique pour la préservation de leurs accessoires, à savoir les chargeurs. Les directeurs devront répondre à cette instruction avant jeudi prochain.

«Où est l’égalité des chances ?»

Du fait que le palier du primaire soit le plus confronté au problème de la surcharge, ces critères de sélection ne pourront jamais être satisfaits, notamment le fait d’avoir une seule classe dans les 3 dernières années du primaire. Il en est de même pour le système de double vacation usité aujourd’hui dans tous les établissements de la République suite au plan exceptionnel d’enseignement instauré à cause de la pandémie de Covid-19.

«Sachant que les écoles primaires sont le parent pauvre du secteur en matière de budget et de moyens humains et matériels, est-il possible d’avoir les capacités énergétiques demandées, telles qu’un groupe électrogène ? Une école qui n’a pas d’agent d’entretien, n’a pas d’eau et dont les sanitaires ne sont pas entretenus, c’est trop leur demander d’avoir les moyens de préserver les tablettes.

De plus, pourquoi faire de la discrimination et priver les petits enfants en 1re et 2e années primaires de ces supports ? Pourtant, ils sont les plus à risque aux problèmes de déformation de la colonne vertébrale», déclare Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), qui considère qu’établir des critères de choix sur les établissements est en contradiction avec les lois de la République, notamment la loi de l’orientation 08-04, qui plaident pour l’équité des chances entre les élèves.

Il appelle les autorités à prendre des décisions selon les priorités qu’impose la situation sanitaire, à savoir doter les établissements en moyens humains et matériels pour l’application du protocole sanitaire, le recrutement d’enseignants pour combler le déficit en personnel pédagogique et le paiement des arriérés de salaires, des rappels et des primes pour les travailleurs du secteur, notamment les enseignants. 

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