En tant que pays semi-aride situé presque entièrement à l’intérieur du plus grand désert du monde, c’est peu de dire que le réchauffement climatique pose à l’Algérie de nouveaux défis. Elaborer rapidement de nouvelles stratégies dans des domaines aussi vitaux que l’eau, l’énergie, l’agriculture, la santé, l’environnement et la sécurité alimentaire du pays est tout simplement une question de survie.
A la fin du printemps passé, la crise ukrainienne nous avait déjà poussés à refaire nos stocks de blé pour les quelques mois à venir, mais le stress hydrique et la sécheresse sont en train de toucher même l’Europe et les greniers à blé du monde, comme les Etats-Unis et le Canada. Certes, les prix du blé vont encore flamber sur le marché mondial, mais que faire l’année prochaine si ces pays qui nous nourrissent décident de garder pour eux le blé de nos millions de baguettes quotidiennes et les céréales qui engraissent nos poules pondeuses, nos poulets de chair, nos veaux et nos moutons qui ne trouvent déjà plus grand-chose à brouter dans la steppe ?
Il est donc urgent de redéfinir nos priorités. Nos scientifiques doivent être en mesure de proposer des espèces animales et végétales, des variétés de semences locales, plus adaptées aux changements climatiques. En agriculture comme en élevage, repenser nos produits et nos modes de production. Petit exemple pour illustrer ces propos trop généralistes : à l’heure où les ressources hydriques se raréfient de plus en plus, peut-on encore se permettre le luxe de cultiver des fruits aussi gourmands en eau que la pastèque et qui, de surcroît, ne pèse rien dans la stratégie alimentaire du pays ?
Cette année tout comme l’année dernière, l’Algérie a été confrontée à la douloureuse expérience des méga feux. Ces monstres qui fauchent des dizaines de vies et dévorent des milliers d’hectares en quelques instants. Là encore, il est urgent de plancher sur les voies et moyens aussi bien de combattre que de prévenir ces nouveaux phénomènes induits par une sécheresse et des températures extrêmes. Avoir des bombardiers d’eau, c’est très bien, mais une gestion rigoureuse et scientifique des forêts peut également nous éviter bien des malheurs à l’avenir.
Nous sommes à la fin de l’été et les barrages sont presque à sec. Sauf hiver exceptionnel en matière de pluviométrie, la crise de l’eau est devant nous pour très longtemps encore. Aussi longtemps que nos politiques n’auront pas mis en place une gestion intelligente et rationnelle des ressources existantes en mettant fin au gaspillage et à la déperdition.
A l’heure qu’il est, toutes les agglomérations algériennes sont touchées par le manque d’eau. Pourtant, aucune restriction n’a encore été décidée en haut lieu pour interdire le lavage des voitures, l’arrosage des jardins et le remplissage des piscines. Dans cette guerre contre les nouveaux défis climatiques, il y a de grandes et de petites décisions à prendre.
L’Algérie est en première ligne face au réchauffement climatique et il y a une implacable loi de la nature qu’elle ne doit nullement perdre de vue. Depuis que le monde est monde, à chaque changement majeur, seuls survivent ceux qui s’y adaptent le mieux.