Usage de la drogue en milieu scolaire : Un fléau national grandissant

22/12/2024 mis à jour: 17:53
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Selon l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie, 3,33% des jeunes de moins de 15 ans et 33,17% des adultes âgés de 16 à 25 ans étaient en traitement pour addiction en 2022. Ces statistiques incluent environ 700 mineurs de moins de 18 ans condamnés pour possession et consommation de drogues, une tranche d’âge principalement composée d’élèves.

L’usage de drogues dans les établissements scolaires en Algérie, y compris au niveau primaire, est devenu une problématique alarmante. Lors d’un colloque organisé en décembre 2023 au Crasc d’Oran, des chiffres inquiétants ont été dévoilés : près de 54 000 élèves auraient consommé des substances psychotropes au cours du premier semestre 2023, mais seuls 518 d’entre eux ont bénéficié d’une prise en charge adaptée. Selon l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie, 3,33% des jeunes de moins de 15 ans et 33,17% des adultes âgés de 16 à 25 ans étaient en traitement pour addiction en 2022.

Ces statistiques incluent environ 700 mineurs de moins de 18 ans condamnés pour possession et consommation de drogues, une tranche d’âge principalement composée d’élèves. Ce phénomène, qui touche un nombre croissant de jeunes, «plaide pour une prise de conscience urgente des autorités, des éducateurs et des parents», estiment des représentants des associations des parents d’élèves. Les enfants du primaire sont désormais aussi concernés par l’usage de drogues. Autrefois marginal, ce risque est devenu un fléau dans l’ensemble des établissements scolaires algériens. Selon le Dr Abderrahmane Foudil, directeur du CNEIDFFE,  «l’usage de drogues ne se limite plus à un petit nombre d’élèves, mais cible désormais toute une population jeune, souvent influencée par ses pairs.

Les drogues comme le haschisch et les produits chimiques de synthèse sont souvent consommées sans connaissance des dangers qu’elles comportent. La curiosité et la pression sociale jouent un rôle majeur dans l’initiation des jeunes à ces substances». En plus de leurs effets néfastes sur la santé, ces drogues altèrent gravement les comportements des élèves. Les élèves consommateurs de drogues sont souvent confrontés à des troubles comportementaux. L’isolement social, l’agressivité et les difficultés émotionnelles sont courants. Cela entraîne une augmentation de la violence scolaire, affectant non seulement les élèves, mais aussi le personnel éducatif. L’impact des drogues sur les résultats scolaires est dramatique. Les jeunes consommateurs rencontrent des difficultés d’apprentissage, un échec systématique et dans de nombreux cas une déscolarisation précoce.

54 000 élèves ont touché à la drogue en 2023

Loin de pouvoir se concentrer sur leurs études, ils sont souvent pris dans un cercle vicieux d’addiction et d’échec scolaire. Les statistiques sont sans appel : quelque 54 000 élèves ont consommé des drogues en 2023, et une grande majorité d’entre eux n’a pas reçu de soutien adapté. Ce chiffre montre l’ampleur du problème, mais aussi l’inefficacité des dispositifs de prise en charge. En dépit du nombre élevé d’élèves touchés, seuls 518 d’entre eux ont bénéficié d’une aide appropriée.

Ce faible taux de prise en charge met en évidence une grave lacune dans les efforts de prévention et d’accompagnement des jeunes toxicomanes. «L’un des principaux facteurs d’initiation à la consommation de drogues est la pression des pairs. Les jeunes, dans leur désir de s’intégrer et de ne pas être exclus, sont souvent influencés par leurs camarades, ce qui les pousse à expérimenter ces substances. Les familles, dans de nombreux cas, ne jouent pas leur rôle de prévention. L’absence de communication et de sensibilisation au sein du cercle familial laisse les jeunes exposés à ces dangers sans filet de sécurité», analyse le Dr Abda, pédopsychologue, qui regrette, par ailleurs, que «de nombreux jeunes hésitent à demander de l’aide en raison de la stigmatisation liée à la consommation de drogues».

Ce tabou empêche une prise en charge rapide et efficace, et les jeunes finissent par se retrouver dans des situations de plus en plus complexes, tant sur le plan psychologique que physique. «Il est essentiel de développer des centres spécialisés pour le traitement des jeunes toxicomanes. Ceux-ci doivent être adaptés à la réalité de cette catégorie fragile de la population, en dehors du cadre traditionnel des soins psychiatriques, afin de réduire la stigmatisation et faciliter l’accès aux soins.

Les autorités éducatives doivent mettre en place des programmes de sensibilisation dans les écoles, dès le primaire. Il est crucial d’apporter des informations concrètes sur les dangers des drogues, tout en impliquant les parents et la communauté dans la prévention», insistent, à l’unanimité, les pédopsychiatres. Les spécialistes soulignent aussi la nécessité de renforcer les dispositifs de prise en charge.

Des campagnes de sensibilisation à grande échelle doivent être mises en œuvre, et une coordination plus forte entre les acteurs éducatifs, sanitaires et sociaux est primordiale pour lutter efficacement contre l’usage de drogues en milieu scolaire. «La lutte contre l’usage de drogues en milieu scolaire ne doit pas reposer uniquement sur les épaules des écoles ou des autorités sanitaires. C’est un défi collectif qui nécessite la mobilisation de tous les acteurs sociaux : parents, enseignants, associations et pouvoirs publics.

La création d’une véritable culture de prévention est essentielle pour protéger les jeunes générations des dangers des drogues. Cela passe par une éducation préventive dès le plus jeune âge et par des initiatives de soutien aux jeunes en difficulté», proposent les médecins de la santé scolaire. L’usage de drogues en milieu scolaire est un problème majeur en Algérie, mais il n’est pas insurmontable. Une mobilisation urgente et collective pourrait offrir aux jeunes un avenir sain et prometteur, loin des ravages de l’addiction.

 

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